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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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sur l’épaule de Constant, avec lequel il chuchotait. Isabeau s’interposa :
    —  Votre réputation, messire, est assez scabreuse, même à la cour des Miracles. On vous présente comme un coureur de dot, coupe-jarret à l’occasion, joueur et mécréant. C’est trop à mon sens pour un seul homme, à moins que ce ne soit qu’un pâle reflet de la réalité. La rumeur vous veut aussi enfermé à plusieurs reprises au Châtelet pour diverses vétilles, libéré, voire évadé. Pouvez-vous me dire en ce cas d’où vient que vous connaissiez ma nièce ?
    Jean étira un sourire franc sur ses lèvres.
    —  De cet animal-ci.
    Il désigna Ma qui s’était approchée de lui. Le cœur d’Isabeau se pinça ; elle refoula une vague de tendresse, trop émue encore par les révélations de la fin d’après-midi pour pouvoir prendre du recul. Elle bafouilla :
    —  Racontez-moi.
    D’un geste, elle les pria de s’asseoir. De fait, elle avait grand besoin d’un siège tant elle se sentait lasse. Marie et Constant s’installèrent par terre, main dans la main, sur l’épais tapis, et Ma vint naturellement s’installer à leur côté. Jean Latour opta pour un des bancs sur lequel il replia ses longues jambes. Avec la même désinvolture que les deux jouvenceaux, il croisa ses mains sur ses genoux et dévisagea Isabeau sans vergogne.
    Quel âge pouvait-il avoir ? se demanda-t-elle. Vingt ans ? Trente ans ? Elle n’aurait su le dire. Elle se sentait gauche et ridicule dans son fauteuil, trônant sur ce petit monde qui la bouleversait.
    —  Il y a trois jours, ce Chazeron, dont vous avez si joliment vanté les diableries, lança ses hommes et ses chiens à mes trousses, sur la plainte d’un jaloux qui, ne se contentant pas du mérite d’être cocu, affirmait que je l’avais délesté d’une somme rondelette. Ce qui était faux, je le regrette, car il n’est rien de plus désagréable que de ne pouvoir jouir des méfaits dont on vous accuse, vous en conviendrez !
    —  J’en conviens, s’amusa Isabeau à qui ce ton léger rendait quelques couleurs.
    —  Donc, ce bougre sur mes traces, je filais rue de la Farinerie lorsque je me trouvai encerclé devant l’entrée du cimetière. J’y courus, sans grand espoir. Au seuil de l’église, cette louve m’attendait. Je ne suis pas couard et décidai de vendre chèrement ma pelisse lorsque Marie a surgi derrière Ma et m’a invité à la suivre. La porte de l’église s’est refermée au nez des soldats qui avaient envahi les arcades. La suite, vous la connaissez : le passage secret dissimulé sous l’autel, la salle souterraine et le cri de rage de mes poursuivants qui retournèrent tout sens dessus dessous, sans parvenir à rien déceler de la cachette du roi des fous. Vos enfants m’ont adopté et invité à cette assemblée, car, je l’avoue, gente dame, ce suppléant m’exaspère et me gâte l’existence. Lui botter le derrière me plairait bien. Quoi qu’il en soit, je suis redevable aux vôtres. Vous avez bien des raisons d’être fière de leur témérité.
    Isabeau sentit une main d’acier lui étreindre le cœur. Elle baissa les yeux vers Ma et, d’une voix altérée par une émotion qu’elle maîtrisait mal, murmura :
    —  Je le suis, messire. Je le suis.
    Puis, se forçant à reprendre le contrôle de ses sentiments, elle se leva :
    —  Il est fort tard. L’aube est proche. J’ai grand besoin de repos. Cette maison est vôtre, restez-y, mais rendez-moi un service en retour.
    Jean Latour acquiesça. Il s’était levé à son tour et se saisit de la main qu’Isabeau lui tendait.
    —  S’ils sont téméraires, ils sont surtout jeunes et impétueux, inconscients des dangers véritables qu’ils courent à braver la loi. Je voudrais, pour des raisons personnelles, qu’ils se tiennent loin de François de Chazeron. Essayez de les en convaincre.
    Jean Latour s’inclina et déposa un baiser sur la main baguée d’Isabeau que quelques taches brunes entraînaient vers la vieillesse.
    —  Je veillerai sur eux, dame Isabelle, comme sur moi-même. Que le sommeil vous soit doux.
    Incapable de supporter davantage d’émotion, Isabeau se retira sans un mot.
    Alors qu’elle s’apprêtait à sortir pour gagner sa voiture qui l’attendait, Ma qui l’avait suivie s’avança jusqu’à elle et, d’une langue râpeuse, lécha sa main pendante. D’une voix sans timbre que des sanglots brouillaient, Isabeau lâcha dans la

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