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la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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rauque :
    « Quoi ?…
    — Pourquoi es-tu venu spécialement ici, y avait-il une raison pour ça ?
    — Mais non, que vas-tu imaginer ! »
    Il s’en voulait mais ne pouvait se résoudre à parler. Pas comme ça, pas avec l’hostilité déclarée qu’il lisait dans ses yeux. Il s’était bien promis qu’aujourd’hui, il lui raconterait son histoire… Mais il ne pouvait pas, non, il ne pouvait pas. Yvette continua :
    « Je n’imagine rien, je pense que tu me caches quelque chose depuis le début et je voudrais bien savoir quoi… »
    Il se sentit vexé d’être deviné et, oubliant toutes ses approches pour avouer son secret, riposta durement :
    « Je te cache quelque chose, c’est sûr… Mais toi aussi, tu mens, et n’essaie pas de me dire que ce n’est pas vrai, je ne te croirai pas ! »
    Yvette baissa les yeux et ne répondit pas. David reprit :
    « Nous sommes quittes, je crois. Je t’ai caché ce que je venais chercher dans ton village, mais toi, tu as un secret. Peut-être, justement, une chose que je voudrais savoir et que tu t’obstines à me taire… »
    Yvette l’interrompit :
    « Mais non, ce n’est pas ça du tout !
    — Alors, c’est quoi ? »
    Comment dire, comment lui expliquer qu’elle redoutait que sa mère eût dénoncé ses parents, à lui… Jamais il ne pourrait comprendre. Elle resta muette. David se méprit :
    « C’est bien ce que je craignais : tu sais quelque chose et tu ne veux pas m’en parler ! »
    La jeune fille se cabra et, d’une voix rauque et dure, répliqua :
    « Mais que veux-tu que je sache, tu ne m’as jamais parlé ni de toi, ni de tes recherches ; et il faudrait que je réponde à une question que tu n’as jamais posée ! »
    David haussa les épaules et la regarda un moment, puis il dit lentement :
    « Je croyais que nous étions prêts à nous faire confiance, mais je vois que je me suis trompé. Dans ce cas, il vaut mieux nous séparer… » Les lèvres serrées, il ajouta : « Ecoute Yvette, c’est vrai, je t’ai menti, non pas exactement menti, mais je t’ai caché quelque chose de très important pour moi. Quelque chose que je me suis juré de découvrir ! Il s’agit de ma famille qui a disparu toute entière pendant la guerre. Je l’ai promis et c’est mon devoir de rechercher des renseignements. Il y a quelque temps que je me doute que tu sais des choses, c’est pourquoi ton attitude a changé… Tu ne veux pas m’en parler. Est-ce que je me trompe ?… »
    Yvette se mit à pleurer à gros sanglots et, suffoquant, avoua :
    « Je… je crois que j’ai compris ce que tu cherches… Mais je ne peux pas, je ne peux absolument pas t’aider… »
    Sa voix montait crescendo et elle sentait venir le moment où elle ne serait plus maîtresse de ses nerfs. David aussi s’en aperçut. Il la serra contre lui et lui dit doucement :
    « Pardonne-moi, je ne croyais pas que ce soit si dur pour toi… Ces derniers temps, j’avais pensé que tu t’amusais de moi, et ça me rendait fou. Je comprends, maintenant, que toi aussi, tu es une victime de je ne sais qui ou quoi… Je ne te tourmenterai plus. Garde ton secret, et moi, le mien.
    Peut-être, un jour, acheva-t-il tristement, nous pourrons sauter cet obstacle et nous retrouver. Il faut laisser faire le temps ! Pour le moment, j’avoue que je ne sais plus très bien où j’en suis… Je ne sais plus que faire. Mais, il me faut continuer à chercher… »
    Il la regarda et acheva, avec un sourire plus triste qu’une larme :
    « Tu ne peux pas m’aider, et moi, je dois trouver quand même. C’est insoluble. Disons-nous adieu… » Et, se penchant, il l’embrassa sauvagement, enfourcha son vélo et partit sans se retourner.
    Yvette le suivit des yeux. En touchant sa joue, elle y sentit les larmes de David qui coulaient sur son visage.
    Sans les essuyer, accablée, elle reprit, lentement, le chemin du village.

XXI
     
    La maladie
    L’été battait son plein. Les moissons venaient juste de commencer. Le village entier était soucieux car une épidémie de fièvre aphteuse ravageait la contrée et elle venait, cette semaine, de s’attaquer à plusieurs étables de Venède.
    Les uns après les autres, les bovins – vaches, bœufs, veaux ou génisses – perdaient leur vitalité, regardant tristement le sol et soulevant leurs sabots d’un air accablé… Peu à peu, une bave blanchâtre s’échappait de leurs naseaux. Les pauvres animaux se

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