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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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beau sexe en faisait un cas désespéré avec les femmes qui
avaient tout autant peur de lui.
    — Je sais ce qu’il va faire, murmura Ranulf
entre ses dents. Il va se mettre à chanter. Elles ouïront quelques notes et l’auberge
se videra aussi vite que si la jonchée avait pris feu.
    Il était sur le point d’aller deviser avec
Peddlicott quand, à son grand ébahissement, la porte de La Toison
d’or s’ouvrit à la volée : Chanson, main dans la main avec
une jeune femme rousse, sortit sans hâte. Ils traversèrent la rue comme un
galant et son amoureuse. La fille avait un joli visage effronté, le nez
retroussé et la bouche insolente. Elle regarda Ranulf de bas en haut.
    — Mais oui, je vous connais. Qu’y a-t-il ?
    Elle lâcha la main de Chanson et se frotta les
bras.
    — Il fait froid et j’ai du travail. Vous m’avez
promis une pièce d’argent.
    Ranulf vit le sourire triomphant de Chanson, soupira,
ouvrit son escarcelle et tendit une pièce. La jouvencelle s’en saisit, pouffa
et repartit en courant vers l’auberge.
    — Et l’autre pièce ? rappela le
palefrenier. Moi aussi je suis fatigué d’être planté là !
    Ranulf la lui donna à contrecœur.
    — Vous devriez vous rendre grâce, commenta
Chanson avec un sourire. Vous souvenez-vous de ce que vous m’avez dit au sujet
de Johanna ? Aucune villageoise ne résiste à une pièce d’argent.
    — Comment as-tu fait ?
    — Je suis entré et ai appelé Adela. Elle
est arrivée, vive comme un moineau. « Êtes-vous Adela ? ai-je
demandé.
    — Pourquoi ? a-t-elle répondu.
    — Quelqu’un dehors veut vous remettre une
pièce. »
    Chanson haussa les épaules.
    — Elle m’a presque poussé dans la rue !
    — Bien sûr !
    Ranulf ferma les yeux.
    — C’est comme ça qu’a pu agir le Momeur. Il
ne les approchait pas. Il criait seulement : « Elizabeth Wheelwright,
Johanna Samler, j’ai un cadeau pour vous ! »
    Le clerc rouvrit les yeux et donna une claque
sur l’épaule de son compagnon.
    — Il devait promettre de laisser une pièce
à un endroit précis et les leurrait ainsi avant de les tuer. Tu comprends,
Chanson ?
    — C’est moi qui ai découvert le pot aux
roses.
    — Si j’annonçais à une fille de cette
ville, quelle qu’elle soit, commenta Ranulf, qu’il y a, à Devil’s Oak, une
pièce d’argent pour elle, elle se moquerait, serait intriguée mais aussi
curieuse.
    — Et n’en piperait mot à quiconque.
    — Naturellement, dit Ranulf à voix basse.
Dans une ville comme Melford, on tuerait pour une pièce d’argent. C’est ça la
vérité !

CHAPITRE VIII  
             L’église St Edmund était dans les
ténèbres. Seule la lampe rouge du sanctuaire brillait, petite flaque de lumière
luttant contre la nuit approchante. Le Christ en croix penchait sa tête
sculptée tandis que sa mère et saint Jean levaient vers lui un regard angoissé.
La brume s’était insinuée par les fentes des fenêtres, sous le portail et s’était
glissée comme de la vapeur dans l’édifice, glaçant les dalles. Dans le
transept, des souris trottinaient en quête de miettes de nourriture ou de bouts
de cire de cierge. Il n’y avait personne pour être témoin des affres et des
tourments du vicaire Bellen agenouillé sur un prie-Dieu dans la chapelle de la
Chancellerie. Il avait ôté sa bure, ses chausses et ses bottes, et restait à
genoux dans le froid en guise de mortification. Il leva les yeux vers la statue
du roi martyr de l’East Anglia. Il serrait les mains si fort que ses jointures
étaient douloureuses. Il priait pour demander protection, sagesse et pardon.
    — Tant de péchés ! murmura-t-il.
    Il n’avait jamais imaginé le mal ! Ordonné
par l’évêque de Norwich, le vicaire Robert Bellen ignorait tout de la
malveillance et des ruses de ce bas monde. Il ne s’en tirait qu’en gardant avec
obstination les yeux tournés vers l’autre monde. Lui aussi était convaincu que
Satan s’était installé à Melford ; d’ailleurs n’était-il pas aussi
coupable que les autres ?
    Bellen soupira et, grommelant, se releva. Il
enleva sa chemise et s’étendit sur le dallage glacé. Il valait mieux ça,
pensa-t-il, que les rivages gelés près des lacs de l’enfer. Que pouvait-il
faire si ce n’est prier et expier ? Le froid surprit son corps brûlant et
il frissonna, tremblant pendant que son esprit luttait contre l’inconfort
croissant. Il serra plus fort son chapelet. Il

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