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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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sentiment que l’on vous aime plus qu’on ne peut m’aimer. Je vous déteste pour cela, avoua-t-elle.
    —  Je ne suis pas votre rivale, Anne. Et n’ai rien à cacher.
    —  Tant mieux ! affirma-t-elle. Il m’ennuierait qu’à l’exemple de cette chère M me  de Châteaubriant, vous finissiez.
    Son sourire énigmatique étonna Marie. Montmorency ne lui avait-il pas affirmé que son enquête n’avait rien donné, que l’ancienne maîtresse du roi était défunte de mort naturelle ? Elle ne laissa pourtant rien paraître de sa surprise et ne releva pas la menace. En était-ce seulement une ? Et si cela était ? Pourquoi Montmorency avait-il démenti la rumeur ? Elle se promit d’être vigilante. Tout aussi aimant qu’il paraissait, il pouvait tout à fait s’aviser de la remplacer.
    Ils repartirent trois jours plus tard. Montmorency préférait la cour de Diane et d’Henri à celle du roi. Avant de le quitter, Marie reçut une confortable avance sur une commande de tissus et de sous-vêtements. Elle se dit qu’il allait falloir relancer la façon comme du temps d’Isabeau, et cela lui plut. Nombre de petites mains travaillaient autrefois dans ce lieu. Le voir revivre comme à ses jours fastueux était un beau moyen de rendre hommage à la ténacité de sa grand-mère.
    Diane de Poitiers l’embrassa avec davantage de plaisir, ravie certainement de voir Catherine s’en froisser. Désormais, le couple illégitime était inséparable et il n’était pas un lieu où l’on ne retrouvât après leur passage leurs initiales entrelacées par quelque sculpteur ou peintre. Henri s’en amusait, plus amoureux de jour en jour, même s’il continuait de satisfaire à ses devoirs d’époux et manifestait une grande attention à Catherine.
    Les mauvaises langues disaient que c’était par crainte de la voir assassiner sa rivale et Marie pouvait difficilement ne pas les croire. Elle retourna chez elle aussitôt qu’elle le put. Montmorency ne lui parla pas de mariage et elle s’abstint sur la couche de le lui rappeler.
    Elle avait décidé de garder les triplés avec elle à Paris, où l’hiver était moins rude. Ils avaient suffisamment grandi pour demeurer sages sous la protection de Bertille, tandis qu’elle s’occupait des commandes dans la journée. Constant jouait avec eux autant que son travail le lui permettait. Il ne lui demanda rien de ce qui s’était passé à la cour durant ces deux mois, mais il la belina avec une vigueur orgueilleuse, se rassurant de ses gémissements pour oublier que l’autre avait pu les lui arracher.
    —  Finalement, j’aime lorsque tu es jaloux, murmura Marie à son oreille, comme, vaincu par un plaisir intense, il s’endormait. Il ne réagit pas mais la serra davantage contre lui.
     
    L’hiver 1539 passa, clément comme l’était cette trêve au cœur des ambitions européennes. François I er continuait ses errances, profitant de ses bonnes dispositions et de la paix pour proclamer des édits.
    Marie accueillit plusieurs fois Montmorency chez elle. Une fois, ils se croisèrent avec Constant. Celui-ci baissa le nez sans le saluer et s’éloigna en tapant du pied dans tous les cailloux qu’il trouva. Marie expliqua au connétable qu’il était l’époux de son employée et qu’elle venait de lui faire remontrance de la venir trop souvent distraire. Anne de Montmorency sembla la croire. D’ailleurs, il s’en moquait. Il était seulement venu l’aimer. Il s’inquiéta des enfants qui risquaient de les surprendre, se satisfit de savoir que Marie les avait déplacés chez leur nourrice pour la soirée et ne s’étonna même pas de la prendre dans une chambre impersonnelle que son parfum n’avait pas embaumée. Il l’assura une fois encore de sa tendresse et lui offrit un pendentif de diamants où une rose entrelaçait un M élancé.
    Marie l’en remercia et le reconduisit avec plus de plaisir qu’elle n’en avait eu à se donner. Lorsqu’elle revit Constant le lendemain, il souriait. Elle préféra ne rien demander pour ne pas raviver sa jalousie. Mais elle était de plus en plus lasse de faire semblant d’être une maîtresse complaisante et soumise. Tout bon amant que le connétable ait pu être, aucune de ses caresses ne l’abreuvait autant qu’un seul des baisers de Constant.
    Jean ne répondit à leur lettre qu’au mois de juillet 1539. Il annonçait son retour. Marie préféra renvoyer les enfants à Vollore avant qu’il ne revienne.

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