Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
Vom Netzwerk:
seaux.
    Ses
admirables cheveux d'or roux relevés sur le haut de la tête, Zéphyrine trempait
voluptueusement avec Corisande dans un baquet de bois. Sous l'œil de Gros Léon
digérant sur une armoire, elle jouait avec sa petite fille, la lavait et
embrassait son corps dodu. Emilia jetait de l'eau sur les épaules de sa
maîtresse.
    L'air
beaucoup plus ahuri que d'habitude, demoiselle Pluche entra dans la chambre.
    —       Comme Mercure, dieu des voyageurs, Madame, un chevalier
demande à vous parler dans la salle du bas.
    Zéphyrine
sourit au langage fleuri de Pluche.
    —       Ce
doit être de la part de Mortimer ! Savez-vous qu'il est à Madrid, ma bonne
Pluche ?
    —       Mort...imer,
zozota Pluche.
    —       Oui,
notre ami Milord de Montrose.
    —       Ah!...
Non, ma petite Zéphyrine, c'est plutôt ce gentil homme qui était avec
l'hidalgo... enfin... il dit s'appeler don Ramon et vous rapporter... un objet
précieux !
    Zéphyrine se releva
vivement, découvrant sa lumineuse nudité au regard de ses compagnes.
    « Dieu du ciel !
Elle est de jour en jour plus belle. Veuve à cet âge, quelle misère que
Monseigneur ait disparu ! » songea Pluche en prenant Corisande des bras de sa
mère.
    Emilia aida sa
maîtresse à se sécher et à se vêtir rapidement, sur sa chemise, d'une simple ropa aux manches en double entonnoir. Puis elle fit une lourde
natte des cheveux de la jeune femme, qu'elle enroula autour de sa tête.
    Ainsi prête,
Zéphyrine descendit vers la salle commune, déserte à cette heure-ci.
    —       Vous
avez mandé me parler, Messire ?
    Ne cherchant pas à
cacher l'admiration qu'il éprouvait pour la princesse Farnello, don Ramon
inclina sa haute taille dans son pourpoint rembourré.
    —       Oui,
Madame (il baissa la voix), je viens au nom de Sa Majesté.
    Zéphyrine remarqua
que le confident de Charles Quint paraissait porter quelque chose sous sa cape.
    « Que peut-il bien
cacher? » pensa-t-elle tout en ayant la civilité de lui désigner une chaise,
tandis qu'elle-même prenait place en face de lui.
    —       Eh
bien, je vous écoute, Señor!
    Elle avait
l'impression que l'objet remuait sous le tissu. Peut- être n'était-ce qu'une
illusion.
    —       Madame,
Sa Majesté m'a chargé de deux missions vous concernant, et je ne sais par
laquelle commencer.
    —       Par
la plus désagréable ! se moqua Zéphyrine.
    Sans un mot, don
Ramon lui tendit le parchemin. Zéphyrine brisa le cachet et prit connaissance
de la « grâce » impériale . Etonnée, elle dut relire deux fois, puis
elle releva la tête.
    —       Après
serment d'allégeance ! Charles Quint me rend terres, titres et droits pour mes
enfants et moi... ou plutôt ma fille et moi, puisque mon fils m'a été enlevé,
murmura-t-elle en mordant ses lèvres.
    Ses yeux verts
fixaient don Ramon.
    —       Ce
n'est pas tout, Madame, se hâta de dire le gentilhomme.
    Sur ordre de
l'empereur, tous les sbires de la ville se sont mis à la recherche de votre fils...
    Zéphyrine se leva, très pâle.
    —       Luigi...,
eut-elle la force de murmurer.
    —       Oui, Madame, tout
nous donnait à penser que l'enfant était à Madrid. De la part de l'empereur... le voici !
    Don Ramon ouvrit sa
cape. Il tendit le bébé vers Zéphyrine. Elle ne poussa pas un cri. Le sang
parut se retirer de son visage déjà pâle. Craignant son évanouissement, don
Ramon s'approcha. Demoiselle Pluche et Emilia se tenaient dans l'embrasure de
la porte.
    —       Dieu
du ciel, notre petit prince ! gémit Pluche.
    —       Bousus,
couillus, notre maître ! gronda La Douceur.
    Perché sur la
barrière du premier étage, Gros Léon considérait la scène, pour la première
fois il ne parlait pas.
    Comme un automate,
Zéphyrine prit le poupon enroulé dans le châle de soie que don Ramon lui
tendait. Avec le geste de toutes les mères, elle se pencha pour regarder
l'enfant. Le petit gémissait. Il ouvrit les yeux et les referma aussitôt. Trop
faible, sa tête roula sur le côté. Fébrilement, Zéphyrine souleva ses maigres
cheveux, cherchant sa marque de naissance : la rose de sang que
Luigi portait derrière l'oreille.
    Aussi bien à droite
qu'à gauche dans la nuque, le cou du petit malheureux était aussi net et
maigrichon que celui d'un poulet.
    Zéphyrine laissa
enfin échapper un cri, mais ce n'était pas de joie, c'était un cri terrible, un
hurlement de

Weitere Kostenlose Bücher