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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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! Suivi !
    —       Bien, tu l'as donc vue ? Combien étaient-ils ? Un... deux,
trois?
    —       Srois ! Srois ! Srois ! affirma l'oiseau.
    —       Ils allaient vers le sud, peut-être à Tolède?
    —       Sud
! Salope ! Sortie ! Séville ! Séville ! Séville
!
    De
mauvaise humeur devant cet interrogatoire mettant ses affirmations en doute, le
choucas battit des ailes et alla se cacher sur une armoire. Pas moyen de le
faire sortir.
    Zéphyrine
connaissait son caractère ombrageux. Vexé, on n'en tirerait plus rien. Pour
être si affirmatif, Gros Léon avait non seulement dû voir, mais aussi entendre
doña Hermina parler de Séville. Probablement lors d'une étape pour laisser
souffler les montures. Qui songerait à se méfier d'un oiseau dans un arbre?
    —       Elle filerait là-bas avec notre petit Luigi... Mais pourquoi,
Grand Dieu ? gémit Pluche.
    —       A Séville, on s'embarque pour les Indes espagnoles,
murmura Zéphyrine.
    —       Les
Indes espagnoles ? répétèrent La Douceur et
demoiselle Pluche, écrasés par la révélation.
    —       Mes amis, il n'y a plus un instant à perdre! déclara
Zéphyrine.
    Son
cœur était déchiré. Comment se couper en deux? Elle voulait galoper vers
Barcinona, pour tenter d'aller délivrer Fulvio, ou tout au moins adoucir sa
détention, d'un autre côté la chienne sauvage filait avec son Luigi, avec
l'intention de soustraire à jamais l'enfant à sa mère.
    Si
Zéphyrine allait au nord, elle perdrait des jours précieux . Elle savait ce que
Fulvio lui aurait ordonné : sauver leur fils. D'abord,
elle devait empêcher doña Hermina de s'embarquer sur un galion.
    La
voix calme, Zéphyrine ordonna :
    —       La
Douceur, tu pars pour Barcinona, ne te fais pas trop remarquer...
    —       Oh
! barbu, foutu, vous m'connaissez, discret comme une libellule ! protesta le
géant, qui par sa seule stature attirait tous les regards.
    Sans
sourire, Zéphyrine continua :
    —       Enquête sur le
port, parle aux gardes-chiourme, essaie d'approcher les galériens. Voici la
moitié de l'or qui me reste et ces deux bagues... Tente d'acheter un argousin [50] . Si tu parviens
jusqu'à Fulvio, dis... dis-lui...
    Zéphyrine suffoquait.
    —       Vous
mettez pas dans c't' état, mon p'tit, j'a compris, j'vas à Barcinona, j'
délivre Monseigneur, j'y dis qu' tout va bien, qu' vous vous occupez d'vot'
petit garçon... et d'ce pas qu'on revient vous faire guili-guili... fit La
Douceur comme la chose la plus simple du monde. Y a qu'un nœud, j' pouvons
point vous laisser seule à courir les routes avec c'te pauvre Pluche qu'
Monseigneur me 1' pardonnerait point...
    Zéphyrine
était mécontente de la résistance du géant. On discuta ferme. Tel un roc, La
Douceur restait inébranlable.
    La
réponse fut Piccolo. Il apportait une missive de Madame Marguerite. La bonne
princesse avait pris la route de Tolède.
    Elle
écrivait en substance :
     
    Ma chère Zéphyrine,
    Devant le recul de
la maladie de mon frère bien-aimé, et rassurée sur le sort généreux que lui
réserve Sa Majesté Impériale, nous quittons Madrid pour avoir l'honneur de
présenter nos devoirs à Sa Majesté, la reine Isabelle... Nous repasserons
ensuite à Madrid, juste le temps de serrer sur notre cœur notre cher frère, et
rentrerons aussitôt seule en doulce France. Nous savons que, grâce à la noblesse de l'empereur Charles le
Grand, nous ne tarderons pas à revoir notre bien-aimé François...
     
    Il
fallait traduire : « François va s'évader et nous rejoindre rapidement. »
     
    ...Le maréchal Anne de
Montmorency travaille à la rédaction du traité entre Leurs Majestés. J'en suis
bien aise. Venez nous rejoindre à Tolède, ma chère Zéphyrine, si vous le
pouvez. Nous y emmenons votre petite Corisande. Ne vous inquiétez de rien à son sujet. Je l'ai mise, avec votre Emilia,
sous la garde de mon valet Silvius. L'enfant est bien surveillée. Je vous
renvois donc ce bravt Piccolo. Le roi, mon frère, pour vous montrer son extrême reconnaissance et sa bienveillante amitié,
a déclaré hier au soir votre
Corisande pupille royale.
    A très bientôt la
joie de vous revoir, ma doulce amie. Bénissez comme moi l'empereur Charles de
ses bontés et de son indulgence à notre égard. Vaquez sans crainte à vos
pieuses occupations. Il est doux de prier le Seigneur d'un cœur pur. Il est
inutile pour vous de retourner à l'Alcazar, car Sa

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