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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Corbett, c’est que les preuves contre Sir Roger n’étaient
ni concluantes ni complètes.
    — Pourtant elles l’étaient, rétorqua Lucy
en frottant le manche d’os de la serpette entre ses doigts. Messire, comprenez
que des femmes de cette ville ont été tuées. On a vu Sir Roger près du cottage
de Maîtresse Walmer. On a trouvé, en fouillant sa maison, des objets
appartenant aux mortes et, de plus, chez la veuve, il y avait la dague et le
fourreau de Sir Roger.
    Le magistrat baissa la tête : il avait
oublié ce détail.
    — J’ai des doutes, déclara-t-il. Vous êtes
donc certaines que ni Molkyn ni Thorkle n’ont jamais fait remarquer qu’il y
avait quelque chose d’étrange ?
    Lucy eut un sourire insolent :
    — Nous vous avons répondu !
    Elle crut que Corbett allait regarder ailleurs,
mais il surprit le coup d’œil en coin qu’elle adressa au jeune Ralph, bouche
entrouverte, langue entre les dents. « Vous êtes une dévergondée »,
conclut Corbett. Quelque chose n’allait pas du tout céans. Ce n’était pas là
deux veuves pleurant leurs époux. Et il en allait de même pour Ralph et sa
sœur. C’était des conspirateurs, jouant les éplorés, tout en se réjouissant en
secret. Y avait-il un lien entre cette Lucy aux yeux effrontés et ce jeune
meunier ? Et pourquoi Margaret ne levait-elle pas les yeux pour soutenir
son regard ? Elle était assise en silence, comme une sourde-muette,
découpant en somnambule les légumes, presque inconsciente de ses actes. Il
était parfois arrivé que le clerc eût des affaires à traiter dans des villes
comme Melford. Il avait prévenu Ranulf et Chanson de ce à quoi ils devaient s’attendre :
relations complexes, peurs secrètes, luxure, rancunes et conflits qui pouvaient
soudain se faire jour par un coup de dague ou de hache.
    — Êtes-vous las, Sir Hugh ?
    L’aplomb railleur d’Ursula jeta du sel sur la
plaie. Le clerc avait l’impression de frapper à une porte en sachant fort bien
que les personnes, à l’intérieur de la pièce, l’entendaient et refusaient
pourtant de lui ouvrir. Il repoussa son gobelet. Il avait envie d’être brutal,
de ne pas mâcher ses mots, cependant il se sentait piégé. Ses interlocuteurs n’étaient
certes pas affligés, après tout cela les regardait. S’il les défiait, ils se
contenteraient de mentir. Était-ce les assassins ? Ce n’aurait pas été la
première fois que le démon Caïn pénétrait dans une famille. Et on pouvait en
dire autant de Lucy, assise d’un air béat au bout de la table comme si elle
savourait quelque plaisanterie secrète. S’était-elle rendue dans la grange à
battre pour s’emparer d’un fléau et tuer son époux afin de pouvoir adultérer
avec le fils de Molkyn ? Le magistrat écarta sa chope.
    — Je ne suis pas fatigué, répondit-il, je
rassemble mes idées.
    — J’ai à faire ! lança Ralph.
    Corbett dénoua son escarcelle d’où il sortit le
mandat royal portant le sceau du souverain. Il se méfiait du jouvenceau au
ressentiment si manifeste. S’il jouait le rôle du meunier affairé et épuisé,
ses coups d’œil revêches étaient aussi menaçants que son chien qui était sorti
des ténèbres en grondant.
    — Moi aussi, j’ai à faire, rétorqua Corbett
avec calme. Et le roi a à faire. Vous, Messire, vous allez rester assis ici, ou
là où je vous le dirai, pour répondre à mes questions.
    — Nous ne voulons point vous offenser,
intervint  Ursula en tripotant les mèches folles de ses cheveux blonds. Mais,
Sir Hugh, vous arrivez ici et enquêtez sur un jury qui a eu lieu il y a cinq
ans. Ils n’ont fait qu’énoncer le verdict. Sir Louis Tressilyian a prononcé la
sentence.
    — Je l’interrogerai le moment venu, reprit
le clerc. Cinq ans, c’est long, mais quelques jours ne sont qu’un instant, n’est-ce
pas ? Votre mari, Molkyn, était un bon meunier, riche et prospère ?
    Il désigna la cuisine d’un geste ample.
    — Qu’avez-vous dans cette maison ? Une
grand-pièce, des resserres, une pièce pour les comptes et des chambres à l’étage ?
    — Oui, et un lit doux comme une
courtepointe de plumes.
    — Et vous y trouviez-vous la nuit où votre
mari a été si cruellement occis ?
    — Molkyn aimait la bière, expliqua-t-elle d’un
ton acerbe. Le samedi après-midi, il fermait le moulin. Au printemps et en été
il jouait au palet ou joutait sur la Swaile ; parfois il chassait un peu
avec le chien ou assistait

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