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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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culpabilité la ramena aux raisons de son départ. Si elle l’avait épousé, les triplés auraient un père à leurs côtés, elle n’aurait cessé d’être la dame de Vollore et tout, en somme, aurait été simple et vrai. Comme Solène pleurait à gros sanglots, elle tenta de la réconforter :
    —  Jean est habile, rusé et de bonne constitution, Solène. Je suis sûre qu’il s’en sortira sauf. Sûre, tu m’entends ?
    Solène hocha la tête et renifla. D’un geste, elle s’empara de la bouteille et s’en servit à la régalade.
    —  Eh ! La sermonna Marie en la lui enlevant. Tu vas être complètement ivre.
    —  Cela m’est égal.
    —  Je ne te savais pas aussi sensible. Nous avons vu mourir tant de gens, tant d’amis pourtant…
    Solène baissa la tête et renifla de nouveau.
    —  C’était différent. Je l’aimais, avoua-t-elle.
    Marie sentit le souffle lui manquer.
    —  Je ne comprends pas, commença-t-elle éberluée.
    Solène tourna vers elle ses grands yeux douloureux.
    —  Il n’y a rien à comprendre. C’est toi qu’il avait choisie.
    Marie tenta de rassembler les morceaux d’une histoire que cette révélation avait fait éclater en tous sens, mais elle avait beau les rapprocher, c’était comme s’il en manquait un pour qu’elle soit cohérente.
    —  Pourquoi m’avais-tu fait venir ?
    La question de Solène la prit de court. Toute à ses pensées, elle répondit mécaniquement :
    —  Pour t’associer à mon projet. J’ai obtenu les crédits que je souhaitais pour relancer la boutique.
    —  Oh ! Seigneur, Marie, répliqua Solène en l’empoignant par les épaules, comment le pourrais-je sans te dire toute la vérité ?
    Marie chercha son regard. Il était voilé d’une telle tristesse qu’elle en sourit de tendresse. Solène poursuivit :
    —  Tu es si généreuse, tu aurais dû m’en vouloir de ce rôle qu’il m’a forcée à jouer. Au lieu de cela, j’ai retrouvé cette grande sœur que je vénérais enfant.
    —  Quel rôle ? De quoi parles-tu, Solène ? demanda Marie, la tête confuse de ces aveux inachevés, d’une intuition qui la ramenait à Constant et de ce sentiment de culpabilité qui la persécutait à l’idée de la mort de Jean.
    —  Bertrand n’est pas le fils de Constant, annonça Solène. J’ai toujours aimé Jean, continua-t-elle alors que Marie écarquillait les yeux de surprise. Lorsque j’ai su par Constant ce qui s’était passé entre Jean et toi, j’étais furieusement jalouse, mais je ne pouvais rien te reprocher. Pour Jean, je n’étais qu’une enfant encore et tu ignorais mes sentiments à son égard. Puis il y eut les répressions. Je me suis insensiblement rapprochée de lui, forte de ce que Constant, mon propre frère bafoué et blessé, me confiait. Il prenait plaisir à te repousser, sachant que tu n’aimais pas Jean autant que lui. Il voulait te punir. Moi, j’étais perdue dans ces événements qui m’effrayaient. La mort de ma mère, cette révélation sur ma naissance. Calvin qui tournait autour de nous et nous embrouillait les idées et le cœur. Je ne comprenais rien de ce que Constant manigançait. Puis tu es partie et Jean est resté. Il était malheureux. Il savait que tu ne l’épouserais jamais. J’ai fini par le convaincre que je pouvais lui donner une famille, que je saurais l’aimer. Et que s’il m’épousait, tout rentrerait dans l’ordre. Constant pardonnerait et ils redeviendraient amis. Il a fini par céder et nous nous sommes aimés, contre sa promesse d’épousailles. Je l’ai dit à Constant. Il est devenu fou. Il a hurlé que lui vivant, jamais Jean ne serait heureux et en paix. Il m’a fait jurer de refuser Jean sous peine de le tuer de ses propres mains. Il était si violent. J’ai eu peur quand il m’a giflée. Peur qu’il fasse ce qu’il disait. J’ai obéi. Et puis je me suis rendu compte que j’étais enceinte. Je l’ai avoué à Constant. Une semaine plus tard, Jean et lui te rejoignaient en Auvergne. Constant m’avait promis qu’ils régleraient ça en chemin et qu’il me dirait au retour ce qu’ils avaient décidé. Il est revenu seul, affirmant que Jean s’était joué de moi et que tu avais choisi de l’épouser pour donner un père à tes enfants. Je me suis mise à pleurer et j’ai accepté ce qu’il me proposait : devenir sa femme pour ne pas être déshonorée. Jean est revenu furieux quelque temps plus tard. Ils se sont disputés.

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