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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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lâcha une troisième vague, torrentielle, qui roula quasiment sur la deuxième. Le Grand Terre-Plein était désormais paré de ses plus beaux atours martiaux, et de bannières claquantes de rouge, de jaune et de vert. Iayalars, derviches, mamelouks, azebs. Ils étaient remontés, leurs cris avaient gagné en conviction, et ils étaient si nombreux, et ils reformaient leurs rangs si vite, que les boulets de canon qui les fauchaient laissaient à peine un sillage.
    Oliver Starkey rejoignit Tannhauser au bastion d’Allemagne, amenant avec lui la langue anglaise au complet, les deux derniers, les aventuriers catholiques John Smith et Edward Stanley. Ils déchargèrent tous leur mousquet en avançant. Puis Starkey posa son arme contre un créneau et tira son épée. Il affichait une implacabilité inflexible, rendue encore plus déconcertante par son air d’érudit. Tannhauser nota, avec chagrin, qu’Allemands, Suédois et Polonais sortaient haches et épées.
    « Avec moi, au poste de Castille », dit Starkey aux frères.
    Ils étaient plus que prêts. Starkey lança un regard à Tannhauser, comme s’il attendait un commentaire. Tannhauser désigna les débris du poste de Castille où des lassos turcs tournoyaient au-dessus de la mêlée et où guisarmes et armes de poing étincelaient au soleil montant. Issue de la seconde vague, une formation de janissaires en cotte de mailles bravait le feu grégeois et parvenait presque devant la fine ligne mouvante de chevaliers chrétiens. Une autre mêlée bouillonnait au pied de la tour de siège capturée, dont le sommet était occupé par un groupe de Maltais et de tercios déversant une pluie de balles et de jarres incendiaires dans la foule.
    « Si Mustapha a envoyé les Zirhli Nefer si tôt, dit Tannhauser, c’est qu’il parie sur une victoire rapide.
    – Eh bien, nous allons le contredire, répliqua Starkey. Au corps à corps. » Il s’adressa à la vingtaine de chevaliers de la langue allemande. « Nos frères ne tiendront pas le front sans nous. Formez un coin sur leurs arrières et restez en ordre. Avancez sur mon ordre. Et souvenez-vous, quand le Turc rompra, nous ne devons pas le poursuivre. »
    Tannhauser souleva son fusil. Avec des balles, il pouvait abattre un homme toutes les cinq ou six minutes, un quota bien meilleur qu’au corps à corps. « D’ici, je peux en envoyer dormir davantage. »
    Starkey ne discuta pas : « Comme vous voudrez.
    – Par les stigmates du Christ ! » cria Bors qui regardait par-dessus le parapet.
    Un sourd grondement souterrain atteignit les oreilles de Tannhauser et il se retourna.
    Sous ses yeux, deux tranchées larges et profondes se creusaient à travers le Grand Terre-Plein et des palissades de flammes orange alimentées par la sécheresse faisaient soudain éruption à travers les rangs musulmans qui avançaient. La horde confuse fit une embardée et, comme si Satan avait libéré les verrous du toit de l’enfer, des foules d’hommes disparurent entièrement dans les gouffres de flammes ouverts sous leurs pieds.
    Tannhauser comprit immédiatement que les galeries souterraines que Munatones avait incendiées plus tôt dans la matinée venaient de s’effondrer sous le poids de la charge. Nul doute que Starkey l’ait aussi compris, mais cela ne le dissuada pas d’évoquer habilement une faveur divine.
    « Voilà le signe que nous attendions ! cria Starkey. Dieu est toujours avec nous ! »
    Bors rugit : « Pour le Christ et le Baptiste ! »
    Tannhauser le regarda avec horreur. La langue allemande fit écho à ce cri avec zèle. Starkey et ses Anglais en tête, ils s’avancèrent dans un énorme cliquetis le long du chemin de ronde, vers l’escalier. Tannhauser saisit le bras de Bors. Bors dégaina son épée à deux mains en faisant non de la tête.
    « Laisse-moi en paix, dit Bors. La langue anglaise n’ira pas sans moi ! »
    Bors s’engagea derrière ses compagnons. Tannhauser réprima un haut-le-cœur soudain. La sueur coulait par pintes dans son dos, sa poitrine se fit glacée, et il frissonna dans son armure. Il épaula son fusil, visa les hauts bonnets blancs qui se pressaient face à la brèche et tira. Sans s’occuper du résultat, il posa le fusil et tira ses gantelets de son ceinturon. Il eut un coup au cœur. Il redoutait le labeur mortel qui l’attendait. Il regarda vers l’est, au-delà du mont San Salvatore. Les tentes et les tranchées turques

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