La Vallée des chevaux
vent.
— Je le vois ! cria Thonolan. Un peu plus sur la
droite, Jondalar. Là, sur cet affleurement rocheux.
Jondalar tourna légèrement la tête et aperçut à son tour un
petit chamois plein de grâce qui se tenait en équilibre juste au-dessus du
précipice. Son pelage d’hiver noir et épais dessinait des taches sur ses flancs
alors que le reste de sa robe, gris-beige, se confondait avec la roche. Sur le
sommet de la tête, deux petites cornes droites qui, à leur extrémité,
s’incurvaient vers l’arrière.
— Je le vois, dit Jondalar. Et j’ai l’impression que c’est
un mâle.
— Il se peut très bien que ce soit une femelle, corrigea
Dolando. Elles aussi, elles portent des cornes.
— Ils ressemblent aux bouquetins de nos régions, n’est-ce
pas, Thonolan ? En un peu plus petit. Mais, vu d’ici, on croirait presque
un bouquetin.
— Comment les Zelandonii chassent-ils le bouquetin,
Jondalar ? demanda une toute jeune femme, les yeux brillants de curiosité,
d’excitation et d’amour.
Elle n’avait que quelques années de plus que Darvo et s’était
entichée de Jondalar. Elle était née chez les Shamudoï, mais avait été élevée
par les Ramudoï car sa mère avait eu comme second compagnon un homme du fleuve.
Puis elle était revenue chez les Shamudoï quand la relation entre sa mère et
son second compagnon s’était terminée d’une manière orageuse. Contrairement aux
jeunes Shamudoï, elle n’était pas habituée à la montagne. Récemment, en
apprenant que Jondalar appréciait les femmes qui chassaient, elle s’était
découvert une passion pour la chasse. A sa plus grande surprise, elle trouvait
cela très excitant.
— Je ne suis pas très au courant, Rakario, répondit
Jondalar en lui souriant gentiment. (Il savait qu’il ne pouvait pas empêcher
Rakario d’être amoureuse de lui, mais il ne faisait jamais rien qui puisse
l’encourager.) Même s’il y a des bouquetins dans les montagnes qui se trouvent
au sud de chez nous, et plus encore dans celles qui se trouvent à l’est, nous
n’allons jamais chasser dans ces montagnes car elles sont trop éloignées de
notre Caverne. De temps à autre, on profite d’une Réunion d’Été pour organiser
une partie de chasse dans les montagnes. Il m’est arrivé d’y aller, mais
c’était simplement pour le plaisir et je suivais les directives des chasseurs
qui s’y connaissaient mieux que moi. Je suis comme toi, Rakario : moi
aussi j’apprends. Si tu veux l’avis d’un spécialiste, adresse-toi plutôt à
Dolando.
Le chamois sauta d’un bond du roc où il se trouvait sur un autre
rocher, plus haut encore, puis profita de sa position pour observer les
alentours.
— Comment arrivez-vous à chasser un animal capable de faire
de tels bonds ? demanda Rakario, stupéfaite par la grâce et l’agilité de
l’animal. Comment le chamois fait-il pour conserver son équilibre ?
— Quand nous aurons tué une de ces bêtes, tu observeras ses
sabots, répondit Dolando. Seule la partie externe est dure. La partie interne
est aussi souple que la paume de ta main. C’est pourquoi les chamois ne
glissent pas et qu’ils ont le pied aussi sûr. La partie la plus souple de leur
sabot s’agrippe au sol et la partie la plus dure leur permet de conserver leur
assise. Quand on les chasse, le plus important c’est de se rappeler que le
regard des chamois est toujours dirigé vers le bas. Ils regardent où ils vont
et ils savent tout ce qui se passe au-dessous d’eux. Leurs yeux sont situés
assez loin à l’arrière de la tête, si bien qu’ils voient aussi ce qui est
autour d’eux. Par contre, ils n’ont pas les moyens de voir ce qui vient de plus
haut et de derrière. Et il faut en profiter. Le mieux c’est de les encercler en
montant le plus haut possible et de les aborder par-derrière. En faisant bien
attention et en étant très patient, on peut ainsi s’approcher d’eux à les
toucher.
— Que va-t-il se passer s’ils partent avant que nous nous
soyons approchés ? demanda Rakario.
— Regarde là-haut, lui conseilla Dolando. Est-ce que tu
vois cette touche de vert sur les pâturages ? Pour les chamois, ces
pousses de printemps constituent un véritable régal après le fourrage d’hiver.
Le chamois solitaire que tu as vu est en train de faire le guet. Les autres – mâles,
femelles et petits – sont cachés plus bas parmi les rochers et les
buissons. Si ce pâturage leur plait, je peux
Weitere Kostenlose Bücher