La Rose de Sang
croyait. Elle était même étonnée de la facilité avec laquelle Ramon de
Calzada avait tout avoué. La belle salamandre venait d'expérimenter son immense pouvoir sur les hommes. Elle se rendait
compte à quel point il était plus facile de les faire parler « après » qu' «
avant »...
Cette
découverte la fit réfléchir.
Elle
décida de pousser plus loin son enquête :
— Sais-tu, par hasard, quelque chose sur le sort de mon pauvre
époux ? interrogea-t-elle en affectant un ton détaché.
— Rien... Là, je ne sais rien ! affirma Ramon.
Elle
sentit qu'il mentait. Avec sagesse, elle n'insista pas.
Gêné
par la question, don Ramon souffla les chandelles. Dans l 'obscurité, il
passa ses bras autour de Zéphyrine.
— Je t'aime, Zéphyrine... C'est incroyable, mais je t'aime,
avoua Ramon en la serrant amoureusement contre lui.
La
tête sur l'épaule masculine et l'esprit en ébullition, Zéphyrine échafaudait
mille plans.
Elle
finit par s'endormir au moment où elle pourchassait doña Hermina à la cour du
roi du Portugal.
Elle
se réveilla en sursaut. Gros Léon, guéri, « chantait » sur l'appui de la
fenêtre.
— Soleil
! Sardine !
Zéphyrine jeta un regard sur don Ramon. Il dormait encore .
Nue,
elle se leva doucement et chuchota à Gros Léon :
— Vole...
Route Salamanca... ouest... cherche Luigi... Doña Hermina... Fuir avec Luigi...
Route Salamanca... Tu as compris ?
— Salope ! Salamanca !
Salope ! répéta Gros Léon, prouvant qu'il avait saisi le sens de la mission.
— Va vite, Gros Léon, je t'en prie, et reviens à San Simeon !
— Salamanca ca... ca..., croassa l'oiseau avant de tournoyé
haut dans le ciel et de prendre la route de l'ouest.
Zéphyrine
le suivit du regard, petit point noir dans le ciel déjà bleu. Pour l'instant,
elle n'avait rien à faire qu'à attendre leretour de Gros Léon.
Elle
revint vers le lit. Ramon ouvrait les yeux. Il lui tendit les bras. En une
seconde, Zéphyrine se retrouva sous le gentilhomme castillan. Son désir était
insatiable. A sa grande honte, Zéphyrine se laissa aller avec le même plaisir.
Son corps était affamé d'amour...
Chapitre XVII
LA REBELLE
— Viens à Tolède. Fais allégeance, Zéphyrine. Je te jure ma
protection à la cour... Ne crains rien, doña Hermina n'est plus en odeur de
sainteté. Je connais l'empereur, il a été très mécontent quand je lui ai dit
son attitude. C'est pourquoi il m'a autorisé à rester cette nuit. Je t'assure
qu'il te fera rendre ton fils... Tu seras une des grandes dames du royaume.
Réfléchis, Zéphyrine, viens du bon côté. Je pars rejoindre le roi... Promets de
venir, Zéphyrine !
Don
Ramon quittait la jeune femme avec une émotion dont elle ne l'aurait pas cru
capable.
— J'ai quelques affaires à régler, mais je peux être à la cour
sous trois jours, admit Zéphyrine.
— Promets-moi de venir, insista l'hidalgo.
— Oui... oui, je te promets, Ramon, fit Zéphyrine, vaincue.
Don
Ramon l'embrassa avec passion.
En
rentrant à l'auberge, Zéphyrine eut à subir la mauvaise humeur de La Douceur.
De nature fort vertueuse, son écuyer pressentait que la nuit de mam'zelle Zéphy
ne l'avait pas été.
La
robe lacérée par les assauts de don Ramon était une preuve accablante.
Avec
demoiselle Pluche, la curiosité piquait tellement la romanesque vieille fille
qu'elle cherchait par tous les moyens à savoir ce qui s'était passé.
Prenant son air d'Altesse Sérénissime, Zéphyrine se contenta de dire à ses compagnons que don Ramon de Calzada lui avait avoué la fuite de la
louve sanglante vers Salamanca.
— Sabre
de bois ! Tonnerre de Pavie ! Par mon arquebuse, foutu... bouillu... cocu...
Qu'est-ce qu'on attend, mon p'tit?
Qu'on
devrait lui galoper d'ssus et lui couper les poils du cul à la mégère !
Habituée
au langage de La Douceur, Zéphyrine ne s'en formalisa pas.
— Nous attendons le retour de Gros Léon !
— Mais qu'on perd du temps... La gueuse a pris dix lieues hier
et tantôt cinq... Ah ! mamzelle, que j' comprenons pas !
— Taisez-vous donc, La Douceur, vous nous épuisez à crier comme ça, piailla Pluche. Si Madame a son idée, faut la laisser faire.
Zéphyrine
savait que La Douceur n'avait pas tort. Elle aurait dû galoper à la suite de
doña Hermina. Pourtant,
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