La Vallée des chevaux
continua-t-elle. Si je
rencontre des gens, je pourrai au moins m’adresser à eux. Et je sais maintenant
que des gens vivent à l’ouest. Iza avait raison : les Autres doivent être
très nombreux.
Elle installa les deux oiseaux sur le dos de la jument, tête en
bas, et plaça le panier qui contenait les œufs entre ses jambes. Iza m’a dit de
trouver un compagnon, songea-t-elle. Je croyais que c’était mon totem qui
m’avait envoyé Jondalar... Mais est-ce que mon totem m’aurait envoyé un homme
pour qu’il me regarde avec une telle répulsion ?
— Comment a-t-il pu me regarder ainsi ! cria-t-elle en
éclatant soudain en sanglots. O Lion des Cavernes ! Je ne veux pas me
retrouver seule à nouveau !
Ayla s’était laissée tomber en avant et elle recommençait à
pleurer. Ses directives étaient plus qu’hésitantes, mais cela ne gênait pas
Whinney : la jument connaissait le chemin du retour. Au bout d’un moment,
Ayla se redressa. Personne ne m’oblige à rester, se dit-elle. Je suis capable
de parler maintenant...
— Je pourrai leur dire que Whinney ne doit pas être
chassée, poursuivit-elle à voix haute. Je vais faire mes préparatifs et au
printemps prochain, je pars.
Cette fois, sa décision était prise. Jondalar lui-même n’allait
pas pouvoir partir tout de suite. Il avait besoin d’armes et de vêtements. Il
est possible que mon totem me l’ait envoyé pour que j’apprenne à connaître les
Autres. Je vais profiter du fait qu’il est encore là pour lui poser un maximum
de questions. Tans pis s’il me regarde avec dégoût ! J’en ai l’habitude.
Lorsque je vivais au sein du Clan, j’étais obligée de supporter la haine de Broud.
Je pense que je supporterai que Jondalar me regarde lui aussi... avec haine.
Elle ferma les yeux dans l’espoir d’arrêter ses larmes et saisit
son amulette en se rappelant les paroles de Creb. « Quand tu découvres un
signe laissé à ton intention par le Lion des Cavernes, mets-le dans ton
amulette, lui avait dit le vieux mog-ur. Cela te portera chance. » Ayla
avait suivi son conseil.
— Lion des Cavernes, implora-t-elle, j’ai été seule si
longtemps ! Porte-moi chance !
Lorsque Ayla rejoignit la rivière, le soleil avait disparu
derrière les parois des gorges en amont, La nuit n’allait pas tarder à tomber.
Jondalar se précipita à sa rencontre vers la plage. Surgissant au galop au
détour de la saillie rocheuse, elle faillit le renverser. Whinney fit un écart
et manqua désarçonner sa cavalière. Jondalar tendit la main en avant pour
reprendre son équilibre mais, quand il sentit qu’il venait de toucher la jambe
nue d’Ayla, comme il était persuadé qu’elle le méprisait, il retira aussitôt sa
main.
Il me déteste, se dit-elle. Il ne supporte pas de me
toucher ! Ravalant un sanglot, elle fit avancer la jument. Whinney
traversa la plage rocheuse et remonta le sentier en faisant rouler les pierres
sous ses sabots. Ayla sauta de cheval et se précipita dans la caverne. Faute de
pouvoir aller ailleurs, il ne lui restait qu’une solution : se cacher.
Elle déposa le panier plein d’œufs à côté du foyer, ramassa au passage les
fourrures dans lesquelles elle dormait et les transporta à l’endroit où elle
rangeait ses réserves. Elle posa les fourrures sur le sol de l’autre côté des
claies de séchage et au milieu des paniers inutilisés, des nattes et des
récipients, puis elle se coula à l’intérieur et les rabattit par-dessus sa
tête.
Un instant plus tard, elle entendit le bruit des sabots de
Whinney, puis ceux de son poulain. Cachée sous les fourrures, elle tremblait et
faisait de son mieux pour ne pas pleurer, douloureusement consciente des
mouvements de l’homme à l’intérieur de la caverne.
Jondalar était pieds nus, elle ne l’entendit pas approcher et
quand elle sentit qu’il était à côté d’elle, elle fit un effort pour arrêter de
trembler.
— Ayla, dit-il. (Il n’obtint pas de réponse.) Ayla, je t’ai
préparé une infusion. (Elle se raidit.) Il n’y a aucune raison que tu dormes
ici, Ayla. C’est moi qui vais changer de place et m’installer de l’autre côté
du foyer.
Il me déteste, se dit-elle. Il ne peut supporter de dormir près
de moi. S’il pouvait s’en aller, simplement s’en aller...
— Depuis que tu es partie, j’ai réfléchi, reprit Jondalar.
Même si je ne sais pas très bien pourquoi j’ai agi ainsi, je tiens à
t’expliquer certaines
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