Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
Vom Netzwerk:
citadelle.
    Par
de petites portes étroites, les Espagnols traversaient des murailles de
blocs cyclopéens. Zéphyrine remarqua que chaque ouverture pouvait être
fermée par une dalle posée à terre, qui, si besoin était, s'encastrerait dans
le vide. L'invention était ingénieuse, rendant la prise de la forteresse
quasiment impossible.
    Le
capitaine inca conduisit ses hôtes vers la tour du prisonnier.
    Les
murs des appartements où logeait Huascar étaient recouverts d'ornements en
métaux précieux. Des tentures, gardées par des soldats, servaient de portes,
des peaux de bêtes étaient jetées sur le sol, des niches aménagées dans les
murailles offraient au regard des visiteurs l'harmonie des ocre et des noirs
mélangés de poteries nombreuses.
    —       Inca Huascar, très bien traité ! fit remarquer le capitaine
général.
    Il
écarta un garde et souleva une dernière tenture en lançant quelques mots
gutturaux pour prévenir son prisonnier de la venue des « dieux blancs ».
    Zéphyrine
suivit Soto dans la chambre de l'Inca. Le visage tourné vers la muraille, Huascar
dormait sur une peau de vigogne. Le capitaine général s'approcha avec respect.
Au-dessus du prince, il murmura quelques mots.
    Huascar
ne bougeait pas. L'Indien se pencha pour lui toucher l'épaule. Il poussa un
hurlement.
    Zéphyrine
et Soto se précipitèrent vers l'Inca. Huascar était recroquevillé, un poignard
enfoncé jusqu'à la garde dans sa poitrine. Il baignait dans un flot de sang. Le
forfait venait de s'accomplir. Malgré la blessure hideuse, le malheureux vivait
encore. Ses yeux fixes dans son beau visage cireux exprimaient une terreur
mêlée de surprise. Zéphyrine remarqua à quel point Huascar ressemblait à son
demi-frère Atahualpa.
    Tandis
que le capitaine lançait des ordres pour aller quérir un sorcier guérisseur et
que les soldats incas affolés envahissaient la pièce, Zéphyrine et Soto
s'agenouillèrent près du blessé.
    —       Faut-il tenter d'ôter le poignard pour le soulager? murmura
Zéphyrine.
    —       Surtout
pas, nous l'étoufferions, répondit Soto. Regardez, Zéphyrine, le manche
incrusté du poignard porte la yawirka [135] d'or, signe de la
puissance royale.
    En attendant le
sorcier, chacun dans la pièce donnait son avis sur les soins propres à aider le
malheureux Huascar. Les soldats incas
apportaient du jaspe broyé pour arrêter l'hémorragie d'autres venaient avec des
excréments humains afin de chasser les
mauvais esprits. Les Espagnols étaient partisans de cautériser au fer rouge.
Zéphyrine savait que tout était inutile. Sans prendre
garde à ne pas se tacher du sang impérial, elle se pencha sur
le malheureux pour essuyer un peu de mousse rouge qui montait à ses lèvres.
    —       Vous
souffrez...? murmura Zéphyrine en quechua.
    Fasciné par ce
visage de « déesse blanche aux yeux verts » baissé vers lui, le mourant fit
entendre un gargouillement. Il voulait dire quelque chose. La main de Huascar
s'agrippait aux doigts de Zéphyrine. Soto et le capitaine inca encadraient la
jeune femme. Les yeux vitreux de Huascar ne regardaient que Zéphyrine.
    Dans un effort
surhumain, l'Inca se redressa, grimaça de douleur. Dans un souffle, il murmura :
    —       Mama
Occlo... Mama Occlo... venue pour Atahualpa. Frère... At...
    Le malheureux
Huascar retomba mort entre les bras de Zéphyrine. L'expression de terreur avait
disparu de sa figure, son teint redevenait acajou. Les yeux grands ouverts, il
paraissait sourire.
    Zéphyrine était
bouleversée par la mort de ce prince inconnu. Tandis que Soto lui fermait les
paupières et que le capitaine général reposait sa tête sur un coussin de
fourrure, Zéphyrine regarda le cou du mort. Elle s'y
attendait. Comme son frère Atahualpa, Huascar portait la rose de sang imprimée
derrière l'oreille.
    Zéphyrine se
redressa. A ses côtés, Pando-Pando tremblait de tous ses membres.
    —       Mama
Occlo venue tuer Huascar sur ordre Atahualpa! gémit
Pando-Pando.
    Ce cri était repris
par les Incas présents. « Atahualpa avait fait assassiner son propre frère par
la déesse Mama Occlo ! »
    Hernando de Soto
était soulagé par la tournure des événements.
    —       Que
voulez-vous, Zéphyrine, s'ils s'assassinent entre eux, nous n'y pouvons rien.
    —       Atahualpa
est devenu le seul Inca du pays! murmura Zéphyrine.
    —       C'était
bien ce qu'il voulait. Il n'a pas reculé devant le

Weitere Kostenlose Bücher