La Vallée des chevaux
qui s’en dégageait finit par tellement l’incommoder qu’elle
décida de changer d’air.
— Whinney ! appela-t-elle.
En entendant son nom, le cheval passa la tête par l’entrée de la
caverne.
— Je vais marcher, expliqua Ayla. Viens-tu avec moi ?
Reconnaissant le signal, Whinney s’approcha en remuant la tête de bas en haut.
Elles s’engagèrent sur l’étroit sentier, firent un détour pour
éviter la plage et ses bruyants occupants et, après avoir contourné la paroi
rocheuse, marchèrent le long de la rivière qui avait retrouvé son aspect
habituel. Whinney semblait plus détendue maintenant qu’elles avaient laissé
derrière elles le charnier et surtout les hyènes qui lui inspiraient une
crainte irraisonnée depuis qu’elles avaient tenté de la dévorer.
Après être restée si longtemps enfermée, Ayla appréciait de
pouvoir marcher librement au soleil, même si l’air était encore piquant et
chargé d’humidité. A un moment donné, elle ralentit pour observer un couple de
pics épeiches qui se livraient à des acrobaties aériennes, frappaient du bec
sur une souche et se poursuivaient dans les arbres. Le mâle était facilement
reconnaissable à la bande cramoisie à l’arrière de la tête. Connaissant les
pics épeiches, Ayla savait qu’ils nichaient dans un vieil arbre creux et se
servaient de copeaux pour faire leur nid. La femelle y pondrait six œufs
environ qu’elle couverait avec soin. Mais dès que les petits seraient élevés,
le couple se séparerait. Chacun repartirait de son côté et, cramponné à un
tronc d’arbre, en frapperait l’écorce pour en faire sortir des larves. Dans les
bois résonnerait alors leur appel qui ressemblait à un rire strident.
Les alouettes étaient bien différentes. Ces oiseaux vivaient en
volées et ne formaient des couples qu’au moment de la reproduction. Le mâle
défendait alors son territoire contre ses amis d’antan comme un véritable coq
de combat. Pour l’instant, un couple s’élevait verticalement dans les airs et
Ayla entendait son chant glorieux. Le volume était tel que même lorsque les
oiseaux ne furent plus que deux petits points se balançant loin au-dessus
d’elle, elle le percevait encore. Brusquement, ils se laissèrent retomber,
comme des pierres, puis remontèrent en chantant à nouveau.
Ayla était arrivée à l’endroit où elle avait creusé la fosse. Du
moins en avait-elle l’impression, car il n’en restait plus aucune trace. La
crue avait emporté les buissons qui bordaient le piège et nivelé la dépression.
Elle s’avança alors vers la rivière et but un peu d’eau. Quand elle se releva,
elle aperçut une bergeronnette qui courait sur la rive. Elle ressemblait à
l’alouette, en plus élancé, et le dessous de son corps était jaune. Pour ne pas
mouiller sa longue queue, elle ne cessait de l’agiter de haut en bas.
Un flot de notes limpides attira alors l’attention d’Ayla sur un
autre couple qui n’avait pas peur, lui, de se mouiller. Deux merles d’eau, en
pleine parade, se faisaient des révérences. Une fois de plus, la jeune femme se
demanda comment ils se débrouillaient pour garder leur plumage sec lorsqu’ils
sortaient de l’eau où ils avaient plongé.
Lorsqu’elle regagna la prairie, Whinney était en train de
brouter. Elle sourit en entendant le chick-chick de deux troglodytes
mignons qu’elle venait de déranger en passant un peu trop près de l’arbuste où
ils étaient perchés. Dès qu’elle se fut éloignée, un chant clair et mélodieux
remplaça le cri d’alerte. Puis le mâle se tut et aussitôt après, la femelle
s’exprima à son tour.
Ayla s’arrêta et alla s’asseoir sur un tronc pour écouter
tranquillement les oiseaux. A un moment donné, quand une fauvette des buissons
se joignit au concert en imitant le chant des autres oiseaux, elle fut
extrêmement surprise. Impressionnée par la virtuosité de la petite créature,
elle aspira l’air qui se trouvait dans ses poumons pour manifester son
admiration et fut plus surprise encore d’entendre le sifflement qu’elle venait
d’émettre. Le bruant qui se trouvait tout près d’elle lui répondit en lançant
une note qui ressemblait à un sifflement aspiré et la fauvette imita le bruant.
Ayla était tellement heureuse de participer au concert qu’elle
voulut recommencer. Aspirant l’air à nouveau, elle n’émit qu’un sifflement
asthmatique. La fois suivante, elle prit une telle
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