Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
mais j’ai payé trop cher déjà le prix de cet amour.
    —  Jean est mort.
    Il se crispa un moment puis ses bras retombèrent.
    —  Je ne voulais pas cela, murmura-t-il en secouant la tête.
    Marie l’embrassa sur la joue puis se détourna.
    —  Je sais. Habille-toi et rangeons. Je ne veux pas que tu perdes ton emploi. Tu as un enfant à nourrir.
    —  Ce n’est pas mon fils, Marie, livra-t-il.
    —  Je le sais aussi. Nous parlerons plus tard.
    Elle lui tendit un visage engageant qui le réconforta. Il s’habilla très vite tandis qu’elle allumait les lanternes. L’instant d’après, ils réparaient au mieux les conséquences de leurs ébats.
    Le jour embrasait les pointes de Nostre-Dame lorsqu’ils quittèrent l’imprimerie. Ils avaient rangé en silence pour garder intact le souvenir de cette nuit. Au tournant de la rue, Marie glissa ses doigts dans ceux de Constant. Il se retourna vers elle et l’entraîna dans une course folle, aussi folle que son espoir retrouvé.
     
    Ilss’arrêtèrent devant la maison d’Isabeau, essoufflés, riant commedeux enfants. Solène s’était assoupie sur un fauteuil et Marie apposa un doigt sur ses lèvres pour inciter Constant à ne pas faire de bruit. D’un même élan, ils grimpèrent l’escalier après avoir enlevé leurs chaussures et elle l’entraîna dans la chambre qu’elle s’était aménagée.
    Lorsque la porte se fut refermée sur elle, elle fit face à Constant, les bras ballants comme le jouvenceau timide qu’elle avait connu et qu’elle avait toujours dû entraîner sur un mauvais coup.
    —  Elle t’a tout raconté, lâcha-t-il en baissant les yeux. J’étais décidé à le faire quand j’ai su que tu voulais rouvrir la boutique. Je regrette qu’elle m’ait devancé.
    Marie l’invita à s’asseoir près d’elle, sur le lit. Cette nuit avait vaincu sa colère en apaisant sa frustration.
    —  Tu n’avais pas le droit de lui voler sa vie pour te venger de Jean et de moi, dit-elle simplement sans lâcher cette main qui s’accrochait à la sienne.
    —  Ce n’était pas moi, Marie. Je me suis haï de mes réactions, de mes violences, de cette force malsaine qui me poussait à tout détruire. C’est comme si quelque ténébrion m’avait possédé. Comme si seul le mal pouvait apaiser ma souffrance, mais il ne faisait que l’augmenter sans cesse. Je n’ai aucune excuse. Solène est ma sœur. Me croiras-tu, Marie, je l’ai même forcée lorsque j’ai su qu’elle était la fille de ce roi que je méprisais. J’ai couru me jeter sur les gargouilles de Nostre-Dame. J’aurais voulu mourir tellement j’étais pesneux. Je pensais à Chazeron, je me disais que je ne valais pas mieux que lui. J’ignore encore ce qui m’a empêché de sauter.
    Marie n’osa pas lui dire que Solène lui avait avoué cela aussi. Entendre sa confession lui faisait du bien. Exorcisait ses propres fautes. Encouragé par son silence, il continua :
    —  Il m’a fallu du temps pour comprendre la raison de ma folie. Je croyais que tes enfants en étaient responsables. Mais à les voir, à jouer avec eux, je me suis senti si vulnérable, si triste qu’ils ne m’appartiennent pas, que tu ne m’appartiennes pas, que cette idée d’épouser Solène m’est venue, pour combler ce manque de paternité davantage que pour punir Jean. Vengeance est la raison que je me suis donnée pour ne pas admettre cette vérité qui m’effrayait. Oh ! Marie, comment t’expliquer ? Gémit-il en lui faisant face. Ce n’est pas ton inconduite que j’ai détestée, c’est cette distance que le destin a mise entre nous. Je te voyais changer. Aimer ces atours que je ne pourrais jamais t’offrir, porter ces bijoux de la dame de Vollore, et briller à la cour jusque dans le lit du roi. Ce n’est pas ton ascension que je méprisais, c’était ma misère. Je ne pouvais t’en vouloir d’avoir choisi ce faste dont nous nous étions moqués, alors je t’ai chassée pour m’avoir trahi. Car je me sentais trahi, Marie. Parce que tu n’étais plus la même, que je ne te reconnaissais plus, mais surtout parce que malgré tes suppliques, je n’avais pas ma place dans ce monde que tu avais choisi.
    —  Il n’a jamais été le mien. Si je m’y complaisais, c’était pour sauver les nôtres. Pour te sauver toi. J’ai essayé maintes fois de te le faire comprendre.
    —  Je sais, mais je ne pouvais pas. Ainsi habillée, coiffée, maquillée, voltant autour de moi, tu

Weitere Kostenlose Bücher