La Vallée des chevaux
lui a donné quelque chose à la fin, Thonolan.
Il n’y avait plus d’espoir qu’elle puisse accoucher, mais elle n’a pas trop
souffert. Elle savait que tu étais à ses côtés.
— La Mère m’a tout pris en m’enlevant Jetamio, Jondalar. Je
l’aimais tellement que, maintenant qu’elle n’est plus là, il ne me reste plus
rien. Comment a-t-elle pu me quitter ? demanda-t-il encore en vacillant.
Jondalar s’avança aussitôt pour le soutenir et son frère
s’effondra dans ses bras. Il laissa tomber sa tête sur l’épaule de son aîné, le
corps secoué par des sanglots de désespoir.
— Pourquoi ne pas rentrer chez nous, Thonolan ?
demanda Jondalar, incapable de cacher son propre désir. Si nous partons
maintenant, nous aurons atteint le glacier quand l’hiver arrivera, et nous
serons chez nous au printemps prochain. Pourquoi veux-tu que nous nous
dirigions vers l’est ?
— Tu peux rentrer, Jondalar. Il y a longtemps que tu aurais
dû le faire. Je t’ai déjà dit que tu étais un Zelandonii et que tu le resterais
toute ta vie. Moi, je me mets en route vers l’est.
— Tu as dit que tu ferais un Voyage jusqu’à l’embouchure de
la Grande Rivière Mère. Quand tu auras atteint la mer de Beran, que
feras-tu ?
— Qui sait ? Peut-être que j’en ferai le tour ou que
je partirai plus au nord pour chasser le mammouth avec la tribu de Tholie. Les
Mamutoï disent qu’il y a une autre chaîne de montagnes plus loin à l’est...
Rentrer chez moi ne signifie rien à mes yeux. Je préfère partir à la recherche
de quelque chose de nouveau. Le moment est venu de nous séparer, Grand Frère.
Tu vas aller vers l’ouest et moi, vers l’est.
— Si tu ne veux pas rentrer, pourquoi ne pas rester
ici ? proposa Jondalar.
— Oui, pourquoi ne restes-tu pas avec nous ? demanda
Dolando qui venait de les rejoindre. Et toi aussi, Jondalar. Shamudoï ou
Ramudoï, cela n’a aucune importance. Vous faites partie de notre Caverne
maintenant. Vous avez de la famille ici et des amis. Nous serions très tristes
si l’un de vous partait.
— Dolando, tu sais que j’étais prêt à passer le reste de ma
vie ici, rappela Thonolan. Mais maintenant, c’est impossible. Tout me rappelle
Jetamio et j’ai sans cesse l’impression que je vais la voir apparaître. Chaque
fois que je me réveille, je dois faire un effort pour me souvenir que je ne la
reverrai jamais. Je suis désolé. Vous allez tous beaucoup me manquer, mais il
faut que je parte.
Dolando hocha la tête. Il ne pouvait les obliger à rester mais
il avait tenu à leur dire qu’ils faisaient partie de la famille.
— Quand nous quitterez-vous ?
— Dans quelques jours, je pense, répondit Thonolan.
J’aimerais passer un marché avec toi, Dolando. A l’exception de mon sac et de
mes vêtements, je compte vous laisser tout ce que je possède et j’aimerais
qu’en échange tu me donnes un petit bateau.
— Je suis sûr que cela peut s’arranger. Vous allez
descendre le fleuve. Et ensuite ? Vous diriger vers l’est ou rentrer chez
vous ?
— Je pars vers l’est, répondit Thonolan.
— Et toi, Jondalar ?
— Je ne sais pas encore. Il y a Darvo et Serenio...
A nouveau, Dolando hocha la tête. Même si Jondalar ne s’était
jamais uni officiellement à Serenio, cela ne lui simplifiait pas pour autant
les choses. Il avait autant de raisons de rentrer chez lui, de rester chez les
Sharamudoï ou de partir avec son frère. Et, pour l’instant, il aurait été bien
difficile de dire laquelle de ces solutions il allait choisir.
— Roshario a cuisiné toute la journée, dit Dolando. Je
crois qu’elle a besoin de s’occuper, cela lui évite de trop penser. Vous lui
feriez très plaisir si vous veniez manger avec nous. Elle aimerait aussi
inviter Serenio et Darvo, Jondalar. Et si Thonolan acceptait d’avaler un petit
quelque chose, je crois qu’elle serait contente. Elle se fait du souci pour
toi, conclut-il.
Pour Dolando aussi, cela a dû être terrible, se dit Jondalar. Il
s’était fait tellement de tracas pour son frère qu’il n’avait pas pensé à la
douleur des membres de la Caverne. Dolando avait autant aimé Jetamio que les
autres enfants de son foyer. Jetamio comptait de nombreux amis. Tholie et
Markeno faisaient, eux aussi, partie de la famille. Serenio, elle-même, avait
pleuré. Et Darvo était si affecté par ce deuil qu’il refusait de lui parler.
— Je vais demander à Serenio, dit Jondalar.
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