La Traque des Bannis
respira profondément à plusieurs reprises et, les yeux clos, se mit à réfléchir. Il s’efforça de se concentrer sur le problème essentiel, écartant toute question secondaire, en quête des failles et des dangers possibles de son projet.
Il examina ensuite l’autre choix qui s’offrait à lui. Il pouvait adoucir les souffrances de Halt pendant quelques heures encore, avec l’espoir que Will serait bientôt de retour – et il y avait peu de chances pour que les choses se déroulent ainsi. Car même si le jeune Rôdeur avait réussi à capturer le Génovésien, il mettrait beaucoup plus detemps à revenir. D’ici quatre heures, Halt aurait peut-être succombé au poison. Non, rectifia-t-il, il serait certainement mort.
Il prit alors une décision, puis alla rejoindre le jeune guerrier. Horace était adossé à un arbre, les épaules affaissées, la tête baissée. Tout dans son attitude indiquait qu’il avait bel et bien renoncé. Malcolm fut soudain pris d’un doute. Avait-il le droit de raviver les espoirs d’Horace ? Des espoirs qui pourraient se révéler trompeurs. S’il remontait le moral du chevalier mais que Halt venait malgré tout à mourir, pourrait-il se le pardonner ?
Valait-il mieux accepter les choses telles qu’elles étaient, soulager le Rôdeur autant que possible, puis laisser la nature suivre son cours ?
Le guérisseur secoua la tête. Non. Se résigner n’était pas dans ses habitudes. S’il avait la plus petite chance de sauver un patient, il la saisissait. Il se battait toujours jusqu’au bout.
— Horace ? murmura-t-il.
Le jeune homme tourna vers lui un visage strié de larmes.
— Il existe peut-être une solution… commença-t-il.
Une lueur d’espoir s’était allumée dans les yeux du jeune homme. Malcolm leva la main pour l’empêcher de l’interrompre.
— Les probabilités sont infimes, tu sais. Et il se peut que ça ne marche pas. Ça pourrait peut-être même le tuer.
— Qu’as-tu en tête ?
— Une chose que je n’ai jamais faite. Le remède que je lui ai administré est puissant, comme je te l’ai déjà expliqué. Mais si je lui en donnais assez pour qu’il soit aux portes de la mort, cela pourrait le sauver.
Horace fronça les sourcils. Il ne comprenait plus rien.
— Comment le sauverais-tu s’il est sur le point de mourir ?
Malcolm devait admettre que son idée, exprimée de la sorte, pouvait en effet paraître insensée.
— S’il est proche de la mort, toutes les activités de son corps ralentiront, précisa-t-il toutefois. Son pouls, sa respiration, de même que les effets du poison. Ainsi, il disposera d’un peu plus de temps. De huit heures environ. Peut-être davantage.
D’ici huit heures, Will serait de retour, Horace le savait. Du moins s’il était parvenu à capturer le Génovésien. Soudain, un doute terrible assaillit le chevalier. Et si le Génovésien avait abattu Will ? Il repoussa cette idée. Il lui fallait absolument se raccrocher à une certitude : Will reviendrait bientôt. Et si Halt était encore en vie, Malcolm le guérirait. Horace se ressaisit.
— De quelle manière comptes-tu procéder ?
Malcolm se mordilla la lèvre, en se demandant comment expliquer son projet au jeune homme, puis il décida de ne pas y aller par quatre chemins.
— Je lui administrerai une dose importante du remède. Mais pas assez pour le tuer.
— Quelle quantité, au juste ? Le sais-tu ?
— Non, répondit Malcolm, indécis. En tout cas, pas exactement. Il est déjà très affaibli. Je crois connaître la quantité adéquate, mais je peux me tromper.
Un long silence s’installa entre eux.
— Ce n’est pas à moi de prendre cette décision, finit par dire le guérisseur. Seul un ami est en droit de le faire.
Horace hocha lentement la tête.
— Oui. Ce devrait être à Will de décider.
— En effet, mais Will n’est pas là. Et tu es l’ami de Halt toi aussi. Peut-être pas aussi proche que Will. Cependant, tu as de l’affection pour Halt et c’est à toi qu’il revient de prendre cette décision. Je ne peux le faire à ta place.
Horace poussa un long soupir. Il tourna le dos à Malcolm et laissa son regard errer sur l’horizon vide, comme si le jeune Rôdeur allait soudain en surgir pour tout arranger.
— J’ai une question, reprit-il au bout d’un instant. Si tu étais son ami, son meilleur ami, le ferais-tu ?
— Je pense que oui, assura Malcolm. J’espère en tout cas que j’en aurais le courage. Je
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