La Vallée des chevaux
n’existe pas.
— Je veux dire la langue que vous utilisez pour parler aux
esprits ou à votre Grande Mère.
— Nous n’avons pas de langue spéciale pour nous adresser à
Elle.
— Comment faites-vous lorsque vous rencontrez des gens qui
ne parlent pas la même langue que vous ?
— Nous apprenons leur langue et ils apprennent la nôtre. Je
parle trois langues et je connais aussi quelques mots dans d’autres langues.
Ayla s’était remise à trembler. Elle avait cru qu’elle pourrait quitter la
vallée et s’adresser sans difficulté à ceux qu’elle rencontrerait.
Qu’allait-elle faire maintenant ? Elle bondit sur ses pieds et Jondalar se
leva, lui aussi.
— Je peux apprendre tous les mots que tu connais,
Jondalar ! Il faut que tu me les enseignes ! J’y tiens absolument !
— Je ne peux pas t’apprendre deux autres langues,
Ayla ! Cela nous prendrait trop de temps et je ne connais pas ces langues
parfaitement. Il ne suffit pas de connaître les mots d’une langue pour savoir
la parler.
— Nous pouvons déjà commencer avec les mots. Il faut
commencer par le début. Comment dit-on feu en mamutoï ?
Après lui avoir répondu, Jondalar voulut à nouveau lui démontrer
que c’était impossible. Mais Ayla ne lui en laissa pas la possibilité et elle
continua à l’interroger en citant les mots zelandonii dans l’ordre où elle les
avait appris. La liste était déjà longue quand Jondalar réussit à
l’interrompre :
— A quoi cela sert-il ? Jamais tu ne pourras te
rappeler tous ces mots en t’y prenant comme ça.
— Je reconnais que ma mémoire pourrait être meilleure. Si
je me trompe, dis-le-moi.
Elle recommença par le mot feu, puis lui répéta tous les mots
qu’il venait de lui apprendre dans les deux langues. Quand elle eut terminé,
Jondalar lui lança un regard empreint de respect. Il se souvint soudain que
lorsqu’elle essayait d’apprendre le zelandonii, elle n’avait eu en effet aucune
difficulté à se rappeler les mots et que c’était la structure de la langue qui
lui donnait du mal, ainsi que tout ce qui était abstrait.
— Comment fais-tu ? lui demanda-t-il.
— J’ai fait une erreur ?
— Aucune !
Ayla eut un sourire de soulagement.
— Quand j’étais enfant, j’avais beaucoup plus de mal. Il
fallait toujours que je m’y reprenne à deux fois avant d’apprendre quelque
chose. Iza et Creb ont vraiment fait preuve de patience avec moi. Certains
membres du Clan pensaient que je n’étais pas très intelligente. Ça va mieux,
mais il a fallu que je m’exerce pendant très longtemps et même maintenant, ma
mémoire reste moins bonne que celle de la plupart des membres du Clan.
— Leur mémoire est supérieure à la tienne ! s’étonna
Jondalar.
— Ils n’oublient jamais rien, expliqua Ayla. A la
naissance, ils savent déjà pratiquement tout ce qu’ils ont besoin de savoir.
Ils n’ont donc pas grand-chose à apprendre. Ils naissent avec des... souvenirs – je
ne sais pas comment on pourrait appeler cela autrement. Il suffit de remettre
en mémoire une chose à un enfant du Clan pour qu’il l’enregistre : on lui
dit une seule fois et cela suffit. Les adultes n’ont plus besoin qu’on leur
remette en mémoire quoi que ce soit, ils savent comment puiser dans leurs
souvenirs. Mais moi, je ne possède pas les souvenirs du Clan. C’est pourquoi
Iza était obligée de me répéter plusieurs fois la même chose jusqu’à ce que je
m’en souvienne sans faire d’erreur.
Jondalar était stupéfait par l’extraordinaire mémoire d’Ayla,
mais il avait du mal à saisir ce qu’elle voulait dire lorsqu’elle parlait des
« souvenirs » du Clan.
— Beaucoup de gens pensaient que comme je ne possédais pas
les souvenirs d’Iza, je ne pourrais jamais être guérisseuse. Mais elle, elle me
disait que j’avais d’autres dons, qu’elle comprenait d’ailleurs à peine :
une manière de savoir ce qui n’allait pas chez un malade et de découvrir le
remède qui convenait. Comme je ne possédais aucun souvenir des plantes, elle
m’a aussi expliqué comment il fallait faire pour essayer des plantes que je
n’avais pas encore utilisées.
Ayla se tut un court instant pour regarder Jondalar. Voyant
qu’il semblait intéressé, elle reprit :
— Le Clan possède aussi un langage très ancien, uniquement
composé de gestes, et que tout le monde connaît. Ils utilisent l’Ancienne
Langue au cours des cérémonies,
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