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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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Messieurs,
vous avez entendu le message de Madame la Vierge à la señora Zéphyrine...
Ouest, quart nord-ouest!
    Cortés mit un genou
en terre et pria, la tête entre les mains...

Chapitre XXIV
LA CASTILLE D'OR
     
     
    —       Tierra
! Tierra !
    A ce cri,
Zéphyrine, encore affaiblie, monta sur le pont.
    On était en vue de
l'île verdoyante de San Juan [96] .
    —       Je
crois que vous êtes un peu sorcière, Zéphyrine, chuchota Cortés en se signant.
    Pedro de Cadix
l'imita. Le pilote regardait la jeune femme avec respect, mais crainte aussi.
    Elle ne répondit
pas, impatiente de descendre à terre.
    Avec Pluche et
Piccolo qui avaient survécu, elle interrogea les habitants.
    « Avaient-ils vu la
flota précédente ou eu des nouvelles du Santiago ? »
    Parmi la population
hétéroclite, se composant de marchands portugais, soldats espagnols, esclaves
maures et noirs, galériens en liberté, filles de joie et moines, personne ne
savait rien. Tout ce beau monde se côtoyait, se battait, s'ignorait.
    —       Vous
êtes la première flota que nous voyons depuis longtemps dans ce sens. La
dernière repartait pour l'Espagne, affirmèrent-ils.
    —       Et la galère Conception ?
    On ne savait rien.
    Zéphyrine piaffait
d'impatience. Les vaisseaux malmenés par l'ouragan durent rester à réparer les
coques et la mâture pendant de longs jours.
    Les hommes avaient
surtout besoin de se restaurer, de manger des fruits frais dont l'île
regorgeait.
    Zéphyrine prenait
des bains dans les lagons de coraux. Elle voyait peu Cortés, occupé par son
galion. Depuis la tempête et la « prédiction de la Vierge », leurs rapports
avaient changé Cortés ne cherchait plus à attirer Zéphyrine dans son lit. Il
paraissait à la fois ébloui par son pouvoir, mais aussi terrifié.
    Zéphyrine ne s'en
plaignait pas. Ses forces physiques et morales tendaient toutes à retrouver la
trace de doña Hermina et Luigi.
    A tous ces soucis
s'en ajoutait un autre : Zéphyrine, tremblante, craignait d'être enceinte. Elle
n'avait jamais pensé à cette éventualité et refusait l'idée de pouvoir attendre
un enfant d'un autre homme que Fulvio. Mais voilà, tous les signes de la nature
étaient là ou plutôt n'étaient pas là pour la rassurer.
    On remit à la voile
pour aller faire une nouvelle escale à Carthagène
des Indes.
    Zéphyrine se
désespérait. « On n'arrivera jamais ! » pensait- elle, comptant les jours.
    Dans le petit port
rouge de Carthagène, Zéphyrine apprit une bonne nouvelle : la flota précédente
s'était arrêtée non loin de là à Santa Maria [97] . Le Santiago faisait
partie de l'Armada. Malmené par l'Océan, le vaisseau avait repris sa route dix
jours auparavant vers l'isthme de la Nouvelle-Espagne !
     
    «C'est ça, leur
fameuse "Castello de Oro [98] "
!», pensa Zéphyrine, horrifiée.
    Aux passagers
harassés par ces quatre-vingt-dix jours de traversée, Nombre de Dios [99] n'offrait pas, il s'en faut, l'image la plus séduisante des Indes occidentales.
    C'était, sur la
bande de terre de l'isthme, une longue plage sans installations, ni port, ni
abri véritable pour la flota qui mouillait dans
une baie. Sur le sable gris, il y avait cent cinquante à deux cents cabanons de bois branlants, habités
seulement lors des passages des Armadas.
    Dès que Zéphyrine
posa le pied à Nombre de Dios, elle comprit qu'outre sa laideur l'endroit avait
un climat torride et malsain, qu'il était infesté de moustiques et sans eau
potable.
    Les cabanes
puaient. Le sable lui-même dégageait une odeur pestilentielle. Mais, comme
disait demoiselle Pluche : « Il ne faut pas se plaindre, Madame, nous sommes
sur terre au lieu d'être sous l'eau ! »
    La philosophie de
la brave Arthémise redonna courage à Zéphyrine et à Piccolo. Pourtant, la jeune
femme demeurait triste d'avoir perdu son choucas. Gros Léon allait bien lui
manquer.
    Pendant deux
semaines, les hommes déchargèrent des soutes des vaisseaux les mulets et
chevaux survivants, les canons, la poudre, les arquebuses. Ils remontaient les
bois et roues des chariots.
    Cinq autres
vaisseaux de la flota de Cortés rejoignirent l'Armada. Ils avaient été moins
malmenés et leurs cales étaient à peu près intactes.
    Finalement, on
n'avait perdu que trois navires, dont la Conception, depuis
Séville.
    Tandis que Cortés
faisait compter bêtes et gens — environ un quart des passagers étaient morts,
soit de l'ouragan, soit de maladie —,

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