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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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froidure de l’aube :
    —  Pardon, ma fille.
    Puis la porte claqua, et la rue emporta son secret.

4
     
     
    La porte s’ouvrit dans une belle envolée comme Phi-lippus allait y laisser choir le heurtoir de bronze. Les deux bras d’un homme à la stature vigoureuse se tendirent vers lui et le happèrent dans un élan de spontanéité fraternelle.
    —  À l’heure exacte ! s’exclama la voix qu’il ne reconnut pas, mais dont pourtant il savait l’origine.
    Il étreignit avec chaleur cette masse humaine qu’il découvrait en redécouvrant son ami, tandis que Michel de Nostre-Dame, guilleret et ravi de sa surprise, enchaînait avec un bonheur évident :
    —  Par Dieu, que j’aime cette science, mon ami ! Et quel plaisir que ce temps passé à vous attendre en sachant votre venue !
    —  Est-ce pour cela que vous étouffez le vieillard que je suis ? Se moqua Philippus, tout à la joie de cette effusion caractéristique des Provençaux.
    Michel desserra son étreinte dans un rire puissant, qu’il corrigea d’une voix de basse :
    —  Par Dieu non, votre heure n’est point venue ! Avez-vous fait bon voyage ?
    —  Ne le savez-vous pas ? Le taquina Philippus une nouvelle fois en détaillant le bel homme qui se tenait devant lui.
    De l’enfant qu’il avait laissé, il reconnaissait l’œil perçant, rusé, clairvoyant, et les deux fossettes. C’était comme s’ils ne s’étaient jamais quittés.
    —  Si fait, et je regrette de n’avoir pas eu la présence d’esprit de vous indiquer ma nouvelle adresse, vous forçant ainsi à un pèlerinage qui retarda votre route. Mais que voulez-vous, je maîtrise mal encore ces visions et l’impatience l’emporte souvent sur le bon sens, ce qui est chose singulière quand on se heurte au sens caché des songes et que, par ma foi, qu’ils soient bons ou mauvais, on en est esclave.
    Un nouveau rire salua cette diatribe. Philippus le regarda s’amuser de lui-même, retrouvant avec cet esprit brillant, bouillonnant et moqueur, toute la félicité de leur première rencontre. Une joie sereine l’envahit, effaçant d’un coup la tristesse de ces longues années sans but.
    —  Je suis heureux de nos retrouvailles, Michel. Vraiment heureux.
    —  Par Dieu, je le suis aussi, Paracelse ! Renchérit Michel selon une formule qui lui semblait propre. Allons, venez, entrez. Couvert est mis et lit chauffé. En ce mois de septembre, les nuits sont fraîches. Le temps est une curiosité, voyez-vous. On croule sous la chaleur puis, sans prévenir, on s’aperçoit que l’on frissonne. Savez-vous que nombre de mes malades me viennent voir effrayés par ce signe, tant l’ombre de la peste plane sur ce pays ? Je travaille à une médication, mais il me faudra de longues années encore avant d’en voir l’aboutissement. Il est rassurant pourtant de savoir que persévérance obtiendra satisfaction. Mais ce n’est point là ce qui vous amène et je voudrais que nous n’en parlions pas cette nuit. Il me faut vous montrer quelque chose. Vous saurez ainsi comme moi que, quoi que l’on fasse, mon ami, le hasard n’existe pas. Venez !
    Philippus se laissa guider par une porte à l’intérieur d’une pièce carrée dans laquelle brûlait un feu de cheminée. Une table couverte de mets attendait son appétit dans la lueur des lanternes.
    Le logement était étroit, simple, mais aussi chaleureux que celui de Saint-Rémy-de-Provence dont Philippus avait conservé intact le souvenir. Il se sentit chez lui, comme s’il avait passé tout ce temps à chercher cet asile sûr, serein, cette coquille dans laquelle sa peine pourrait perdre son sens.
    Ils mangèrent face à face, Philippus comblant le vide de ces années en écoutant Michel raconter son parcours.
    De fait, jusqu’en 1520, celui-ci avait appris la médecine en Avignon. La peste arrêta ses études. Il se consacra alors à celle des simples et à la pharmacaitrie, suivant pas à pas la contagion pour s’instruire et se battre contre elle. Il ne s’était réinscrit en faculté à Montpellier qu’en octobre 1529. Cette épidémie qui avait ravagé le Languedoc, il l’avait rêvée quelques années auparavant, se voyant courbé au-dessus des charniers, même s’il avait peu le pouvoir de se voir lui-même, prélevant dans des flacons sang et fragments de peau pour les analyser. C’est ainsi qu’il avait trouvé le courage d’entreprendre ses recherches, accompagné de la certitude qu’il ne

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