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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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mourrait pas de la maladie, malgré son acharnement auprès des malades.
    Pour ce qui était des sentiments, rien ne lui venait. Il avait trop souffert de ce qu’il avait vu avant que Philippus ne le quittât pour gagner l’Auvergne. Il ne l’avait pas cherché pourtant, il n’avait pas su, pas voulu modifier le cours du destin. Il savait qu’il n’en avait pas le droit, comme si la main céleste l’avait bâillonné contre son gré, lui imposant de savoir pour se préparer à affronter les événements, non pour les changer. Nul n’en avait le pouvoir. Longtemps, il s’était senti coupable de cette vie qu’il avait gâchée par son silence. De sorte qu’il avait introduit sans le chercher une sorte de barrière en lui qui empêchait les visions le concernant de perturber sa propre vie. Il ne voulait pas souffrir avant que les choses arrivent, pas davantage qu’il ne voulait précéder la joie. Sauf pour Philippus. Il avait su que le moment était venu d’une étrange manière.
    Michel chassa ce souvenir d’un revers de main malgré l’impatience qu’il lisait dans les yeux de son compère.
    —  Demain, mon ami. Ne croyez pas que je veuille, par cette attente, me donner une importance que je n’ai pas. Il s’agit de circonstances particulières. Demain, la configuration céleste sera propice à ces révélations car d’autres me viendront qui combleront encore les silences, les interrogations. Je le sais. La précipitation entraînerait peut-être une modification de votre destin et, ainsi que je vous l’ai dit, Dieu tout-puissant m’a donné ce don particulier à cette seule condition. Il est de mon devoir de chrétien de m’y soumettre. Si je pervertissais ma foi, j’y perdrais mon âme.
    —  J’attendrai, assura Philippus.
    —  En ce cas, venez que je vous montre l’extraordinaire chose que constitue votre thème astral.
    Fasciné par l’homme autant qu’il l’avait été par le jouvenceau, Philippus gravit sur ses traces les degrés de bois menant à l’étage de la petite maison. Une seule chambre s’y ouvrait, aussi grande que la salle dans laquelle ils avaient mangé. Un petit couloir desservait les latrines qui saillaient dans la façade au-dessus de la rue en une protubérance architecturale qu’il avait remarquée dans toutes les ruelles de la ville. Un simple trou dans le plancher laissait voir le caniveau qui courait le long des maisons, à ciel ouvert. Rien d’étonnant à ce que la peste se répandît dans les régions de France. Pour combattre le mal, il en était convaincu, il fallait assainir les villes par un réseau d’égouts.
    Michel avait tenté de convaincre les habitants de sa ruelle de se ranger à son exemple : rajouter dans un baquet d’eau une poignée de chaux et le vider dans la tranchée pour évacuer les matières, tuant ainsi les germes. Mais bon nombre se moquaient de lui. La pluie lavait les pavés, emportant tout vers la place où se regroupaient les sillons merdeux. Là, un puits les noyait en terre. C’était bien suffisant !
    L’hygiène embarrassait peu le peuple et les bourgeois. D’ailleurs, ne disait-on pas que se laver amenait la migraine ou la cacquesangue 1 {1} ? En certaines régions de France, les idées reçues étaient légion. Depuis la guerre de Cent Ans, on avait oublié le bon sens et la médecine devait faire face à un retour en arrière qui favorisait les épidémies.
    Cet échange de points de vue les tint un long moment et Philippus fut heureux de constater que par maints aspects son ami lui ressemblait. Il rencontrerait sûrement lui aussi l’opposition de nombreux confrères, et il lui suggéra, à son exemple, d’étayer ses théories par un séjour en Égypte où lui-même avait trouvé tant de réponses et découvert tant de secrets. Michel le lui promit, dès qu’il le pourrait.
    —  Pour l’heure, contemplez ceci.
    Courbé sur sa table de travail, il étala devant Philippus une carte qui la recouvrait tout entière et sur laquelle de nombreux signes se mêlaient à des chiffres, des cercles et des points. Philippus, ayant étudié l’astrologie, s’y intéressa au premier regard.
    —  Voyez, Philippus, insista Michel en suivant une ligne qui chevauchait points et signes, comme votre thème est peu courant. La nuit de votre naissance, des éléments trouvèrent une place étrange dans le ciel, Mercure en huit, Vénus et Saturne en cinq et douze…
    —  Comment diable avez-vous pu ? demanda

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