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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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chausses le désir de l'homme envahir sa
braguette saillante. Elle n'avait connu l'amour que dans les bras de Fulvio.
Figée depuis des mois dans son chagrin, Zéphyrine avait oublié qu'elle était
femme et en possédait le pouvoir.
    Le grave don Ramon
était le dernier homme auquel elle aurait pu penser pour la troubler. Pourtant,
dans son jeu destiné à le faire  parler, Zéphyrine ne pouvait se défendre de
ressentir une certaine émotion. Avec cet instinct du chasseur, le gentilhomme
ne s'y trompa pas.
    —       Ah
! Madame, moi, vous faire du mal! répéta-t-il enfonçant son genou entre les
cuisses de Zéphyrine. Depuis que je vous ai vue à la fenêtre du carroche, je ne
pense qu'à vous qui m'êtes apparue comme la Madone. Sur mon âme, je ne vous
veux que du bien... Cette nuit, je vous jure que j'ai même tout fait pour votre
ma...
    Don Ramon s'arrêta
brutalement. Devenait-il fou ? Il s 'agissait
de secrets d'Etat. Il avait trop parlé. Zéphyrine eut la force de ne pas
montrer qu'elle avait compris. Pour cacher l'éclair de son regard, elle ferma
les yeux.
    « Fulvio était
vivant... Don Ramon allait dire : " Pour votre ma... ri... " »
    —       Je
sais, soupira Zéphyrine, j'ai deviné que vous avez tout fait pour ma cause
auprès de l'empereur. Pardonnez mon emballement, je suis si seule..
    Devant ce visage
levé vers lui, don Ramon n'y tint plus. Il se pencha pour écraser les lèvres de
Zéphyrine. Elle pensa que ce serait très désagréable, mais, sans se rendre
compte de ce qui lui arrivait, elle se mit à lui rendre ses baisers.
    « Je le fais pour
Fulvio et Luigi », pensait-elle.
    L'esprit ailleurs,
elle gémissait de plaisir, sous la bouche experte du gentilhomme espagnol. Elle
sentait ses mains affolées chercher à remonter sous ses jupons, tandis que ses
lèvres embrassaient ses seins à demi sortis du corselet. En homme pressé, il la
poussait vers la ruelle du lit. Zéphyrine comprit que, s'il avait tout
maintenant, elle ne pourrait plus le faire parler.
    —       Arrêtez,
Messire, n'avez-vous pas honte de profiter de ma faiblesse et de l'émoi que
vous provoquez en moi, gémit Zéphyrine.
    Elle haletait en le
repoussant. Don Ramon voulut insister. Zéphyrine réussit à le tenir à distance.
    —       Eh
quoi, Messire ! Voyez l'état où je suis, mes gens nous attendent et...
    —       Acceptez
de souper avec moi ce soir ! proposa don Ramon.
    —       Dites-moi
d'abord où vous avez trouvé cet enfant, rétorqua Zéphyrine.
    Don Ramon détourna
la tête.
    —       Je
vous le dirai ce soir, si vous acceptez de souper avec moi.
    —       C'est
du chantage, Messire, fit Zéphyrine en souriant.
    —       C'est
du..., c'est comme ça... Vous acceptez? fit don Ramon en reprenant son visage
glacé.
    Zéphyrine eut peur
de le laisser échapper.
Pour le moment , elle n'en tirerait rien de plus. Il était le seul lien la reliant
à Luigi et Fulvio. Zéphyrine prit sa main et la porta sur son sein.
    —       Ecoutez
mon cœur, Messire, c'est celui d'une mère, mais aussi celui d'une femme. Je
viendrai souper avec vous. Où irai-je vous retrouver ?
    —       J'enverrai
mes gens vous chercher, Madame, à sept heures.
    Don
Ramon salua cérémonieusement, et il s'effaça pour laisser passer Zéphyrine.
    Tous
deux descendirent l'escalier sous le regard ironique de Gros Léon.
    Dans la salle
commune, la señora Catalina s'affairait pour donner à boire au nourrisson.
    —       Ce
petit malheureux meurt de faim, Señor, déclara la brave aubergiste.
    Don Ramon ne se
voyait pas rapportant l'enfant à doña Hermina . Mû par une inspiration subite, il proposa
500 réaux d 'or à la señora Catalina pour élever le bambin. Celle-ci avait perdu trois enfants en bas âge. Aussi émue par le marmot que par la somme, et par la
grande allure de don Ramon, l'aubergiste accepta et décida de l'appeler
Antonio.
    Zéphyrine était soulagée, car elle ne pouvait rejeter
l'enfant à la rue, et elle avait bien assez de complications comme ça.
    Elle raccompagna
don Ramon jusqu'à la porte de l'auberge. Le gentilhomme
s'inclina pour lui baiser la main.
    —       A
ce soir, Madame, murmura-t-il.
    Zéphyrine se
contenta d'incliner la tête en signe d'acquiescement. Don Ramon remonta à
cheval. Sous le regard de Zéphyrine, il s'éloigna dans les rues de Madrid. Il
savait que, pour la première fois de sa vie, il allait mentir à l'empereur

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