La Vallée des chevaux
choses. Quand je me suis réveillé pour la première fois
dans cette caverne après avoir été attaqué par le lion, je ne savait pas où
j’étais et je ne comprenais pas pourquoi tu ne répondais pas à mes questions.
Pour moi, c’était un mystère et j’ai commencé à imaginer toute une histoire à
ton sujet. Je pensais que tu étais une zelandoni en train de subir une épreuve,
une femme qui avait répondu à l’appel de la Mère et qui était à Son Service.
Lorsque tu as repoussé mes avances, j’ai cru que si tu refusais de partager les
Plaisirs avec moi, c’est que cela faisait partie des épreuves que tu
t’imposais.
Ayla l’écoutait. Elle ne tremblait plus, mais elle n’avait
toujours pas bougé.
— Je ne pensais qu’à moi-même, avoua Jondalar en
s’accroupissant à côté d’elle. Je ne sais si tu vas me croire mais je... euh...
disons que j’ai la réputation d’être un homme plutôt attirant. La plupart des
femmes recherchent mes... faveurs. J’ai toujours eu l’embarras du choix. Et
j’ai cru que tu repoussais mes avances. Comme je n’en ai pas l’habitude, je me
suis senti blessé dans mon orgueil. Mais plutôt que d’en convenir, j’ai préféré
inventer une raison qui expliquait que tu ne veuilles pas de moi et je me suis
imaginé que tu étais au Service de la Mère.
Jondalar se tut un court instant. Comme Ayla ne bougeait
toujours pas, il ajouta :
— Si j’avais fait un peu plus attention, je me serais très
vite rendu compte que ton attitude n’était pas celle d’une femme pleine
d’expérience qui aurait repoussé mes avances, mais plutôt celle d’une jeune
femme qui n’a pas encore été initié aux Premiers Rites – timide, un
peu terrorisée et désireuse de plaire. S’il y avait quelqu’un de bien placé
pour s’en rendre compte, c’était moi... Mais laissons cela. Ça n’a pas
d’importance.
Ayla venait de repousser les couvertures et elle écoutait les
paroles de Jondalar avec une telle attention qu’elle entendait bourdonner le
sang dans ses oreilles.
— Mais je ne voyais que la femme en toi, Ayla, lui avoua
Jondalar. Car, crois-moi, tu n’as rien d’une jeune fille. Je pensais que tu
plaisantais quand tu me disais que tu étais grande et laide. Ce n’est
absolument pas le cas. Même si aux yeux des Tê... de ceux qui t’ont élevée tu
semblais trop différente, il faut que tu saches que tu n’es ni grande ni laide.
Tu es d’une rare beauté, Ayla. La plus belle femme que j’aie jamais rencontrée.
Ayla s’était retournée et elle était en train de se redresser.
— Belle ? Moi ? s’écria-t-elle d’une voix
incrédule. Tu te moques de moi, ajouta-t-elle en se rallongeant sous les
fourrures de crainte d’être à nouveau blessée.
Jondalar avança la main pour la toucher, mais il se ravisa.
— Je ne peux pas t’en vouloir de ne pas me croire. Surtout
après ce qui s’est passé aujourd’hui... Mais je crois que le moment est venu de
regarder les choses en face. La vie n’a pas été tendre pour toi, Ayla. Tu as
perdu tes parents et tu as été élevée par des... gens très différents. Tu as
été séparée de ton fils, et il a fallu que tu quittes le seul foyer que tu
avais pour affronter un univers inconnu et vivre seule. Peu d’êtres auraient
survécu à de telles épreuves. Non seulement tu es belle, Ayla, mais tu possèdes
aussi une extraordinaire force intérieure. Et il va falloir que tu sois encore
plus forte. Il faut absolument que tu saches comment les gens considèrent ceux
qui font partie de ce que tu appelles le Clan. Comme je te l’ai dit tout à
l’heure, ils pensent que ce sont des animaux...
— Ce ne sont pas des animaux !
— Je n’en savais rien, Ayla. Certaines personnes les
détestent. J’ignore d’ailleurs pourquoi. Les animaux – les vrais,
ceux que nous chassons –, personne ne les hait. Peut-être qu’au fond
d’eux-mêmes les gens savent que les Têtes Plates – c’est ainsi qu’on
les appelle sont aussi des êtres humains. Mais ils sont si différents de nous
que cela nous fait peur et représente même une menace à nos yeux. Et pourtant,
certains hommes obligent les femmes Têtes Plates à... je ne peux pas
dire : partager les Plaisirs... ce n’est pas l’expression qui convient.
Disons, comme toi, qu’ils assouvissent leur désir avec elles. Pourquoi font-ils
ça s’ils les considèrent comme des animaux ? J’ignore si ce sont vraiment
des
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