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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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étaient désertes. Ne restaient que les équipes d’artilleurs Topchu. Quand viendrait la nuit, la liberté serait suspendue à une promenade, très risquée tout de même ; et le soleil venait à peine d’éclairer la crête de San Salvatore. Comme il allait passer ses gantelets, il vit le bracelet d’or à son poignet. Les gueules des lions rugissaient toujours. Sur une impulsion superstitieuse, il l’ôta et lut l’inscription gravée en arabe sur sa surface intérieure.
    Je suis venu à Malte ni pour les richesses ni pour l’honneur, mais pour sauver mon âme.
    Cette perspective paraissait plus improbable que jamais, et pourtant cette phrase le réconforta. Il remit le bracelet à son poignet, et passa ses gants de métal. Il tira son épée et se dirigea vers l’escalier. Quelques instants plus tard, il rejoignait Bors et les autres hommes du Nord dans le coin d’acier. Bors se moqua de lui, et en retour Tannhauser le couvrit de malédictions. Sous le commandement de Starkey, ils escaladèrent le talus et, au grand désarroi des Zirhli Nefer qui tenaient la brèche en nombre, les langues allemande et anglaise se précipitèrent dans le délire.
     
    PEU APRÈS LE MILIEU DU JOUR, et dans d’urgents murmures, le personnel de l’Infirmerie sacrée fut rassemblé dans la lingerie, et Carla écouta frère Lazaro transmettre l’ordre du grand maître : chaque blessé pouvant faire le voyage devait rejoindre les défenseurs sur les remparts, et ce le plus rapidement possible.
    Puisqu’on n’admettait plus les patients sans qu’ils n’aient perdu un membre ou qu’ils ne soient frappés des plus affreuses mutilations, un moment d’incrédulité accueillit ce décret. L’expression des yeux de Lazaro et sa pâleur grisâtre suggéraient qu’il partageait leur confusion, mais il avait eu plus de temps, et le bénéfice de la présence de La Valette, pour accepter et comprendre que cet ordre n’était pas une plaisanterie. On ne s’attendait pas vraiment à ce que les blessés se jettent dans la bataille, mais ils devaient revêtir des surcots rouges et mettre des casques – c’était de la plus haute importance –, et se répartir sur les fortifications pour donner au Grand Turc l’impression d’une force qu’ils ne possédaient plus depuis longtemps. Des centaines de femmes et de jeunes garçons brandissaient déjà des lances aux côtés des soldats. Combattre jusqu’à la dernière goutte de sang n’était plus rhétorique. Il incombait au personnel de préparer les volontaires et d’aider à les convoyer vers leurs postes.
    Lazaro demanda à Carla de rester à ses côtés pendant qu’il haranguait les blessés dans la grande salle, car sa présence, dit-il, les transporterait plus que ses mots à lui. L’empressement avec lequel les mutilés essayèrent de se lever de leurs lits les émut tous deux jusqu’aux larmes, et quand ils répétèrent la supplique de La Valette à tous ceux qui étaient allongés sur la piazza, débordant même dans les rues avoisinantes, la réponse fut tout aussi vaillante. Lazaro calma leur ferveur pendant qu’on rassemblait le matériel, et une certaine forme d’ordre fut imposée, car le chaos menaçait de submerger la tentative avant même qu’elle ne puisse commencer. Carla et Amparo faisaient partie de l’équipe envoyée pour rassembler des casques et ce fut à ce moment-là, plus que durant les harangues, que les émotions de Carla l’emportèrent.
    Elles contournèrent l’arrière de l’arsenal et elle se retrouva confrontée à une montagne de casques d’acier abandonnés. Des milliers de casques, entassés contre le mur sur trois fois sa hauteur comme un monument profane et insouciant élevé aux massacrés. Beaucoup étaient bosselés et ternis de sang, et de grosses mouches bleues volaient en tourbillons, bourdonnant autour de cette pile comme pour défendre leur sordide trésor oublié. L’hôpital l’avait aguerrie face à un flot d’individus moribonds, mais pas à une perte affichée selon une si gigantesque échelle. Au-delà de la montagne de casques reposaient des piles de lances et d’épées courtes en abondance similaire. Deux moines approchèrent une charrette à deux roues, et ils les aidèrent à la remplir jusqu’à ras bord de ces rebuts cliquetants. Les moines poussèrent la charrette vers la piazza. Comme Amparo, muette et démoralisée, allait les suivre, Carla lui prit la main pour la

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