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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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mais de l'endroit où elle était assise, Kathryn voyait parfaitement le bureau du bibliothécaire, et la porte juste derrière. Donc, si quelqu'un entrait ou sortait, elle le verrait. Cependant, elle n'avait guère envie de reprendre son travail; le pressentiment d'un danger lui donnait des sueurs froides. Cette pièce était complètement déserte. Kathryn s'efforça de se rappeler les différents bruits qu'elle avait perçus sans y prêter attention. Le bibliothécaire était parti, mais n'avait-elle pas entendu la porte qui s'ouvrait et se refermait?
    Quelqu'un se serait-il glissé dans la salle? Kathryn serra le petit psautier d'Atworth, et, ce faisant, elle sentit sous son majeur quelque chose de coupant et dur. Oubliant ses craintes, elle ouvrit l'ouvrage et, en le regardant de très près, s'aperçut que certaines pages avaient été habilement supprimées avec un coupe-papier affûté. On les avait coupées si près de la reliure que, normalement, on n'aurait pas dû s'apercevoir que des feuillets manquaient.

    Ainsi ce livre contenait une partie de la vérité. Quelqu'un y avait déjà touché!
    Kathryn se dressa, glissa le psautier dans sa sacoche d'écriture et traversa lentement la salle. Ici, rien à voir avec la cage d'escalier plongée dans les ténèbres sur laquelle ouvrait sa chambre : l'atmosphère était agréablement parfumée, le soleil déferlait par les fenêtres, des grains de poussière voletaient, et le bois ciré brillait dans la lumière.
    Pourtant Kathryn avait l'impression que chaque travée qu'elle passait était comme l'entrée de quelque ruelle obscure. Entendant un bruit, elle s'immobilisa et regarda la porte : le verrou du milieu était tiré ! Ce ne pouvait être le bibliothécaire. Quelqu'un avait dû entrer, tirer le verrou, et se cacher quelque part ici. Il n'y avait pas d'autre issue, avait dit le bibliothécaire, et les fenêtres étaient trop petites et placées trop haut pour que quelqu'un puisse s'introduire par là. Kathryn évalua la distance, puis s'élança. Martelant le plancher de bois, elle contourna en courant le bureau du bibliothécaire pour se ruer sur la porte.
    —
    Maîtresse Swinbrooke !
    Kathryn ouvrit le verrou.
    —
    Je vous en prie, Maîtresse Swinbrooke !
    Elle se retourna : Jonquil surgit de l'ombre des étagères.
    —
    Ne bougez pas ! lança Kathryn en levant la main.
    La porte de la bibliothèque était béante, des voix s'entendaient dehors, et le bureau séparait la jeune femme du moine qui s'était introduit ici, silencieux comme un chat. Jonquil, cependant, avait l'air terrifié. Les mains tendues devant lui, il cherchait ses mots.
    —
    Je suis désolé, désolé, balbutia-t-il en s'appuyant contre le bureau.
    —
    Que faites-vous ici? demanda Kathryn, qui se sentait assez sûre pour revenir sur ses pas.
    Elle prit appui sur le siège du bibliothécaire avant de poursuivre :
    —
    Vous êtes entré ici. Quand j'ai appelé, pourquoi n'avez-vous pas répondu? Et pourquoi avoir fermé le verrou de la porte ? Où est Eadwig ?
    Jonquil tendit une main en un geste servile.

    —
    Je suis venu apporter un message au bibliothécaire, Maîtresse.
    Demandez-le-lui. Eadwig ayant dit qu'il ne fallait pas vous laisser seule, quand il est parti pour le réfectoire, il m'a demandé de rester ici, afin d'assurer votre sécurité. J'ai donc tiré le verrou. Vous étiez absorbée par ce que vous faisiez, et vous ne m'avez pas entendu, pas plus que vous ne m'avez vu. Ici, nous avons pour règle de parler à voix basse et de ne pas faire de bruit. Vous avez été dérangée, et vous vous êtes agitée, mais je ne savais que faire : si j'apparaissais brusquement...
    Jonquil haussa les épaules.
    —
    Je suis au courant de ce qui s'est passé hier soir.
    Mentait-il, ou était-il seulement malin? Kathryn n'aurait su le dire. Sa version des faits était sensée. Kathryn était concentrée sur le psautier d'Atworth.
    Quelques bruits lui étaient parvenus. La jeune femme tira le siège du bibliothécaire pour s'y asseoir.
    —
    Bien, mon frère, je me suis peut-être trompée, mais la prochaine fois, je vous conseille de signaler votre présence sans attendre, et de ne pas rester tapi dans l'ombre comme un chat qui guette une souris.
    —
    Je suis navré, balbutia Jonquil.
    —
    L'êtes-vous aussi quand vous escaladez le mur du couvent, au fond de Gethsémani, pour vous faufiler en ville?
    —
    Le père prieur m'envoie souvent faire des courses.
    —
    Vous éprouvez de

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