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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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la place du simple timonier. De son
balcon sous la dunette, il s'empara de la barre verticale aboutissant, un pont
plus bas, à l'extrémité du timon horizontal solidaire du safran.
    Ces dernières
années, les galions étaient devenus trop lourds pour qu'un homme puisse les
faire virer en poussant sur le timon d'une barre. Progrès de la science,
prenant appui sur le pont qu'elle traversait, la « manuelle » faisait bras de
levier et déplaçait le timon en principe sans difficulté. Dans l'ouragan,
c'était autre chose.
    Zéphyrine,
fascinée, regardait Pedro de Cadix luttant sur ce simple bout de bois
gouvernail qui était censé diriger le navire !
    —       Réduisez
la mâture ! La civadière... le hunier... le flèche en cul... le petit foc... le
grand cacatois!
    L'amiral Cortés
hurlait ses ordres au capitaine, lequel les redonnait à son second, monsieur
Pigafetto.
    —       Monseigneur,
je laisserais le cacatois, il va nous aider à lutter contre les tourbillons !
osa protester le capitaine Gomez.
    Cortés le foudroya
du regard, mais accepta la proposition du marin.
    « Pour que le
vice-roi supporte un conseil, faut-il que nous soyons en danger ! » pensa
Zéphyrine.
    Le bras de Cortés
se posait sur ses épaules. Zéphyrine leva la tête et regarda le conquistador.
    « Fulvio... Si nous
étions tous les deux dans la tourmente..., je n'aurais pas peur de mourir dans
tes bras... »
    —       Les carpintores ont réparé les sabords, Zéphyrine, redescends à
l'abri et aie confiance, je te jure, parole de Cortés, que nous arriverons à
bon port !
    —       Monseigneur...
! hurlèrent les officiers.
    Ils désignaient,
tremblants, une vague de soixante pieds de haut qui se dressait devant le
navire. Les hommes se signèrent. Jamais chrétien n'avait vu pareille barrière
monstrueuse.
     
    L'eau déferle de
partout. Zéphyrine et Cortés roulent contre un coffre. Sans le bras musclé du
conquistador, Zéphyrine passerait par-dessus bord. Un moment, elle reste les
yeux fermés, le souffle coupé sous la douche
glacée. Les lèvres de Cortés prennent sa bouche. Elle l'embrasse avec passion.
Quand elle rouvre les yeux, étonnée d'être en vie, les officiers se relèvent. Les nouvelles tombent : Les
cabestans sont faussés !
    —       Les
ancres perdues !
    — Le mât de misaine
a cédé !
    —       Le
beaupré aussi !
    —       Toutes
les vergues sont brisées !
    —       Les
coffrages craqués !
    —       L'Armada
est perdue !
    Le capellan à genoux dit la prière des morts.
    Pendant trois jours
et trois nuits, l'ouragan fait rage. Les hommes disparaissent dans les flots ou
sont écrasés par la chute des mâts. Le diable a pris le vaisseau. Les hommes
appellent ce vent fou de nouveaux mots : cyclone, tornade, typhon...
    « La mer Ténébreuse
se venge ! » disent-ils.
    Tout est mouillé.
Zéphyrine, comme les autres, ne mange plus. Le pain est perdu. Les soutes
inondées. La viande avariée. Dans les cales, les animaux : vaches, chevaux,
meurent le ventre gonflé.
    Aidée de Piccolo,
Zéphyrine écope sans relâche l'eau dans sa chambre. Grelottante et verte dans
son lit trempé, Pluche est bien mal en point, elle se vide par le haut et par
le bas.
    Zéphyrine a cherché
partout Gros Léon. Désolée, elle doit admettre la disparition de son choucas.
La pensée qu'il soit mort, pris dans la tourmente, la désespère.
    A-t-il trouvé
refuge à bord de la galère ou d'un autre bâtiment ? Les mains rougies par le
sel, elle remplit inlassablement des seaux pour aller, manœuvre dangereuse, les
jeter par-dessus bord.
    Pendant ces jours
dramatiques, elle voit peu Cortés qui ne quitte pas la dunette. C'est à peine
si l'amiral prend quelque repos dans son fauteuil de coupée.
    Le quatrième jour
au matin, les passagers du Victoria se
redressent, surpris. Le vent a miraculeusement cessé. Un chaud soleil luit.
    Zéphyrine monte sur
la dunette. Cortés et ses officiers scrutent l'Océan. Il n'y a pas une voile à
l'horizon. Toute l'Armada a-t-elle fait naufrage ?
    La journée sur le
galion se passe à compter les morts, réparer tant bien que mal les dégâts
considérables, soigner les blessés et réalimenter les rescapés, mais même l'eau
potable a le goût de sel.
    Zéphyrine aide
l'aumônier et le chirurgien à panser les plaies Elle déchire chemises et draps
pour en faire de la charpie. Des hommes ont eu des membres entamés par les
chutes de mâts. Il

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