La Traque des Bannis
ne sais pas si j’agirais ainsi, mais j’espère que je le pourrais.
Horace se tourna de nouveau vers lui. Il esquissa un sourire triste.
— Merci pour ta sincérité. Excuse-moi de t’avoir parlé aussi mal, tout à l’heure. Tu mérites mieux que ça.
— C’est déjà oublié, répliqua Malcolm avec un geste évasif de la main. Bon, que décides-tu ?
Il désigna Halt, lequel s’agitait dans son sommeil et marmonnait à voix basse. Les effets du remède s’atténuaient. Il en fit la remarque à Horace avant d’ajouter :
— S’il faut le faire, le moment serait opportun. Cela me faciliterait la tâche pour mesurer la prochaine dose, car je n’aurais pas à tenir compte de ce que je lui ai déjà administré.
Le jeune guerrier regarda tour à tour Malcolm et Halt.
— Très bien, déclara-t-il enfin. Mettons ton plan à exécution.
Le crépuscule tombait au-dessus de la crête quand Abelard redressa la tête et hennit longuement.
Horace et Malcolm levèrent des yeux étonnés vers l’animal. D’ordinaire, les chevaux de Rôdeurs ne se montraient pas bruyants sans raison valable, ils étaient trop bien dressés. Caracole l’observa lui aussi d’un air curieux, puis recommença à brouter.
— Que lui arrive-t-il ? demanda Malcolm.
Le jeune guerrier, assis près du feu, fixait les braises rougeoyantes que les rafales de vent ne cessaient de raviver.
— Il a dû sentir quelque chose, répondit le guerrier en haussant les épaules.
Malgré tout, il se mit debout et, l’épée à la main, se dirigea vers la lisière du bosquet. Au même instant, un autre hennissement résonna dans le lointain et une forme indistincte apparut à l’horizon.
— C’est Will, annonça Horace. Et il ne revient pas seul.
Il n’avait pas reconnu tout de suite les contours familiers de la silhouette du Rôdeur et de sa monture, car le Génovésien, pieds et poings liés, était couché en travers de la selle, devant Will.
Folâtre descendit la pente au trot. Dès que le chevalier émergea des arbres, Will le salua d’un signe de la main. Son prisonnier laissait échapper des grognements à chaque foulée du cheval. Malcolm vintrejoindre Horace et, à la vue du captif à la cape mauve, se frotta les mains de satisfaction.
Le Rôdeur s’arrêta devant eux. Il avait l’air épuisé, songea Horace, sans pourtant en être surpris, étant donné les heures que son ami avait passées à cheval ces derniers jours.
— Comment va Halt ? demanda aussitôt Will.
— Son état est stable, le tranquillisa Horace. Pendant ton absence, tout ne s’est pas très bien passé, mais Malcolm a toutefois réussi à le plonger dans un profond sommeil qui a permis de ralentir les effets du poison, précisa-t-il.
Mieux valait tourner les choses ainsi, pensa Horace, plutôt que de raconter en détail le dilemme auquel le guérisseur et lui avaient été confrontés.
— Maintenant que tu es revenu, il va aller mieux, ajouta-t-il.
Will avait les traits tirés et les yeux injectés de sang, mais son visage parut se détendre à l’annonce de ces nouvelles rassurantes.
— Oui, je suis revenu. Et regarde sur qui je suis tombé en chemin, dit-il en désignant le Génovésien.
— J’espère que tu lui es vraiment tombé dessus, répliqua Horace avec un sourire.
— Aussi brutalement que possible, confirma Will.
Le chevalier s’avança pour faire descendre de selle le Génovésien, mais le jeune Rôdeur lui fit signe de reculer. Il attrapa son prisonnier par le col, le souleva et poussa légèrement Folâtre pour qu’il s’écarte de l’autre côté. L’assassin glissa du dos du cheval et, comme un sac de pommes de terre, s’écroula sur le sol. Il s’efforça de se relever avant de s’effondrer de nouveau avec un bruit sourd.
— Faites attention ! les avertit Malcolm. Nous avons besoin de lui, ne l’oubliez pas !
Will contemplait avec mépris le Génovésien, lequel, en se tortillant, tentait encore une fois de se redresser.
— Il va bien, répondit-il. Du reste, il est coriace. Et il peut parler en restant à terre.
Malgré tout, au signal de Malcolm, Horace obligea le captif à se mettre debout. Celui-ci lança quelques mots hargneux dans sapropre langue, mais le jeune guerrier le fixa droit dans les yeux. Le Génovésien, comprenant qu’il avait affaire à plus fort que lui, se tut.
— Comment t’appelles-tu ? s’enquit Malcolm en lingua franca.
Le prisonnier jeta un coup d’œil mauvais au
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