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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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quantité de petites barques aux voiles de toutes les couleurs,
tartanes, chaloupes et felouques, s'affairaient entre les gros bateaux.
    —       Madame,
chuchota Piccolo qui était allé aux renseignements... Il y a une nouvelle loi.
Personne ne peut plus embarquer sans permis. Il faut avoir l'autorisation de la
Maison de la traite.
    Cette
nouvelle rassura Zéphyrine. Doña Hermina serait obligée de faire comme tout le
monde.
    —       Où
peut-on obtenir un permis ?
    —       A la Casa de
Contratación [51] !
    Un
marin venait d'expliquer à Piccolo que, devant le tumulte grandissant de
Séville, le roi avait promulgué un édit fort sévère réglementant les départs. On craignait les
espions. Interdiction était faite aux étrangers de posséder des cartes ou
descriptions des Indes. Défense absolue leur était faite de s'y rendre sans autorisation. Seul le roi
Charles Quint pouvait, dans certains cas, leur accorder une dispense spéciale
pour susciter le peuplement de ces lointaines régions.
    Munis
de ces précieux renseignements, Zéphyrine et Piccolo se rendirent dans une aile
de l'Alcazar où étaient logés les bureaux de la Casa de Contratación. Malgré la
splendeur d'une administration royale chargée de faire respecter le monopole du
trafic de la Carrera de Indias [52] ,
la même pagaille régnait à l'intérieur des bâtiments.
    Ce
n'étaient que cris, exclamations, menaces, jurons !
    Malgré
la nouvelle loi promulguée, toute une pègre vitupérante avait pris possession
des locaux. Chacun voulait son visa pour monter à bord. Les officiers,
débordés, tentaient de ramener le calme en hurlant à qui mieux mieux, ce qui
avait pour résultat d'exciter encore plus les chercheurs de fortune.
    Après
s'être faufilée entre les groupes, Zéphyrine avisa un petit scribe dont la mine
effarouchée lui plut. Elle avait conservé quelques réaux qu'elle glissa sous la
plume du gratte-papier. Comme toujours, l'or fit merveille.
    —       Tu veux t'embarquer, mon petit gars ? interrogea le scribe.
    —       Non, Messire..., rétorqua Zéphyrine dans le plus pur
castillan. Je suis venu saluer une mienne cousine, qui, je le pense, veut
partir pour les Indes occidentales. Comment pourrais-je la retrouver ?
    —       Tu sais lire, mon garçon ?
    —       Un peu, Votre Honneur !
    —       Eh
bien ! rien de plus simple, va consulter la liste des prochains passagers qui
est affichée à la capitainerie.
    Parmi tous les
noms, Zéphyrine ne trouva ni Trinita Orlando, ni Hermina de San Salvador, mais
cela ne voulait rien dire. La louve sanglante pouvait avoir encore pris une
autre identité Zéphyrine
retourna voir le scribe. Elle lui donna une description de doña Hermina et de
ses serviteurs.
    —       Hon... Tu dis, avec un nain, un valet et un enfant en bas
âge.
    —       Mais, si vous la voyez, ne dites surtout pas que je suis là
vous comprenez, Messire, je désire lui faire la surprise..., se hâta d'ajouter
Zéphyrine.
    Le
scribouillard indulgent, pensant à quelque amourette, promit de garder le
secret.
    —       Je reviendrai aux nouvelles, dit Zéphyrine.
    En
ressortant de la Casa, elle hésita sur la conduite à tenir. Gros Léon revenait à tire-d'aile. Il
avait « visité » du ciel tous les ponts des bâtiments, les felouques sur le
fleuve et les quais, mais n'avait pas aperçu l'ombre de doña Hermina.
    Pendant
plusieurs jours, Zéphyrine et ses compagnons quadrillèrent la ville : à
demoiselle Pluche les églises, à Piccolo les auberges, à Gros Léon les beaux
quartiers. A Zéphyrine, malgré les protestations d'Arthémise, les ruelles
populeuses.
    Connaissant
les goûts étranges de doña Hermina, Zéphyrine était sûre que sa satanique
belle-mère avait trouvé refuge dans quelque sombre demeure sans fenêtre sur la
rue.
    Depuis
sa vie chez les mendiants de Rome [53] , Zéphyrine savait parler aux
ruffians. Elle s'aventurait là où les alguazils [54] n'osaient se rendre. Même dans les tavernes de brigands.
    En
quelques jours, elle s'était liée d'amitié avec des picaras [55] tenant
le haut du pavé. Ceux-ci la prenaient pour un jeune homme épris d'aventures.
    Elle
osa même s'aventurer jusqu'au corral de Los Naranjos [56] ,
véritable cour des Miracles habitée de lépreux et mendiants professionnels.
    Zéphyrine,
maintenant, connaissait mieux Séville que personne. Elle se rendait compte que,
dans cette ville, tout était

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