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La traque d'Eichmann

La traque d'Eichmann

Titel: La traque d'Eichmann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Neal Bascomb
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Weisl, l’ancien chauffeur d’Eichmann, attendait son procès pour crimes de guerre. C’est Friedman qui avait arrangé l’entrevue et, comme toujours, il avait constaté avec émerveillement que le simple fait de travailler pour le chef de la Haganah permettait d’ouvrir bien des portes.
    Le commandant de la prison mit son bureau à leur disposition pour l’interrogatoire. Un garde amena dans la pièce un prisonnier âgé de 28 ans. Pier prit place dans le fauteuil du commandant, un cigare aux lèvres, tandis que Friedman s’asseyait près de lui avec son stylo et son carnet de notes. Pier commença par poser à Weisl des questions banales sur ses activités pendant la guerre et sur sa fuite en Autriche. Puis il lui demanda à brûle-pourpoin t :
    « Seriez-vous en train de me dire qu’Eichmann est mort pendant la guerre cxlvii  ?
    — Non, non. J’ignore ce qu’il est devenu. Tout ce que je sais, c’est qu’un mois avant la fin de la guerre tous les officiers SS ont modifié leur rang militaire – personne ne voulait être davantage qu’un lieutenant.
    — Quel genre d’homme était-il, Weisl ?
    — Ma foi, ces dernières années, tout le monde avait peur de lui, très peur…» Il avait cessé de rire et de sourire. « Je suppose qu’il en savait trop…
    — Vous avez été responsable des dortoirs à Doppl pendant un bon moment, je crois. Et Eichmann y venait souvent, n’est-ce pas ? » Les deux enquêteurs possédaient déjà tout un dossier sur le chauffeur. Dieter Wisliceny, le second d’Eichmann, avait été transféré quelques mois plus tôt dans une prison de Tchécoslovaquie, après les procès de Nürnberg. Là, il avait livré toutes sortes de détails sur les collaborateurs d’Eichmann ; il avait même offert d’aider à traquer son ancien supérieur en échange d’un acquittement.
    Weisl hésita. Il regarda successivement les deux hommes qui l’interrogeaient. Pier lui proposa une cigarette ; pour relâcher la pression, Friedman reposa son stylo.
    «  Vous savez, bien sûr, qu’Eichmann avait une maîtresse à Doppl. Frau Maria Mösenbacher. Une sacrée bonne femme – il passait beaucoup de temps avec elle.
    — Où peut-on la trouver ? » demanda Pier.
    Weisl répondit qu’elle habitait toujours là-bas. Prenant le stylo et le carnet sur le bureau, il dessina une carte de Doppl et leur indiqua l’endroit exact où la trouver.
    «  Elle a sans doute conservé une photo d’Eichmann. J’en ai vu une chez elle, de mes propres yeux. Elle était très fière de lui.
    — Dites-moi, demanda Friedman, est-ce qu’il parle vraiment l’hébreu ?
    — Eichmann ne parlait qu’avec les Juifs de Vienne, gloussa Weisl. Les riches, ceux qui ne comprenaient pas un mot d’hébreu. Après, il riait en racontant qu’il avait fait croire aux Juifs qu’il était né en Palestine. »
    Pier se leva. Sa famille et lui-même avaient fait partie des Juifs chassés de Vienne par Eichmann en 1938. « Ce sera tout pour aujourd’hui », conclut-il en faisant un signe au garde en faction devant la porte. Puis, se retournant vers Weisl : « Vous formiez une charmante petite troupe, vous autres SS , vraiment très raffinée. Mais c’est fini. Terminé. Kaputt ! »
    Friedman et Pier rentrèrent au siège de la Frankgasse cxlviii . Au cours des huit mois écoulés, tout en supervisant l’arrestation de nombreux officiers SS et en amassant d’innombrables documents sur les crimes de guerre, Friedman et quelques collègues de la Haganah avaient suivi plus d’une piste censée les mener à Eichmann. On avait retrouvé et interrogé certains des plus proches collaborateurs de l’ancien nazi, dont Anton Burger. On avait également pu mettre la main sur des membres de sa famille et sur plusieurs de ses maîtresses. Personne ne savait où il se trouvait.
    Friedman et Pier avaient eu vent d’une rumeur suggérant qu’il était détenu dans un camp de prisonniers en Allemagne. Ils demandèrent donc aux Alliés de fouiller tous les camps, mais l’absence de toute photographie rendait cette recherche hasardeuse. Sur les dizaines de personnes qu’ils avaient interrogées, pas une ne possédait une image d’Eichmann. Même la description détaillée dont ils disposaient ne pouvait remplacer une photographie. Et voilà qu’enfin, grâce à Weisl, ils pouvaient espérer en obtenir une.
    Pier voulait confier ce travail à Manus Diamant, et Friedman comprit aussitôt qu’il

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