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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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prierait, ferait pénitence
encore et encore. Saint Edmund, patron de cette église, demanderait peut-être à
Dieu de lui envoyer un ange consolateur. Mais y avait-il des anges ? Dieu
s’intéressait-il à lui ?
    Il ferma les yeux. Il aurait dû se faire moine.
Bellen chercha l’apaisement en entonnant des versets de l’office divin. Il
scruta les ténèbres. Les sculptures lui rendirent son regard : anges,
démons, visages de saints et même l’image ciselée des prêtres et vicaires qui
avaient servi avant lui. Que devait-il faire ? Écrire à l’évêque ? Se
confesser entièrement ? Mais quelles preuves possédait-il ? Ou
devait-il se présenter devant ce clerc aux yeux perçants ? C’était un
émissaire royal, mais néanmoins un homme ; il comprendrait.
    Bellen entendit le vent qui faisait craquer et bruire
les branches enchevêtrées des ifs, dehors. Puis un bruit, semblable au
cliquetis d’un loquet. Mais c’était impossible ! Il avait sans nul doute
fermé derrière lui la porte du dépositoire. Il soupira derechef et se releva.
Quittant la chapelle, il descendit le transept vers la porte latérale. Le
loquet était bien fermé. Tremblant et se sentant stupide, Bellen le souleva et
ouvrit l’huis. L’air froid de la nuit s’engouffra dans l’édifice. Le cimetière
était silencieux sous le clair de lune. Il s’apprêtait à refermer la porte
quand il baissa les yeux, les cheveux se hérissant de terreur sur sa nuque
glacée. Il distinguait des empreintes de bottes. Quelqu’un était venu céans,
comme un voleur dans la nuit, s’était tapi dans l’ombre et l’avait épié.
    Sir Hugh Corbett tira sur les rênes et contempla
l’église. La grille du cimetière était fermée, mais, à la lueur de la lune, il
apercevait l’allée, les croix, les sculptures et les tombes. Herbe et ajoncs
scintillaient déjà sous le gel. Le magistrat était las et transi. Un hibou
hulula au fond de l’enclos. Corbett sourit. La prochaine fois qu’il narrerait
un conte à la petite Aliénor, il se souviendrait de ce lieu avec ses ombres,
les taches de lumière du clair de lune, son silence troublant et le cri
sinistre d’un oiseau de nuit. Il mourait de faim. Fermant les paupières, il se
remémora la grand-salle du manoir de Leighton. Assis dans sa chaire ou sur des
coussins devant un grand feu ronflant, il surveillait un tisonnier qui
rougissait dans les flammes : il le retirait alors et réchauffait des
coupes de posset [9] pour lui et Maeve. Elle chantonnait l’une de ses tristes chansons galloises.
Les bûches crachaient et crépitaient, les flammes bondissaient plus haut... Il
rouvrit les yeux.
    — Ô mon Dieu ! soupira-t-il. Le vent
est froid et la nuit pénible. Comme j’aimerais être dans mon lit, les bras de
mon amante autour de moi !
    Il rit sous cape. Maeve l’aurait traité de
troubadour. Son cheval hennit et, levant un sabot, frappa la terre dure du
chemin. Corbett flatta l’encolure de l’animal.
    — Allons, allons ! Brave bête !
le rassura-t-il. Tu as beaucoup couru et fait du bon travail. Tu auras de l’avoine
et une litière fraîche ce soir !
    Le bai rejeta la tête en arrière et hennit de
nouveau comme s’il pouvait sentir la chaleur particulière de sa stalle à La
Toison d’or.
    Corbett avait quitté Sorrel et passé l’essentiel
de la dernière heure à chevaucher par chemins et sentiers autour de Melford. Il
voulait prendre des repères : il s’était égaré maintes fois.
    — C’est un labyrinthe, maugréa-t-il.
    Melford ne ressemblait ni aux vieilles villes le
long de la côte sud ni aux bourgs royaux autour de la Medway, avec leurs
remparts et leurs portes. Melford avait d’abord été un village qui s’était
étendu au fur et à mesure que croissait la fortune due à l’élevage des moutons.
Un assassin pouvait sans mal entrer et sortir d’une telle cité. Tantôt Corbett
se trouvait au milieu des cottages et des maisons, tantôt il tournait dans un
chemin boueux et débouchait en pleine campagne. Mais il avait enfin la carte en
tête et pouvait déjà mettre en ordre ses suppositions. Il était pourtant encore
impossible de déduire comment et où le tueur avait accompli ses crimes. Le
magistrat ne pouvait qu’échafauder de vagues hypothèses. Il avait à présent l’intention
de rendre visite à la femme de Molkyn le meunier. Il voulait procéder
rapidement. Plus il s’attarderait à Melford et laisserait aux gens le temps de
la

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