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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Messire, n’est-ce pas ? Si ces hommes étaient
là, ou leurs épouses, ou leurs amantes, ils raconteraient des histoires de la
même farine à mon propos.
    — Grand-mère Crauford, la Jérémie de
Melford ? interrogea Corbett.
    — Elle et ce Peterkin ! Disons,
Messire, qu’il peut y avoir un Momeur, mais que les semblables de Crauford et
de Peterkin eux aussi portent un masque. Ils ne sont pas ce qu’ils paraissent,
et ce qu’ils sont en vérité m’échappe. Elle, elle maugrée et grommelle. Lui
joue les simplets, sert celui-ci ou celui-là et dépense ses pennies en
sucreries.
    — Et l’histoire de Melford ?
    Sorrel fit une pause et frappa le sol de son gourdin.
    — Comme vous pouvez le deviner, je ne suis
point née à Melford. Je suis venue ici par hasard il y a douze ans et ai
rencontré Furrell. Il s’est montré bienveillant et m’a appris à vivre à la
campagne. Je me suis dit : « Au fond, ce n’est pas si mal ! »
Les arbres et les prés du Bon Dieu valent bien les ruelles pisseuses de...
    Corbett était certain qu’elle allait ajouter
«Norwich », quand elle se mordit les lèvres.
    — Furrell prétendait que Melford était un
drôle d’endroit. Il y avait un hameau ici avant même l’arrivée des Romains.
Savez-vous qui habitait céans, Messire ? Le roi Guillaume n’était-il pas
leur chef ?
    Le magistrat rit et secoua la tête.
    — Non, non, c’était un peuple différent et
une époque différente.
    — En tout cas, reprit Sorrel, décidée à
faire étalage de ses connaissances, Furrell croyait que des tribus sauvages
avaient vécu dans la région : elles faisaient des sacrifices humains...
    Elle désigna un bosquet éloigné.
    — ... sur de grandes dalles de pierre ou
pendaient les victimes aux chênes.
    — Pensez-vous que c’est pour cela que
grand-mère Crauford croit que Melford est un lieu sanglant ?
    — Peut-être, murmura-t-elle. Je vous
montrerai quelque chose ce soir. Vous pourrez aussi rencontrer mes amis.
    — Vos amis ?
    — Des bohémiens, expliqua-t-elle. Leurs
contes peuvent vous intéresser. Allons, venez voir quelque chose, Messire,
quelque chose qui m’intrigue.
    Elle reprit son chemin d’un bon pas. Ils descendaient
à présent. Corbett aperçut la rivière et la masse sombre de Beauchamp avec ses murs
délabrés et ses fenêtres dégarnies qui se découpaient nettement sur un pan de
ciel étoilé. Il se remémora l’histoire d’une maison hantée près de son village
quand il était enfant. On F avait mis au défi d’y passer une nuit ; il se
souvint aussi de l’ire de sa mère quand elle avait trouvé son lit vide.
    Ils parvinrent enfin à un pont de fortune jeté
sur d’étroites douves à l’odeur méphitique.
    — Parfois, quand la rivière est pleine,
elles sont drainées, expliqua Sorrel.
    Corbett se souciait davantage de son cheval que
le bruit de ses sabots claquant sur les planches de bois rendait nerveux et
ombrageux. Ils passèrent près du vieux corps de garde et entrèrent dans la cour
intérieure pavée. Par hasard  – mais peut-être le bâtisseur l’avait-il
voulu  – la cour semblait retenir le clair de lime, ce qui exacerbait l’aspect
spectral du château.
    — Un endroit hanté ! s’exclama
Corbett. Ses fantômes ne vous troublent-ils pas ?
    — Oui, les gens prétendent que c’est hanté,
sourit la femme, et j’embellis l’histoire pour les éloigner !
    — N’avez-vous pas peur ?
    — Des esprits ? C’est vrai qu’il y a d’étranges
bruits la nuit. Je me demande souvent si Furrell revient veiller sur moi,
toutefois ce sont les vivants qui me préoccupent. Et, avant que vous ne posiez
la question, Messire, les inconnus et les bandits ne m’inquiètent pas vraiment.
Pourquoi attaqueraient-ils des gens de ma sorte ? D’autant plus,
ajouta-t-elle en traversant la cour, que j’ai gourdin et dague, sans parler d’une
arbalète et de flèches.
    Elle conduisit Corbett dans la grand-salle en
ruine. Il manquait la plus grande partie du toit et la charpente était livrée
aux éléments. Sorrel alluma des lumignons et, à leur lueur dansante, le
magistrat entrevit des peintures à moitié effacées sur le mur du fond. L’estrade,
en haut, avait jadis été dallée, mais la plupart des pierres avaient été
arrachées.
    — Vous pouvez attacher votre cheval ici,
dit Sorrel.
    Corbett s’exécuta et traversa l’estrade sur ses
talons. La porte percée dans le mur du fond avait

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