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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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prière improvisée, Corbett eut un
sourire.
    Elle se pencha et lui saisit l’épaule. Au clair
de lune, le magistrat put distinguer combien, quand elle était jeune, Sorrel
avait dû être jolie.
    — Je veux la justice, Messire.
    Ses yeux, remplis de larmes, étincelèrent.
    — Est-ce trop demander ? Le Bon Dieu
au paradis ne peut-il m’accorder un peu d’équité, à moi, une pauvre veuve ?
Vous êtes la réponse à ma prière. Quand je vous ai vu à cheval sur la place du
marché, j’ai cru que Dieu en personne était venu à Melford.
    — C’est blasphème, la taquina le clerc.
    — Non, Messire, c’est la vérité. Si vous
faites justice à la malheureuse Sorrel, si vous découvrez où gît mon mari, si
les coupables sont expédiés devant le tribunal divin, alors, chaque jour, je
ferai brûler un cierge pour vous.
    Le magistrat réprima un frisson. Il avait siégé
parmi les juges du roi à Westminster, il avait écouté des pétitions qui
demandaient réparation, il avait pourchassé les fils de Caïn aux mains rouges
de sang, mais n’avait jamais eu à faire à une telle passion : un désir insatiable
de justice qui jaillissait du tréfonds de l’âme.
    — M’aiderez-vous ? le pressa Sorrel.
    — Avez-vous jamais pénétré dans un
labyrinthe, Maîtresse Sorrel ? C’est là où je me trouve à présent. Melford
est un labyrinthe avec de petits fossés, des sentiers et des coins sombres. Des
ombres ondoient et virevoltent. Nous avons la mort de ces jeunes femmes, celle
de Maîtresse Walmer et maintenant celles de Molkyn et de Thorkle.
    — Je ne sais rien de celles-ci, coupa
Sorrel d’un ton sec. Que Dieu me pardonne, Messire, mais quand j’en ai eu vent,
mon cœur a bondi. La justice divine arrive donc, ai-je pensé.
    — Que voulez-vous dire ?
    Levant les yeux, il saisit son regard farouche.
Était-elle une meurtrière ? Sa soif d’équité allait-elle jusque-là ?
Avait-elle cru Molkyn et Thorkle responsables, d’une façon ou d’une autre, de
la mort de son époux ?
    — Je sais à quoi vous pensez, Messire,
dit-elle à voix basse. J’ai dit que j’étais heureuse, non coupable.
    — Pourquoi fallait-il donc qu’ils meurent ?
interrogea Corbett. Se peut-il que quelqu’un d’autre soit persuadé de l’innocence
de Sir Roger et veuille se venger ?
    — Je l’ignore. Vous devriez en fait aller
rendre visite aux veuves. Je suis sûre que vous les trouverez ensemble. Les
femmes de Molkyn et de Thorkle ont des liens de sang, bien que parentes
éloignées.
    Sorrel ôta les étriers et Corbett l’aida à
mettre pied à terre.
    — J’ai assez chevauché.
    Elle glissa dans celle du clerc sa main rude et
chaude. Il se demanda ce que Lady Maeve penserait de sa promenade main dans la
main, de nuit et en pleine nature, avec cette étrange femme de braconnier.
    — Écoutez, j’ai trois choses à vous dire,
puis j’en aurai fini, déclara-t-elle. D’abord que je vous ai épié à Devil’s
Oak. Vous regardiez l’endroit où on a découvert le corps d’Elizabeth, non ?
    Corbett acquiesça.
    — Je l’ai aperçue, reprit Sorrel. Tard dans
l’après-midi du jour où elle a disparu. Elle avait une cachette dans le bouquet
d’arbres en haut de la prairie.
    — Une cachette ?
    — Allons, Messire, vous avez été enfant,
jadis ! Vous avez vécu dans une demeure avec vos parents, vos frères, vos
sœurs et votre chien et vous aviez sûrement un endroit secret. Elizabeth, la
fille du charron, en avait un, comme tout jouvenceau ou jouvencelle ; des
lieux où ils peuvent se retrouver.
    — Alors vous êtes la dernière à l’avoir vue
vivante ?
    — C’est vrai et, avant que vous ne me
posiez la question, je précise qu’Elizabeth se hâtait. Je me suis dissimulée et
l’ai observée. D’après son visage, on pouvait dire qu’elle était surexcitée et toute
guillerette.
    — Auquel cas, avoua le magistrat, je suis
vraiment perplexe. Tout ce que vous avez observé prouve qu’Elizabeth a sans
doute été tuée quelque part entre ce bosquet et Devil’s Oak. Rusé, son assassin
a caché les traces de son forfait. Je ne peux que présumer qu’on a déplacé son
cadavre du lieu du meurtre jusqu’à l’endroit où on l’a retrouvé. Par
conséquent, soupira-t-il, je perdrais mon temps à fouiller ce coin. Quoi d’autre ?
    — Ces cinq dernières années, six jeunes
femmes, y compris Cecily Walmer, ont été violées et tuées autour de Melford.
Mais ce

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