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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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croupirait encore ! Si nous avons pu adoucir ses prédécesseurs, et les conduire à la clémence par des faveurs, nous n’y parviendrons pas avec François de Chazeron. Voici un être contre lequel il faudra ruser et sans doute nous battre.
    —  Je préférerais le convertir, dame Isabelle. De fait, c’est le plus important de notre mission, n’est-ce pas ?
    —  Certes, mais vous ignorez tout de ce seigneur, messire Calvin, et si je veux taire la noirceur de ses vices, ils n’en existent pas moins. Ma famille est originaire d’Auvergne et l’on sait à son sujet de grandes dépravations, probablement même quelque commerce avec Satan. Je vous ai fait venir pour vous recommander la prudence à tous. Ensemble, nous sommes une force à la solde de légitimes idées. Face à lui, c’est ensemble que nous devons agir. Ne prenez aucune initiative isolée. Cela vaut surtout pour vous deux.
    Isabeau pointa son doigt sur Marie et Constant, l’œil ferme et réprobateur.
    —  Pourquoi ne pas l’éliminer ? Grommela une voix tranchante en un coin de la pièce.
    Les regards convergèrent vers la silhouette de noir vêtue qui se dressait contre un pilier de pierre. D’une main il tenait un couteau au manche d’acier, de l’autre il jouait à en éprouver le fil sur un petit morceau de bois qu’il réduisait en copeaux réguliers.
    Isabeau s’amusa du silence des bourgeois, craintifs devant cette face sans barbe, effilée comme sa lame, à la longue chevelure noire retenue par un lien en une queue de cheval basse. Le regard de jais accrocha le sien et Isabeau crut y lire un amusement certain.
    —  Je ne vous connais pas, messire, mais si vous êtes des nôtres, c’est que vous y avez été convié, assura-t-elle, affable. Vous devez savoir en ce cas que nous ne sommes pas coutumiers du meurtre, agissant au nom des Saintes Écritures en lesquelles il est écrit : « Tu ne tueras point. » Nous nous défendrons si notre vie est en danger. Je ne crois pas que ce soit le cas ce jourd’hui.
    —  Croyez-vous que ce soit le rôle et la place d’une femme de présider pareille réunion ? demanda-t-il encore, moqueur.
    Isabeau ne s’en émut pas :
    —  Chacun ici le fait à son tour, s’il a quelque chose à apporter à notre mission. Nous décidons ensemble et votons à main levée chaque action. À cette condition seulement, nous pouvons être efficaces. Quant à la place que je tiens ce jourd’hui, messire dont nous ignorons le nom, sachez que je me la suis faite par ma responsabilité en cette ville et que je défie quiconque ici ou ailleurs d’y trouver à redire.
    L’homme s’avança, offrant à tous un sourire carnassier, et s’inclina devant Isabeau en une profonde révérence.
    —  On me nomme Jean Latour, dame Isabelle, et je serais ravi d’être des vôtres désormais.
    —  Jean Latour ? J’ai entendu parler de vous, en effet. Peut-on savoir qui vous recommanda cette séance ?
    —  Moi, ma tante.
    Isabeau tourna un regard surpris vers Marie qui, rougissant, s’était désignée. Elle ne fit aucun commentaire.
    —  En ce cas, messire, si cette assemblée le confirme, je ne vois aucune raison de rejeter votre présence. Nous allons donc procéder au vote comme il se doit. Pour que cet homme rejoigne nos rangs ?
    Hormis quelques-uns, parmi lesquels Jean Calvin, dont la suffisance agaçait souvent Isabeau, la plupart levèrent la main. Isabeau poursuivit :
    —  Pour la mort de François de Chazeron ainsi que le suggère Jean Latour ?
    Deux mains seulement se levèrent. Isabeau ne s’en étonna pas. Il s’agissait de deux taverniers qui avaient souvent eu affaire aux précédents prévôts.
    —  Pour que l’on garde le suppléant sous surveillance et à l’écart de tout commerce pouvant mettre en péril notre action ?
    La totalité des mains se levèrent. Isabeau s’en félicita. Elle avait su être convaincante.
    —  La séance est achevée selon ses modalités habituelles. Messire Latour, ne partez pas, voulez-vous ? J’aimerais vous entretenir. Toi de même, Marie !
    Isabeau salua de nombreux visages, puis l’assemblée se dispersa dans l’escalier qui ramenait au vestibule du logis d’Albérie.
    Dans la lueur tremblotante des bougies qui éclairaient la vaste pièce dont les tentures tirées préservaient l’intimité, Isabeau attendit que le silence revienne pour s’avancer vers le nouvel arrivant. Il avait rangé sa lame et posé une main ferme

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