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La Revanche de Blanche

La Revanche de Blanche

Titel: La Revanche de Blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuelle Boysson (de)
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ses conseils. Le jeune marquis finit par rompre, La Sablière, à entrer au couvent. « En amour, tous les autres plaisirs ne valent pas les peines », en conclut Ninon.
    Début juin, lors d’un cinq-à-neuf, la marquise de Sévigné se vante : elle revient de Versailles où Athénaïs a mis au monde Louis-Alexandre, son septième bâtard. Le lendemain, Blanche prépare ses malles.
     
    En grande conversation avec son perroquet, la Montespan resplendit :
    — Blanchette ! Quelle joie ! Cette victoire sur les Hispano-Hollandais, c’est ma victoire. Dix ans de ma vie ! Que de sacrifices : mon mari, mes enfants… Et tout ça pour quoi ?
    — Par amour, pardi ! Il me tardait de te revoir.
    — J’ai révélé un homme à lui-même, se flatte la marquise. Je l’ai connu timide, secret : il n’a cessé de m’épater. Il est ma réussite, mon œuvre. Nous avons partagé la même passion pour l’art et les jardins. Versailles, c’est moi. Racine, c’est moi. J’ai trente-huit ans. Tant que je m’étourdirai au jeu, que je régnerai sur le cœur du plus grand roi du monde, je resterai la vraie reine. Louis aime les fastes, le plaisir. Je suis son plaisir. Rien ni personne ne nous séparera. Surtout pas la Maintenon.
    Elle sue à grosses gouttes, s’évente, se poudre, Blanche lui prend la main.
    Moi aussi, j’ai aimé le roi, songe-t-elle à regret.
     
    Fatiguée par ses couches, Athénaïs s’installe pour l’été à Clagny avec la Maintenon et ses enfants. Elle espère que le roi lui rendra visite, loin des commérages. Blanche pourra venir l’embrasser si cela lui chante. Pour l’heure, elle préfère se délasser à Fontaine-de-Mars. Le bourg de Versailles a été transformé en une ville neuve où la noblesse se fait bâtir des hôtels près du château devenu la résidence principale du roi.
    À la rentrée, elle inscrit Marquise au couvent des Ursulines. Dahuh restera à son service : la petite rentrera tous les soirs à la maison. Début octobre, Blanche part pour le Château-Vieux : la rente rondelette qu’elle recevra en fin d’année y est pour beaucoup. La peur que le roi soit empoisonné ou victime d’un attentat aussi. Comment jouer les espionnes dans ce nœud de vipères ?
    Qui peut vouloir sa mort ?

31
    Dans le salon aux grottes, le duc du Maine et son frère s’exercent à l’épée sous l’œil inquiet de Mme de Maintenon. Le ventre arrondi, double menton, Athénaïs embrasse Blanche sur le front, l’invite à jouer aux échecs. Blanche gagne :
    — Échec et mat !
    — Je n’ai plus de bonheur au jeu, s’emporte Athénaïs en renversant la table.
    — On dirait que vous faites exprès de perdre, madame de Montespan, s’exaspère la princesse Palatine qui entre dans la pièce suivie de ses filles d’honneur.
    Parmi elles, une jeune fille de dix-neuf ans, souple et blonde comme une branche de saule, bouche pulpeuse, grands yeux gris-bleu, s’incline devant Athénaïs. Dans la lumière dorée de cet après-midi d’automne, Marie-Angélique de Scorailles de Rousille, demoiselle de Fontanges, est l’innocence et la douceur incarnées. La Montespan la dévisage :
    — Soyez la bienvenue, mademoiselle. Un rien vous habille !
    — Le père de cette belle enfant s’est saigné pour lui offrir un trousseau : il va falloir l’habiller, la farder, se fend la Palatine. Nous repartons pour le Palais-Royal, chère amie ; nous nous reverrons pour la chasse au gros.
    Engoncée dans une robe paille, Angélique baisse la tête.
    — Ne restez pas bouche ouverte comme une carpe, petite. On dit que vous êtes auvergnate. Ces gens-là ne sont-ils pas radins ? Ne vous souciez de rien, je vous prêterai des bijoux, se toque Athénaïs.
    La jeune fille rougit avant de suivre Madame à petits pas. À peine est-elle partie qu’Athénaïs s’exalte :
    — Ça y est ! J’ai trouvé le moyen d’éliminer la Maintenon. Cette gourde fera l’affaire.
    Près de la fenêtre, le duc du Maine effleure de la pointe de son épée la joue de Louis-César. Un filet de sang coule le long des tempes du petit garçon. La Maintenon se précipite vers lui :
    — Ce qui devait arriver, arriva ! s’égosille-t-elle. Madame, je vous avais mise en garde.
    — Ne me parlez pas sur ce ton, madame de Maintenon ! Vous êtes ici pour m’obéir. Rien de plus !
    Françoise se retire avec son protégé. Louis apparaît dans l’embrasure de la porte. D’un geste ample, il salue

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