Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
obligations. Il avait mis huit jours à vaincre sa phobie, mais ne parvenait pas à se décider à faire plus de quelques mètres, acceptant que les jumeaux lui servent de précepteurs. De fait, cela les avait rapprochés et c’était bien plus important à ses yeux et à ceux de Marie que cette stupide crainte des « canassons », comme il se plaisait à appeler les chevaux.
    —  Cette fois, c’est la bonne ! affirma-t-il en redressant le buste, décidé à enfin marquer son territoire au détriment des nombreux bleus qui auréolaient ses cuisses et son fessier meurtri.
    Gabriel pouffa de nouveau et son frère lui fit les gros yeux pour l’inciter à se taire. Constant talonna l’animal, aussi docile qu’un mouton, qui consentit quelques pas résignés dans l’enclos.
    —  Allons, un peu de courage, père ! lança Antoine.
    Surpris et touché par ce qualificatif qui sonnait pour la première fois dans sa bouche, Constant se sentit gorgé d’une fière assurance.
    —  Je crois que c’est-ce canasson qui est fatigué, crâna-t-il.
    —  Faut pas s’y fier ! affirma Gabriel qui, n’y tenant plus, venait de contourner la croupe de l’animal, débonnaire.
    —  Talonnez-le un peu, pour voir ! suggéra Antoine en décochant un clin d’œil à son frère.
    Constant s’exécuta au moment où le piquant de l’aiguille rencontra le cuir de la jument qui hennit de surprise avant de s’élancer vers la porte ouverte de l’enclos.
    —  Serrez ferme la bride, père ! Nous vous suivons, hurlèrent les garçons qui, d’un même élan, avaient enfourché leurs montures tenues par les palefreniers, hilares.
    Ballotté telle une botte de paille mal liée, Constant tentait de contrôler cette situation délicate qui lui faisait longer le château sous les rires de ses gens et piquer vers la forêt. Il aurait voulu crier, mais son orgueil s’y refusait. Alors il serrait les cuisses pour ne pas choir et tirait, tirait sur les rênes à se demander si elles n’allaient pas lui rester entre les mains.
    Lorsque les deux garnements comprirent que Constant avait maîtrisé sa monture, d’un coup de talon ils le rejoignirent, rengainant leur amusement pour feindre l’inquiétude.
    —  Pas de mal, père ? demanda innocemment Gabriel alors que la jument de Constant s’immobilisait enfin.
    —  Non, pas de mal.
    —  Vous l’avez menée de main de maître ! S’enthousiasma Antoine.
    Constant sentit un vrai sourire le gagner en entier.
    —  Et je ne suis pas tombé ! ajouta-t-il très fier de sa performance.
    —  En somme, vous savez monter à cheval !
    Constant se courba et flatta l’encolure de la bête.
    —  Et ma foi, ce n’est pas désagréable, reconnut-il.
    —  Tu vois, je te l’avais bien dit ! Lâcha Gabriel à son frère.
    Cette fois, Constant surprit le regard de connivence entre eux et aussitôt s’en inquiéta.
    —  Dois-je comprendre que j’ai servi à quelque farce ? demanda-t-il.
    Les garçonnets le jaugèrent un instant, puis Gabriel ouvrit sa main tendue vers Constant, révélant l’aiguille.
    —  Qu’est-ce que… Petits garnements, vous mériteriez…
    Mais le restant de sa phrase se perdit dans l’hilarité des deux frères qui d’un même élan talonnèrent leur monture.
    —  Rattrape-nous si tu le peux ! cria Antoine.
    —  Oh ! Oui, père, rattrape-nous, répéta Gabriel en écho.
    —  Comme si je pouvais… commença Constant. Puis aussitôt, l’évidence le submergea : Bien sûr que je peux !
    Il jeta l’aiguille dans l’herbe et planta résolument les talons dans les flancs de la jument qui broutait paisiblement, son calme retrouvé. Aiguillonnée par la nouvelle assurance de son maître, elle s’élança derrière les enfants dont le rire porté par la brise n’en finissait pas de résonner sur le sentier forestier.
    Ils finirent par se laisser rattraper et, grâce à la promesse spontanée de Constant de taire cette vilaine affaire d’aiguille, le retour fut guilleret.
    —  Demain, il faudra visiter la contrée ! décida Gabriel.
    —  Oui, oncle Huc le faisait tous les jeudis, renchérit Antoine.
    —  Demain alors. Allons !
    Pour rien au monde, Constant n’aurait voulu avouer qu’il avait le fessier plus mâché qu’après une volée de bois vert ! Et Dieu sait qu’il en avait tâté durant son jeune temps où avec Marie ils accumulaient bêtise sur bêtise.
     
    Au mois de septembre de cette année 1540, Marie mit au

Weitere Kostenlose Bücher