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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Maussade et désagréable, il s’installa sur le banc et but d’un air
morose la boisson versée par sa mère. La veuve de Thorkle et Margaret coupaient
toujours les légumes en morceaux. Ursula s’assit sur le banc à côté du
magistrat.
    — Êtes-vous venu nous parler de Molkyn ?
    Corbett mâcha le pain avec lenteur. Il avait l’impression
que cette femme se moquait de lui en silence.
    — Je ne suis pas vraiment là à propos de
Molkyn.
    Plutôt de son assassin. Je suis passe devant l’échafaud,
au carrefour. Avant de repartir je veux voir son meurtrier y danser le branle.
    — Et celui de mon époux ?
    — Oui. Je crois que le meurtrier de vos
maris est une seule et même personne !
    — Qu’est-ce qui vous pousse à penser ça ?
s’enquit Ursula.
    — Nous avons, commença Corbett en la
regardant, deux bourgeois prospères dans la ville de Melford : un riche
meunier et un petit propriétaire tout aussi fortuné. Quelqu’un a décapité
Molkyn, a posé son chef sur un plateau et l’a envoyé flotter sur le bief. Le
même tueur, plus tard dans la semaine, s’est rendu dans la grange à battre de
Thorkle, a pris un fléau et lui a fait éclater le crâne.
    — Un démon ! s’exclama Lucy, l’air
buté.
    — Qui a prétendu que c’était un homme ?
fit remarquer Corbett. Au pays de Galles j’ai vu une femme qui avait coupé la
tête d’un soldat avec des cisailles !
    Lucy regarda l’outil qu’elle tenait et le posa
sur la table.
    — Et n’importe qui peut user d’un fléau.
    Le magistrat haussa les épaules.
    — C’est une arme redoutable, reprit-il.
Mais pourquoi voulait-on supprimer vos époux ? Ils appartenaient à la même
paroisse, leurs femmes étaient parentes, mais ils avaient d’autres liens que
ceux-là, n’est-ce pas ? Molkyn était le président, et Thorkle son adjoint,
du jury qui a accusé Sir Roger Chapeleys d’horribles meurtres. C’est à cause de
ce verdict que l’un des chevaliers du roi a été pendu à la potence populaire.
    — Et à juste titre ! cria Ralph en
reposant à grand bruit son gobelet sur la table. J’avais alors quinze ans. J’ai
assisté au procès. Sir Roger était un ivrogne et un fornicateur. Ses mains
étaient rouges du sang de ces jeunes femmes.
    — En êtes-vous sûr ? interrogea
Corbett.
    — Nous en sommes tous certains, répondit
Ursula avec calme.
    Elle jeta un bref coup d’œil à Lucy.
    — Molkyn et Thorkle l’ont souvent évoqué.
Ils n’ont jamais eu le moindre doute sur sa culpabilité.
    — Voilà donc deux hommes honnêtes qui
voient pendre un chevalier...
    — Et même si c’était un chevalier, quelle
différence cela fait-il ? l’interrompit Ralph. C’est bien ce que font les
chevaliers, non, tuer ? Ce n’est pas parce qu’ils sont de grands
seigneurs, qu’ils sont différents !
    — C’est vrai, admit le magistrat. Mais
Chapeleys était un chevalier du roi. Il avait juré de faire respecter la loi et
il est mort en proclamant son innocence. Il est étrange que votre père et
Thorkle n’aient jamais hésité quant à leur décision.
    — Il y avait des preuves, fit remarquer
Lucy en reprenant l’émondoir.
    Corbett remarqua que Margaret osait à peine le
regarder et détournait son visage blême comme si elle trouvait sa présence
désagréable.
    — Quelles preuves ? insista-t-il.
Pourquoi étaient-ils si persuadés que Sir Roger était un assassin ?
    — Il est allé chez la veuve Walmer la nuit
où elle est morte. Deverell le charpentier l’a vu s’enfuir dans Gully Lane. On
a fouillé sa demeure et trouvé un bracelet appartenant à une des victimes. Son
goût de la ribauderie était notoire.
    — Avec qui ?
    — La veuve Walmer pour commencer.
    — Et les femmes de la ville ?
interrogea Corbett. Sont-elles venues témoigner qu’il les avait accostées ?
    — Les chambrières et les souillons de son
manoir connaissaient fort bien sa réputation.
    — Bon, acquiesça le clerc, mais ce n’est
pas ce que je veux savoir. Pourquoi un seigneur, qui pouvait s’en prendre à ses
propres servantes, aurait-il attaqué, violé et tué des jeunes femmes de la cité ?
    — Peut-être était-ce tuer qu’il aimait ?
suggéra Ralph avec aigreur.
    — Alors pourquoi la veuve ? Sir Roger
avait annoncé dans la grand-salle de l’auberge qu’il se rendait chez elle.
Pourquoi aurait-il proclamé qu’il allait assassiner quelqu’un ? Ce que je
veux montrer, continua

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