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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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salle. C'était ce que son père appelait « le parfum des livres ». La bibliothèque était riche d'étagères chargées de manuscrits, livres, registres et folios. Tout était rangé par catégorie : théologie, philosophie, histoire, chroniques, ouvrages de prière. D'habitude, il régnait ici une grande activité, mais les événements de la veille avaient bouleversé la routine des religieux. Assis à son bureau surélevé, à l'extrémité de la longue salle, le bibliothécaire, les yeux fixés sur un manuscrit, marmonnait tout bas.
    Il dressa la tête, mais parce que la lumière du soleil l'éclairait de dos, Kathryn ne distinguait pas son visage.
    — Tout va bien, Maîtresse Swinbrooke ? Avez-vous ce qu'il vous faut? Frère Eadwig a dit qu'il serait bientôt de retour.
    Kathryn leva une main pour indiquer que tout était parfait, puis abaissa les yeux sur le petit livre relié en peau de veau cloutée de fausses pierreries.
    Profitant le plus possible de la lumière qui se déversait par la fenêtre au-dessus d'elle, elle ouvrit l'ouvrage : les pages crissaient. Sur la première figuraient le nom d'Atworth ainsi que la date, qui remontait à quelque deux ans. Kathryn feuilleta rapidement le petit livre. Ce n'était rien qu'un recueil de prières : Anima Christi, De profundis. Notre-Père et Je vous salue, Marie.
    Apparemment, le frère Atworth affectionnait particulièrement le psaume 51 : Ayez pitié de moi, Seigneur, ayez pitié de moi.
    Et dans votre grande miséricorde, effacez mon
    [péché.
    Je connais mes fautes, elles sont toujours sous vos
    [yeux...
    Kathryn s'aperçut que ce verset revenait constamment tout au long du psautier, et que la phrase : « Je connais mes fautes » était soulignée de temps en temps. Cependant, ce furent les enluminures qui retinrent l'attention de la jeune femme, des enluminures malhabiles qui souvent précédaient les prières. La première lettre du psaume51, le A de «Ayez pitié », était agrandie de façon à loger à l'intérieur de son cadre deux petits dessins rouge, vert et noir.
    Kathryn avait vu de plus belles miniatures dans de nombreux livres d'heures, cependant celles-ci avaient une présence, une force bien à elles. La jeune femme prit la loupe que le bibliothécaire lui avait donnée afin d'en examiner les détails. Le premier dessin montrait une femme allongée sur un lit, un homme à côté d'elle. Dans le second, la femme était couchée seule. Kathryn chercha des armoiries, ou des motifs héraldiques, comme en incluaient toujours les miniaturistes pour indiquer qui ils représentaient. N'en trouvant pas, elle posa la loupe et tapota sur la table. S'agissait-il d'une scène de l'Ancien Testament? Ou d'un conte, peut- être ? La jeune femme se creusa la tête, puis tourna la page et vit le début du De profundis : « Du fond de l'abîme j'ai crié vers vous, Seigneur. » Elle examina l'enluminure avec soin. Cette fois, point de femme, mais un roi — ou était-ce un duc ? — assis à une table, entouré de ses chevaliers. Kathryn songea immédiatement à la légende du roi Arthur. L'étendard du roi arborait les couleurs rouge, bleu et or de celui d'Angleterre, tandis que sa livrée était ornée du blason des York : des soleils.
    Intriguée, la jeune femme continua à feuilleter l'ouvrage.

    Une autre enluminure représentait le Chevalier Vert apparaissant à la cour d'Arthur. Enfin, elle commença à comprendre. Atworth, à sa façon subtile, avait rendu hommage à son protecteur, le duc d'York, le peignant sous les traits du roi Arthur. La série s'achevait brutalement, et Kathryn ne trouva plus d'allusion aux York ni à Arthur. Étaient représentés maintenant deux chevaliers dont l'un tuait l'autre en le poignardant dans le dos. Semblable épisode ne figurait pas dans la légende d'Arthur. Atworth avait-il décidé d'inclure l'histoire de Caïn et d'Abel? Ou s'agissait-il du meurtre qui donnait à Atworth tant de remords ? Kathryn leva les yeux en entendant une porte se fermer. Le bibliothécaire était parti.
    —
    Y a-t-il quelqu'un? lança la jeune femme.
    Elle bondit sur ses pieds et répéta :
    —
    Y a-t-il quelqu'un?
    Elle traversa la bibliothèque sur toute sa longueur, vérifiant les travées : toutes étaient vides. Tournant les talons, elle repartit en sens inverse, un peu inquiète. Elle était seule, complètement seule dans la salle ! Elle reprit sa place. Les étagères de livres avançaient à angle droit par rapport aux murs,

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