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La Sorcière

La Sorcière

Titel: La Sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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aime à se tenir. Alors on voit, on croit voir, un minois subtil. On lui dit : « Oh ! petit, nous t'avons vu ! »
    On leur dit bien à l'église qu'il faut se délier des esprits, que tel qu'on croit innocent, qui glisse comme un air léger, pourrait au fond être un démon. Ils se gardent bien de le croire. Sa taille le fait croire innocent. Depuis qu'il y est, on prospère. Le mari autant que la femme y tient, et encore plus peut-être. Il voit que l'espiègle follet fait le bonheur de la maison.
    15. Trois pas du côté du banc,
Et trois pas du côté du lit.
Trois pas du côté du coffre,
Et trois pas. Revenez ici.
( Vieille chanson du Maître de danse .)
    16. Les textes de toute époque ont été recueillis dans les deux savants ouvrages de M. Alfred Maury (les Fées , 1843 ; la Magie , 1860). Voir aussi, pour le Nord, la Mythologie de Grimm.
    17. Rien de plus touchant que cette fidélité. Malgré la persécution, au cinquième siècle, les paysans promenaient, en pauvres petites poupées de linge ou de farine, les Dieux de ces grandes religions, Jupiter, Minerve, Vénus. Diane fut indestructible jusqu'au fond de la Germanie (V. Grimm). Au huitième siècle, on promène les dieux encore. Dans certaines petites cabanes, on sacrifie, on prend les augures, etc. ( Indiculus paganiarum , Concile de Leptines en Hainaut). Les Capitulaires menacent en vain de la mort. Au douzième siècle, Burchard de Worms, en rappelant les défenses, témoigne qu'elles sont inutiles. En 1389, la Sorbonne condamne encore les (races du paganisme, et, vers 1400, Gerson ( Contra Astrol .) rappelle comme chose actuelle cette superstition obstinée.
    18. A. Maury, Magie , 159.
    19. C'est une des retraites favorites du petit friand. Les Suisses, qui connaissent son goût, lui font encore aujourd'hui des présents de lait. Son nom, chez eux, est troll (drôle) ; chez les Allemands, kobold, nix ; chez les Français, follet, goblin, lutin ; chez les Anglais, puck, robin hood, robin good fellow . Shakespeare explique qu'il rend aux servantes dormeuses le service de les pincer jusqu'au bleu pour les éveiller.

IV
    Tentations
    J'ai écarté de ce tableau les ombres terribles du temps qui l'eussent cruellement assombri. J'entends surtout l'incertitude où la famille rurale était de son sort, l'attente, la crainte habituelle de l'avanie fortuite qui pouvait, d'un moment à l'autre, tomber du château.
    Le régime féodal avait justement les deux choses qui font un enfer : d'une part, la fixité extrême , l'homme était cloué à la terre et l'émigration impossible ; — d'autre part, une incertitude très-grande dans la condition.
    Les historiens optimistes qui parlent tant de redevances fixes, de chartes, de franchises achetées, oublient le peu de garanties qu'on trouvait dans tout cela. On doit payer tant au seigneur, mais il peut prendre tout le reste. Cela s'appelle bonnement le droit de préhension . Travaille, travaille, bonhomme. Pendant que tu es aux champs, la bande redoutée de là-haut peut s'abattre sur ta maison, enlever ce qui lui plaît « pour le service du seigneur ».
    Aussi, voyez-le, cet homme ; qu'il est sombre sur son sillon, et qu'il a la tête basse !... Et il est toujours ainsi, le front charge, le cœur serre, comme celui qui attendrait quelque mauvaise nouvelle.
    Rêve-t-il un mauvais coup ? Non, mais deux pensées l'obsèdent, deux pointes le percent tour à tour. L'une : « En quel état ce soir trouveras-tu la maison ? » — L'autre : « Oh ! si la motte levée nie faisait voir un trésor ? si le bon démon me donnait pour nous racheter ! »
    On assure qu'à cet appel (comme le génie étrusque qui jaillit un jour sous le soc en figure d'enfant), un nain, un gnome, sortait souvent tout petit de la terre, se dressait sur le sillon, lui disait : « Que me veux-tu ? » — Mais le pauvre homme interdit ne voulait plus rien. Il pâlissait, il se signait, et alors tout disparaissait.
    Le regrettait-il ensuite ? Ne disait-il pas en lui-même : « Sot que tu es, tu seras donc à jamais malheureux ! » Je le crois volontiers. Mais je crois aussi qu'une barrière d'horreur insurmontable arrêtait l'homme. Je ne pense nullement, comme voudraient le faire croire les moines qui nous ont conté les affaires de sorcellerie, que le Pacte avec Satan fût un léger coup de tête, d'un amoureux, d'un avare. A consulter le bon sens, la nature, on sent, au contraire, qu'on n'en venait là qu'à

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