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la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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soulagé. Soulagé de retrouver sa liberté et sa vie indépendante de jeune homme sans attache.
    Bien sûr, il y avait Yvette ! Mais sa mère avait reçu cet enfant comme une faveur du ciel. Elle la veillait jalousement, la nourrissait avec une patience admirable et la défendait comme si quelqu’un eut cherché à la prendre. Hélas, elle s’illusionnait bien ! Personne ne songeait à cette enfant. Sa belle-famille, sitôt les obsèques terminées, était repartie vers son village, bien heureuse qu’on ne la sollicite pas pour s’occuper de cette petite fille qui se laissait oublier et ne pleurait pratiquement jamais !…
    Comme le temps avait passé ! Dire que cette petite Yvette était celle qui lui donnait tant de soucis, aujourd’hui. Yvette et ce garçon… Mais pourquoi donc était-elle allée s’enticher de cet étranger, alors qu’il y avait de si braves gars dans le coin ? Pourquoi fallait-il, qu’entre tous, elle choisisse celui-là ? Une sourde colère l’envahit. Et puis, en réfléchissant, un brin de sagesse lui revint… Et lui ? Comment expliquer l’attachement qui le rendait si dépendant de Clémence et de ses caprices ?
    Il était assez lucide, au fond de lui-même, pour se rendre compte que sa femme avait fait le vide autour de lui. Jamais il n’avait voulu le reconnaître et pourtant, aujourd’hui, il voulait bien en convenir mais il ne l’avouerait pour rien au monde !
    Clémence, c’était sa vie. C’était une autre partie de lui-même. Il n’approuvait pas toujours ses actes. La plupart du temps, il restait muet pour ne pas provoquer ses terrifiantes colères… Les rares fois où il avait osé prendre le contrepied de ses affirmations, il n’avait pas tenu plus de quelques secondes. Sa femme, lui opposant des arguments irréfutables et terminant le tout par une scène suivie d’une interminable bouderie. C’était encore ce qu’il redoutait le plus… Au fil des ans, il avait de moins en moins osé faire entendre sa voix.
    Mais, aujourd’hui, il s’agissait d’Yvette, sa fille, et il avait décidé de tout faire pour qu’elle et ce garçon, comment s’appelait-il déjà ? Ah oui, David… Pour qu’Yvette et David puissent être heureux. Yvette devait bien se douter de quelque chose puisqu’elle n’avait pas voulu lui parler à lui, son père…
    Clémence disait qu’elle avait fait la putain à Paris, pendant la guerre, et avec des Allemands encore !… Au début, il avait refusé de le croire, et puis, comme toujours, sa femme lui avait ouvert les yeux et l’avait convaincu.
    Mais, après tout, cela était du passé. C’était son affaire à elle, Yvette… Apparemment, elle s’en était tirée sans trop de mal et personne ne s’en doutait.
    Depuis qu’elle était revenue, on ne pouvait rien lui reprocher et cela paraissait contrarier Clémence… Elle était vraiment bizarre, elle aussi, ces derniers temps ! Comprenait-elle, enfin, qu’elle était allée trop loin ? Mais non, ne voila-t-il pas qu’il s’illusionnait encore une fois sur elle…
    Que pouvait-il faire entre ces deux femmes qu’il aimait également ?
    La migraine lui enserrait les tempes. Il sortit en claquant la porte : seule velléité de sa rébellion…

XX
    La vérité impossible
    Dans la petite chambre qu’il avait fini par dénicher, à Mende, sous les toits, David rêvait.
    Cette mansarde, éclairée par une seule fenêtre qui ne laissait passer qu’un rai de lumière parcimonieux, lui plaisait bien. Les soirs d’hiver, l’eau du pot à toilette formait un énorme bloc. Et l’été, aucun souffle d’air n’entrait : on étouffait…
    De la rue montaient des bruits continus et ininterrompus. Pas pressés des passants, criailleries d’enfants, disputes de commères, sans compter la radio hurlante de ses voisins d’en face. Les maisons de cette rue moyenâgeuse montaient en se rapprochant. Les habitants des combles auraient pu, s’ils l’avaient voulu, se toucher la main. En se mettant à la fenêtre, la vie des inconnus que le hasard avait placés en vis-à-vis s’étalait sous les yeux…
    Mais David était rarement chez lui. Son travail à la poste le prenait six jours sur sept. Le dimanche matin, quand la radio le voulait bien, il faisait la grasse matinée. L’après-midi, sur son vélo, il filait à Venède revoir Yvette.
    Cette vie avait duré jusqu’à la semaine précédente, et puis, brusquement, tout avait basculé… Yvette était devenue

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