La Vallée des chevaux
qui
touchait à son environnement. Ces deux facteurs précipitèrent et accélérèrent
le processus de dressage. Même quand elle montait Whinney pour le plaisir, il
suffisait qu’elle aperçoive un lièvre ou un hamster géant pour qu’aussitôt elle
saisisse sa fronde et brûle d’envie de se lancer à la poursuite de l’animal.
Whinney ne tarda pas à interpréter son désir, et la première fois qu’elle s’y
plia marqua le début d’un contrôle total sur la jument. Ayla n’en prit vraiment
conscience que le jour où elle tua un hamster géant.
On était encore au début du printemps quand Ayla et Whinney
débusquèrent l’animal sans le vouloir. Apercevant le hamster qui s’enfuyait,
Ayla se pencha dans cette direction et saisit sa fronde tandis que Whinney se
précipitait derrière l’animal. Lorsqu’elles le rattrapèrent, Ayla, qui voulait
descendre, changea de position et Whinney s’arrêta aussitôt, lui permettant de
mettre pied à terre et de lancer son projectile.
Ce sera bien agréable de manger de la viande fraîche ce soir, se
dit-elle en rejoignant Whinney qui l’attendait. Je devrais chasser plus
souvent. Mais c’est tellement plus amusant de monter Whinney...
Mais je montais Whinney ! corrigea-t-elle. Elle s’est
lancée à la poursuite du hamster. Et elle s’est arrêtée quand j’ai voulu !
Dire qu’au début c’est elle qui m’entraînait où elle voulait...
Et comme Whinney s’était éloignée pour brouter quelques touffes
d’herbe tendre, elle l’appela :
— Whinney !
La jument releva la tête et dressa les oreilles. Ayla était
stupéfaite. Elle se sentait incapable d’expliquer ce qui venait de se passer.
Non seulement elle montait Whinney, mais voilà que la jument allait où elle
désirait aller et qu’elle lui obéissait !
Comme Whinney s’était approchée, elle la prit par l’encolure.
— Oh, Whinney ! dit-elle, d’une voix étranglée par les
sanglots, sans savoir pourquoi elle était aussi émue.
La jument souffla de l’air par les naseaux et posa sa tête sur
l’épaule d’Ayla.
Quand vint le moment de repartir, au lieu de sauter directement
sur le dos de sa monture comme d’habitude, Ayla se sentait si gauche qu’elle
éprouva le besoin de monter sur un rondin comme elle le faisait au tout début.
Après un moment d’hésitation, Whinney reprit le chemin de la caverne.
Comprenant que Whinney répondait mieux lorsqu’elle la montait
d’une manière détendue, elle recommença à se fier à ses propres réflexes. La
saison s’avançant, elle chassait de plus en plus. Au début, elle arrêtait
Whinney et sautait à terre avant d’utiliser la fronde. Mais très vite elle
essaya de chasser sans quitter sa monture. Le fait qu’elle rate ses proies la
poussa à continuer car elle y voyait un nouveau défi. Elle avait appris seule
le maniement de la fronde, qu’elle considérait plutôt comme un jeu. Elle
s’amusait toujours autant, ce qui ne l’empêchait pas de prendre au sérieux
cette nouvelle activité. Son habileté était déjà telle qu’il ne fallut pas
longtemps pour que son tir devienne aussi précis lorsqu’elle était à cheval qu’au
sol. Mais même alors, elle ne pouvait imaginer tous les bénéfices potentiels de
cette méthode de chasse.
Au lieu de placer les proies qu’elle venait de tuer dans un
panier fixé sur son dos, comme elle faisait lorsqu’elle chassait seule, elle
commença par les poser en travers de l’échine de Whinney. Dans un second temps,
elle eut l’idée de fabriquer un panier spécial que la jeune jument pouvait
transporter sur son dos. Puis, après avoir longuement réfléchi, elle finit par
trouver un système encore plus pratique : deux paniers placés contre les
flancs de l’animal, reliés par une large lanière attachée autour du ventre de
Whinney. Le jour où elle ajouta un second panier au premier, elle commença à
réaliser quels avantages elle pouvait tirer de sa monture. Pour la première
fois, elle était en mesure de ramener à la caverne un chargement plus important
qu’à l’ordinaire.
Une fois qu’Ayla eut compris ce qu’elle pouvait accomplir grâce
à l’aide de la jument, ses méthodes changèrent. Et son mode de vie changea lui aussi.
Elle restait dehors plus longtemps, s’aventurait beaucoup plus loin et rentrait
avec plus d’animaux et de plantes qu’auparavant. Puis elle passait quelques
jours d’affilée à la caverne pour apprêter les
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