Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
Vom Netzwerk:
Majesté n'a qu'à se louer
des soins des bons
gentilshommes espagnols. Adieu donc. A tout bientôt, ma bonne amie. Nutrisco et exstinguo.
    Votre Marguerite.
     
    La
Princesse achevait avec la devise à double sens de la Salamandre, emblème de
François I er  : Je le nourris et je
l'éteins (le feu).
    Cette
lettre était un petit chef-d'œuvre de diplomatie et de duplicité. Visiblement,
Madame Marguerite craignait les « lecteurs » de Charles Quint. Elle avait
raison. Piccolo reconnut que des sbires l'avaient arrêté à la sortie de
l'Alcazar pour prendre connaissance de la prose de la princesse. Ils en avaient
paru satisfaits. Le rapport qu'ils ne manqueraient pas d'envoyer à l'empereur
serait excellent.
    La
princesse paraissait préférer éloigner Zéphyrine du roi. L'évasion se
préparait. Il ne convenait pas de laisser des complices à la vengeance de
Charles Quint.
    Zéphyrine
était émue par la générosité de François I er et rassurée sur le sort
de sa fille. Plus rien ne la retenait à Madrid.
    —       Tu viens avec moi, Piccolo. La Douceur part de son côté,
ordonna-t-elle d'un ton sans réplique.
    Pour
500 réaux, elle acheta quatre bons chevaux destinés à mieux galoper que les
mulets. Afin de ne pas attirer l 'attention, elle se
vêtit en homme. Ne restait que le cas Pluche. Zéphyrine hésitait à
l'emmener. La mettre dans un chariot ralentirait la chevauchée.
    C'était
mal connaître Arthémise Pluche.
    —       Par le roi Arthur, messire Lancelot et le vertueux Galaad...
Madame, j'irai à califourchon jusqu'au Saint-Graal !
    Les
lectures romanesques de demoiselle Pluche lui tournaient la tête.
    Avec
l'aide de Piccolo, Arthémise se composa une étonnante tenue ressemblant plus à
celle d'un apothicaire qu'à celle d'un cavalier. Quoi qu'il en soit, Pluche
abandonnait sans regret ses jupons noirs.
    De
ses jambes cagneuses, elle enfourcha son alezan
    —       Mais
Pluche, vous êtes une cachottière. Vous savez monter comme un homme ! s'exclama
Zéphyrine.
    —       Madame,
c'est que je ne vous ai jamais raconté toute ma vie ! fit Pluche d'un air
mystérieux.
    Zéphyrine
embrassa la señora Catalina. Elle lui laissait ses robes et le petit Antonio.
Avec émotion, Zéphyrine serra le nourrisson en pensant à son fils Luigi.
    Gros
Léon sur son épaule, Zéphyrine se mit en selle. Suivie de ses compagnons, elle
quitta Madrid.
    Dans
les faubourgs, on se sépara. La Douceur prenait la route du nord-est pour
gagner la Méditerranée.
    Zéphyrine
avait du mal à ne pas pleurer.
    —       La Douceur, si tu peux nous rejoindre à Séville, je laisserai
un message à ton intention au sacristain de la cathédrale pour te dire ce que
nous faisons... Tu as compris?
    —       Dame oui, c'est point sorcier..., au sacristain.
    —       Et, si tu retrouves Fulvio, dis... dis-lui...
    La
voix de Zéphyrine se brisait.
    Le
géant donna une tape affectueuse sur le pourpoint de la jeune femme.
    —       Vous en faisez pas, mon p'tit, j'savons causer, pour sûr qu'
j'y dirai c' qui faut, à Monseigneur... Allez, bonne chance, veille ben sur
elle, Piccolo... ou j' te jure d' revenir te couper les rouleaux.
    Zéphyrine
et ses compagnons regardèrent un instant la silhouette du titanesque cavalier
qui s'éloignait sur la route poudreuse.
    Le
soleil baissait dans le ciel.
    —       En
avant ! lança Zéphyrine, décidée à ne pas laisser de répit à son ennemie.
    Prenant
juste le repos nécessaire aux bêtes, dormant quelques heures enroulés dans une
couverture, se restaurant à la hâte, les cavaliers ne mirent que deux jours et
demi pour atteindre Tolède.
    Bâtie
dans un site grandiose, sur un promontoire de mille cinq cents pieds, baignée
par le Tage, la capitale des Wisigoths musulmane et chrétienne, devenue ville «
impériale » de la maison d'Autriche, attirait Zéphyrine comme un aimant.
    Elle
n'avait qu'à franchir ces hautes murailles de l 'Arrabal passer la Puerta del Sol aux arcades
mauresques et entrer au plus  haut point de la cité dans cet Alcazar tout neuf, construit sur la vieille forteresse devenue le
siège de la cour d'Espagne.
    Zéphyrine
pouvait entrer, pour se soumettre à la volonté de Charles. La tentation suprême
était de retrouver Madame Marguerite, Corisande et Ramon de Calzada, à qui elle avait promis de venir.
    Tandis
que la jeune femme et ses compagnons traversaient le pont Saint-Martin, Gros
Léon revint du ciel où

Weitere Kostenlose Bücher