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La Revanche de Blanche

La Revanche de Blanche

Titel: La Revanche de Blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuelle Boysson (de)
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enfin les mains libres.
     
    La paix qu’espérait Athénaïs est de courte durée. Le 27 juillet 1675, Turenne est tué par un boulet à Salzbach. Louis XIV fait enterrer son héros à la basilique de Saint-Denis. Début août, les troupes royales, essuyant échec sur déroute, finissent par capituler. À Versailles, ballets et spectacles sont annulés. Le roi consulte, plus déterminé que jamais à récupérer son héritage espagnol dans les Provinces-Unies. Pour couronner ce désastre, une crise monétaire éclate. La colère gronde dans le monde rural. En Bretagne, six mille hommes dirigés par M. Forbin répriment la révolte des Bonnets rouges. Blanche découvre dans La Gazette les ravages de son pays. Après quelques belles journées à Fontaine-de-Mars, elle s’en retourne à son Marais ; Athénaïs, à Clagny.
     
    Inquiète pour son manoir breton, Blanche écrit à Guénolé, au curé de Locronan. Les nouvelles tardent. La Bretagne est sous tutelle, toute tentative d’indépendance, étouffée. Chez Ninon, la marquise de Sévigné se désespère : « Nous sommes tous ruinés. » Le Balp, le meneur des Bonnets rouges, notaire à Kergloff, a été arrêté. Il avait été à l’origine du mouvement à la Boixière, chez le comte Le Gallo, là où Émilie se rendit, gamine, dans l’espoir d’y être engagée. En ces jours gris, Blanche tente de se réconforter : encore un peu de patience et le roi lui accordera des privilèges, autant de marchepieds vers un rôle de favorite. Les lettres d’Athénaïs la font réfléchir : l’Église ne pardonne rien aux pécheresses.
    Fontainebleau, le 20 septembre 1675
    Afin de calmer les esprits, la duchesse de Richelieu a prié le père Durand, curé de la paroisse, de me confesser. Comme il mourait de peur de raviver un scandale, elle l’a assuré qu’il n’y avait point de mal à ma conduite. Malgré ses suppliques, ce pleutre a refusé de me recevoir. J’en suis outrée. Ton soutien me manque. Madame de Maintenon est revenue. Fielleuse et orgueilleuse, elle m’insupporte de plus en plus. La guerre se prolonge, le roi ne rentrera pas avant l’été. Au printemps, j’en profiterai pour faire une cure à Bourbon afin de soigner mon rhumatisme au genou. J’espère que cette période d’abstinence s’achèvera à mon retour. Je m’y appliquerai, tu peux me faire confiance.
    Tendrement ,
    Athénaïs .
    Pendant l’hiver, Blanche organise des petits soupers, se rend au théâtre, aux concerts et réceptions données place Royale, chez les Clermont-Tonnerre, les Rohan-Guéméné, les Maure… La Fontaine l’introduit dans le salon de Mme de La Sablière. Savants et philosophes y dissertent, l’air grave et imprégné. En février 1676, Racine, venu à un cinq-à-neuf, lui confie que sa nouvelle pièce sera prête dans quelques mois. Blanche brûle de remonter sur les planches, comme elle brûle de jouer sa partition de flûte avec le roi. Athénaïs lui écrit à chacune des étapes de son périple vers Bourbon. Escortée par quarante-cinq cavaliers, officiers et cochers, elle a visité des abbayes, soutenu des œuvres. Se délecte des bains bouillonnants en plein air, des buvettes d’eau de Châteldon en musique, des bals en blanc et des concerts grinçants.
     
    Au printemps, dans le salon de Ninon, les commentaires vont leur train. Vauban a mené une guerre sans merci. Près de Valenciennes, face à trente-cinq mille combattants, le roi était prêt à attaquer, mais le maréchal de Feuillade s’est jeté à ses pieds et l’a supplié de ne pas mettre sa vie en danger. À regret, Louis s’est rendu à son avis et a ordonné la destruction de la citadelle de Liège et du château d’Huy. Peu fier de cette déroute, il ne tarderait pas à revenir à Paris. Parmi les officiers, Antoine se serait montré des plus vaillants.
    Ninon pavoise, Blanche cache sa joie.
    1 - D’après Madame de Montespan , de Jean-Christian Petitfils, op. cit.

27
    Début juillet, en robe ivoire, les seins en alerte, Blanche chevauche Aurore vers les carrières de Vaugirard faisant fi des badauds qui la sifflent. Antoine va être surpris. Il flanchera. À l’angle de sa rue, elle hésite. Se souvient du mot d’Athénaïs : « Courir après un homme ne suscite que du mépris. » Une future favorite ne se comporterait pas ainsi. Elle tournebride, se dirige vers la rue de la Vieille-Lanterne. L’écrivain s’est épaissi, mais il a gardé son

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