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La Revanche de Blanche

La Revanche de Blanche

Titel: La Revanche de Blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuelle Boysson (de)
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Blanche et sa vieille maîtresse :
    — Que se passe-t-il, ma chère ? J’ai entendu des cris…
    — Madame de Maintenon est indisposée, persifle Athénaïs. Figurez-vous que j’ai fait la connaissance de mademoiselle de Fontanges. Une fort belle statue. J’ai été étonnée lorsqu’on m’a dit qu’elle était vivante.
    Louis sourit, félicite poliment Blanche pour sa bonne mine. Nostalgique de l’époque où les yeux du roi s’illuminaient lorsqu’ils se posaient sur elle, elle s’assombrit. Louis la fait vivre, il est le père de Marquise : elle n’est plus rien pour lui. Sait-il qu’il est en danger ? Faut-il lui parler ? Tentée de tout abandonner, de se consacrer au théâtre, elle se promet d’être vigilante, de tenir sa promesse à Guillaume, gardant l’espoir, le mince espoir, qu’avec de la patience et beaucoup d’amitié, le roi finira par légitimer sa fille.
     
    En ces belles journées de la Saint-Martin, le roi charge en secret son confident, le duc de La Rochefoucauld, d’offrir de sa part à Angélique une paire de pendants d’oreilles et un sautoir. Poussée par ses parents à devenir la maîtresse du roi, la Fontanges se laisse séduire. Elle est si gracieuse que les dames s’écartent sur son passage. Le Château-Vieux revit. Concerts, petits soupers, chasses, bals, le roi ne quitte plus la jeune provinciale. Athénaïs se réjouit que son amant se détourne enfin de Mme de Maintenon pour cette « ravissante idiote ».
    À la Toussaint, après la messe célébrée dans la chapelle du château, Athénaïs et Blanche s’isolent dans une cuisine :
    — Quelle humiliation ! J’étais placée avec mes enfants sur la tribune de gauche, du côté de l’Évangile. Mademoiselle de Fontanges était à droite du roi, sur des gradins, près de l’Épître. Il m’a fallu prier, jouer la comédie ; j’avais envie de crier : je ne suis pas une sultane !
    — As-tu des soupçons ?
    — Des ragots circulent, je n’en crois rien. Quelques détails commencent à me chauffer : Louis a installé la Fontanges au Château-Neuf, non loin de chez lui. Elle porte un nouveau bracelet… Je vais envoyer un laquais. Bon sang ! Mes convulsions me reprennent. Je ne vais pas tarder à accoucher. Donne-moi à boire, je t’en prie.
    Blanche lui apporte un verre de lait.
    — Non, du vin, je veux me saouler.
     
    À la chasse, dans les couloirs du château ou à table, Blanche veille au grain. Au cours d’un petit souper, elle tend l’oreille. Monsieur pavoise avec Guiche ; Madame se raille avec Condé ; La Rochefoucauld susurre des conseils au roi ; la marquise de Sévigné jacasse avec Mme de La Fayette ; Angélique roucoule ; Athénaïs médit ; Olympe de Soissons ragote avec un vieux duc. Que manigance-t-elle ? Malgré son retour à la Cour, la Mancini est toujours aussi « merdisante ». Guiche veut-il se venger de son exil ? Monsieur a-t-il l’intention de remplacer son frère sur le trône ? Comment savoir ? Ils sont fourbes, les uns comme les autres, tous !
     
    Quelques jours plus tard, Athénaïs convie Blanche dans sa ruelle, attrape une bouteille de prune :
    — Le roi rejoint Angélique tous les soirs. Comment veux-tu que je lutte contre une fille de dix-neuf ans ? Il me faut des poudres puissantes – de toute urgence ! J’attends ce soir la visite de la Voisin. Mon nouveau valet, Duchesne, est allé la prévenir. Place-toi devant ma porte, fais-la entrer et veille à ce que personne ne rôde dans les parages.
    — Te rends-tu compte des risques que tu prends ? explose Blanche.
    — Je suis si démunie, si malheureuse, se défend Athénaïs en avalant cul sec un verre d’eau-de-vie.
    Blanche la regarde avec méfiance. Faut-il prévenir Guillaume de la présence de la Voisin à Saint-Germain ? Juste parce qu’elle livre des poudres d’amour ? Mon frère serait capable d’arrêter la vieille. Sous la torture, elle livrerait mon nom. Accusée d’avoir participé à des messes noires, je serais jetée au fond d’une geôle, décapitée ou exilée…
    À la tombée de la nuit, postée dans l’antichambre de la Montespan, Blanche martèle les cabochons noirs et blancs du dallage de ses escarpins rouges. Flanquée de Duchesne, la Voisin, ne tarde pas. Elle affiche un air grave, mélange de fierté et de convoitise. Blanche l’introduit chez la marquise, patiente. Une demi-heure plus tard, la Voisin réapparaît pour se fondre dans la nuit

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