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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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mur de sa prison.
    Kathryn vit qu'elle avait largement dépassé ses quarante-cinq printemps : elle était plutôt agréable, petite, le dos un peu voûté, et le visage marqué par la souffrance due à son long emprisonnement.
    —
    Par ici, Mathilda.
    La femme se redressa et approcha. Elle s'immobilisa, leva les yeux sur une branche puis vint s'asseoir près de Kathryn, tête baissée, mains sur les genoux.
    —
    Vous m'avez témoigné une grande mansuétude, Maîtresse, et je vous en suis sincèrement reconnaissante.
    —
    On vous libère souvent ? demanda Kathryn avec curiosité.
    —
    Une heure, jamais plus, deux ou trois fois par an, aux alentours des grandes fêtes de Pâques, Noël et de la Saint-Michel. C'est bon, n'est-ce pas, d'être sous la voûte des cieux?
    Kathryn lui prit la main : la paume était calleuse, et Mathilda se rongeait les ongles jusqu'au sang.
    —
    Je ferai ce que je pourrai pour vous, promit la jeune femme, mais le temps nous est compté, Maîtresse Chandler. Je désire me confier à vous.
    Kathryn décrivit rapidement ce qui était arrivé à Gervase et comment avait frappé l'assassin; elle mentionna même Jonquil.
    —
    Je ne peux parler que de ce que je vois ou entends, déclara alors Mathilda. De temps en temps, je perçois des bruits de pas, ou ce que je pense en être : une brindille qui craque, des sons comme si quelqu'un escaladait le mur. Une fois, un juron étouffé m'est parvenu. Mais n'oubliez pas, Maîtresse, tout le monde sait que je suis ici, et ma fenêtre sur le monde est étroite, en partie obstruée. Enfin, souvent, je dors ou je somnole.
    —
    Arrivait-il à Gervase de vous parler? interrogea Kathryn.
    —
    En quelques occasions.
    —
    Et Jonquil?
    Je le voyais avec frère Atworth. Une seule fois, je l'ai aperçu seul, mais je n'en jurerais pas.

    —
    Et Gervase ? insista Kathryn.
    Elle était certaine que cette femme en savait plus qu'elle ne le disait.
    —
    Il venait, répondit Mathilda, qui avait croisé les mains. En une occasion, j'ai entendu des voix qui se disputaient, et aussi le tintement de pièces de monnaie.
    —
    Des pièces, dites-vous ?
    —
    C'était une belle journée, juste après midi; le monastère était silencieux, et il y a des bruits qui portent. Gervase se trouvait sous les arbres. J'ai entendu cliqueter des pièces, mais n'oubliez pas, Maîtresse, devant un tribunal, on me traiterait de folle.
    —
    Que savez-vous d'autre?
    Mathilda baissa la tête. Eadwig revint avec une écuelle, trois bols remplis de bouillie d'avoine fumante, du pain enveloppé dans un linge, un petit pot de beurre et un autre de miel, trois cuillers en corne et un couteau à viande à l'aspect méchant. Il s'apprêtait à manger avec les deux femmes, mais Kathryn, du regard, lui indiqua de n'en rien faire. Le religieux prit donc un bol et une cuiller et s'éloigna. Kathryn pressa la veuve Chandler de manger.
    —
    Je n'ai pas pu avoir de bière ! cria Eadwig. Tout le monde était occupé à la cuisine, et il fallait mettre en perce un nouveau tonneau.
    —
    J'en ai un petit, marmonna Mathilda. C'est bien ainsi, Maîtresse.
    Elle versa du miel sur l'avoine et commença à manger avec grand-faim.
    Kathryn l'imita. La bouillie était chaude et délicieuse, très semblable à celle que préparait Thomasina. Kathryn attendit que la veuve ait vidé son bol.
    Mathilda prit ensuite un petit pain blanc, et avec le couteau à viande le tartina de beurre ainsi que du reste de miel.
    — Oh, Ciel, chuchota-t-elle, c'est divin !
    Elle se tourna vers Kathryn, les yeux pleins de larmes.
    —
    Les choses toutes simples de la vie, Maîtresse, n'est-ce pas?
    — Dites-moi ce que vous savez, la pressa Kathryn.
    Mathilda mordit de nouveau dans son pain avant de déclarer :
    — Je vous ai dit qu'il y avait des allées et venues.

    — Je veux la vérité, insista Kathryn.
    —
    Atworth avait très peur, commença Mathilda. Il disait que ses péchés de jadis le hantaient. Je lui répétais de s'en remettre à Dieu, mais il me raconta qu'en France il avait violé une jeune femme et pendu une vieille qui l'avait maudit. Elle lui avait prédit qu'il mourrait de mort violente.
    —
    Mais ce ne fut pas le cas, intervint Kathryn. Il est mort dans son lit, et presque en odeur de sainteté.
    —
    Vraiment? fit la veuve avec un regard en coin plein de sous-entendus.
    Atworth m'a dit d'autres choses, mais sans entrer dans le détail ; il détenait des secrets sur les grands de ce monde. Je pense

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