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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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quelqu'un souffrait. Je me souviens bien du soir de l'Annonciation parce que, comme c'est un jour de fête, Gervase m'a apporté des sucreries, qui sont une douceur pour moi.
    Elle se tourna pour fixer la porte de sa cellule restée ouverte.
    —
    Vous ne remettrez pas la plaque d'acier? demanda-t-elle.
    —
    Non.
    —
    Et le couteau? dit-elle en le saisissant. Eadwig ne voudra pas le récupérer quand il retournera aux cuisines?
    Kathryn se contenta de sourire.
    —
    Ce soir-là, reprit la veuve, je suis sûre d'avoir entendu Anselm et Jonquil, ainsi qu'un troisième. Ils étaient là-bas, dissimulés par les buissons.
    —
    Vous avez compris ce qu'ils disaient? interrogea Kathryn.
    —
    Non, Maîtresse, mais Anselm a une voix haut perchée, surtout quand il se plaint. Il était venu me voir, parfois. Ce soir-là, il était agité. Et puis ils sont partis. J'ai bu et mangé, et j'ai dit mon chapelet. Quand la nuit est tombée, et de cela, Maîtresse, je suis sûre, plusieurs personnes sont revenues. Elles n'avaient ni torches ni lanternes, de sorte qu'elles trébuchaient.
    — Que venaient-elles faire?
    — Je l'ignore, mais cela a duré un moment.
    — Ont-elles escaladé le mur?
    —
    Non, je suis certaine qu'elles venaient du couvent et y sont retournées.
    Mathilda ouvrit alors le petit sac en piteux état qu'elle portait attaché par une cordelette à sa taille. Elle en sortit son chapelet ainsi que quelque chose qui ressemblait à un morceau de membrane fine et transparente, qu'elle commença à étirer en longueur.
    —
    C'est un bout de peau d'animal, dit-elle en souriant. Avec les années, elle s'est usée. Je la tripote souvent quand je suis agitée.
    Elle roula le morceau entre ses doigts et montra le chapelet.
    — C'est Atworth qui me les a donnés.
    Kathryn examina le vieux rosaire : sa chaîne commençait à rouiller tandis que ses grains noirs très durs étaient ébréchés, cassés.
    —
    Il m'en a fait cadeau, Maîtresse, je ne peux en dire plus.
    Elle se leva et s'étira. Kathryn remarqua que le couteau avait disparu, caché dans les plis de la robe.
    —
    Il vaut mieux que je rentre, déclara Mathilda en s'éloignant.
    Puis elle se retourna et ajouta :
    — Vous avez peur, n'est-ce pas, Maîtresse?
    Kathryn hocha la tête.
    — Pour moi autant que pour vous ?
    — Que Dieu nous protège.
    La veuve pénétra dans sa cellule, presque comme si elle n'avait pas entendu, et claqua la porte sur elle.
    Eadwig approcha sans se presser.
    —
    L'heure tourne, Maîtresse. Le prieur a convoqué les miraculés.
    — Oh, c'est vrai!

    Kathryn se leva et indiqua le plateau.
    — Ne révélez à personne ce que vous avez vu et entendu ce matin, mon frère.
    Pouvez-vous rapporter ceci à la cuisine ?
    Eadwig ramassa le plateau puis, avec Kathryn, ils traversèrent le pré en même temps que la cloche du couvent commençait à sonner l'office du milieu de la matinée.
    Eadwig interrogea Kathryn sur la recluse. Kathryn lui répondit distraitement.
    Que pouvait-elle faire? Elle en voulait un peu à Bourchier et à Luberon.
    N'auraient-ils pas pu lui en dire davantage? Kathryn était également convaincue qu'il existait un lien entre la mort de Mafiach et celle d'Atworth.
    Plus elle avançait dans son enquête, en particulier depuis qu'elle était dans ce lieu prétendument clos et sanctifié, plus elle avait la conviction qu'Atworth n'était pas décédé de mort naturelle. Il y avait trop de mensonges, de demi-vérités, d'illusions, de tromperies. Elle se souvint du vieux proverbe : «
    Ne réveillez pas le chat qui dort », et songea aux horribles dangers qu'elle pourrait rencontrer si on réveillait la bête, qui qu'elle puisse être.

    CHAPITRE IX
    « Et pour certains, ce que nous aimons le plus C'est la liberté, et ne faire le bien que lorsqu'on le veut... »
    Chaucer, « Le conte de la Femme de Bath », Les Contes de Cantorbéry Kathryn était installée à une table de la belle bibliothèque du couvent. C'était une longue pièce évoquant une église, avec son plafond à chevrons et ses fenêtres garnies de verre de couleur percées haut dans le mur, par où se déversait l'éclatante lumière du soleil. Kathryn se rappelait vaguement être venue ici enfant, tenant la main de son père tandis qu'il consultait avec le bibliothécaire l'un des ouvrages de médecine écrits par les grands maîtres.
    Elle promena son regard autour d'elle : la même odeur de peau de veau, de cuir et d'encre imprégnait la

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