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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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C’est comme cela que j’ai appris la vérité. Jean était venu en Auvergne pour te révéler son intention de m’épouser et Constant l’avait devancé. Jean s’est tu. Mais à son retour, il a exigé de savoir. « Tu as volé mon bonheur, nous sommes quittes désormais ! a rétorqué Constant en riant comme un forcené. Si l’un ou l’autre révèle quoi que ce soit à Marie, c’est l’enfant qui en pâtira. » Jean est parti le lendemain pour les armées du roi. Je ne l’ai pas revu. Constant voulait vous punir tous les deux. C’est tellement stupide, acheva-t-elle en se jetant dans les bras de Marie.
    Marie la serra contre elle, bouleversée. Puis quelque chose monta en elle, un sentiment d’une violence qu’elle n’aurait jamais imaginée. Elle repoussa doucement Solène et se redressa, le visage fermé sur cette haine implacable.
    —  T’a-t-il forcée ? demanda-t-elle.
    —  Qui ?
    —  Constant. T’a-t-il forcée ?
    —  Une seule fois, avoua Solène. À cause de ta liaison avec le roi et de ma mère !
    —  Ta mère ? S’étonna Marie, les poings serrés.
    Solène hésita un instant devant les traits crispés de Marie.
    —  Parle, ordonna celle-ci plus durement qu’elle ne le voulait.
    Elle insista, plus doucement :
    —  Nous ne devons plus avoir de mystère l’une pour l’autre, Solène.
    Solène hocha la tête.
    —  Grâce à Triboulet, ma mère a été engagée pour divertir le roi et ses convives au château de Blois, un soir du début de son règne. Elle y a dansé comme elle savait le faire, étourdissant les hommes en se refusant à eux. Pourtant, elle s’est laissé séduire et enivrer par le premier d’entre eux. Au matin, elle quittait le château avec une somme rondelette dans sa bourse de cuir et l’enfant de François I er en elle. Cet enfant, c’était moi, confia-t-elle en rougissant. Personne à part Croquemitaine et Bertille ne savait la vérité. Il me l’a révélée peu avant sa mort et j’ai eu le tort de le confesser à Constant un soir, parce que ce secret me pesait. Quelques semaines plus tard, Triboulet lui annonçait que le roi avait trouvé ta couche. Cela l’a rendu fou. « Puisqu’elle se donne à un roi, rien ne m’empêchera d’aimer une reine ! » m’a-t-il dit en me giflant. Je l’ai laissé faire. Ensuite, il m’a demandé pardon, promis que jamais il ne recommencerait. Aucun enfant n’est venu et il a tenu sa promesse.
    Marie se redressa lentement, les jointures des articulations blanchies d’avoir gardé les poings serrés.
    —  Où vas-tu ? demanda Solène d’une voix tremblante.
    —  Où je vais ? répéta Marie dans un rire aigre. Je vais le tuer !
    Et la plantant là, elle partit en courant dans les rues de Paris, sa jupe de soie raclant la boue des caniveaux, indifférente aux regards étonnés des passants. Indifférente à tout ce qui croisait son chemin.
    Mais cette fois elle n’était plus une enfant qui cherchait à se venger d’un frère de lait pour une tresse tirée. Il était allé trop loin.
     
    Elle arriva en nage au logis où Bertille était en train de coucher Bertrand. Constant n’était pas rentré de l’imprimerie et Marie ne prit pas la peine de lui expliquer pourquoi elle le cherchait. Elle se retrouva à courir dans la rue avant même que la naine ait pu s’inquiéter de son aspect.
    Elle trouva l’imprimerie deux rues plus loin et y pénétra le souffle coupé.
    Constant se dressa devant elle, les mains tachées d’encre, autant que le tablier bleu qui protégeait ses vêtements, étonné de la voir surgir aussi crasseuse et échevelée qu’en leur jeune temps. Marie reprit sa respiration, puis hoqueta :
    —  Tu es seul ?
    —  Oui, pourquoi ?
    La fin du mot se perdit dans une claque magistrale qui lui fit tourner la tête. Avant qu’il réagisse, Marie se jeta sur lui, le faucha d’un croc-en-jambe et lui laboura le visage de coups tandis qu’il chutait en arrière, se rattrapait à la presse, emportait un flacon d’encre et s’écroulait finalement entre deux piles de papier. Marie sauta sur son ventre, aussi furieuse que déchaînée.
    Le temps qu’il comprenne ce qui se passait, son œil droit enflait et un filet de sang jaillissait de son nez. Il empoigna les poings hardis qui s’abattaient sans mollir, les plia en explosant :
    —  Mais vas-tu bien te calmer ?
    —  Jamais ! Jamais, gronda-t-elle entre ses dents, plus rageuse encore qu’il ose la

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