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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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avaient changé l’une et l’autre. Comme étaient loin la cour de Fermouly et la grotte de Montguerlhe.
    —  Qui aurait pu dire en me voyant quitter la meute que je deviendrais plus respectée à la cour qu’aucune dame ? Sans seulement un titre de noblesse véritable. Je dois tout cela à Rudégonde, à l’abbé, à Bertille et à cette obstination à refuser de mourir, d’être vaincue. Je t’ai vue changer aussi. Grâce à Marie. Tu t’es épanouie dans ton rôle de mère, tu sers une cause juste et comme moi refuses ce que la fatalité voulait que nous soyons. Nos différences sont notre atout depuis seize années. Mais on n’efface pas le passé. Ma vengeance ne s’est pas accomplie. Je la croyais morte en moi. Je me trompais, Albérie. Revoir cet homme, respirer à distance le Malin qui est en lui, l’a réveillée malgré moi. Je ne me mettrai pas en travers de sa route, je ne prendrai pas ce risque, mais, s’il y vient, et il y viendra, je le sais, alors je veux être prête.
    —  Que sais-tu que j’ignore ?
    —  C’est à toi de me le dire, ma sœur.
    —  Je ne comprends pas.
    Isabeau poussa un soupir agacé. Elle s’attendait à cette réponse. Pourtant, elle s’était résolue à connaître la vérité.
    —  Clément Marot m’a affranchie des raisons qui poussèrent François de Chazeron en ce lieu. La Palice l’avait instruit sur cet homme, lui demandant d’avoir un œil sur lui, ce qu’il s’efforça de faire entre deux séjours en prison. Il m’a raconté une étrange histoire : celle de sa fillette dévorée par les loups en compagnie de sa gouvernante, fort peu de temps avant que toi-même tu ne viennes en ce lieu.
    Albérie se laissa glisser sur une chaise. Elle avait toujours eu le sentiment qu’elle devrait un jour faire face à la vérité. Mais pas davantage qu’autrefois elle ne trouvait les mots. Ce n’était pas tant son mensonge qui lui pesait que le bouleversement qu’il provoquerait.
    —  Marie porte la marque, se contenta-t-elle de dire comme si cela seul pouvait suffire à résumer l’inconcevable.
    —  Est-elle l’enfant de Chazeron, Albérie ?
    —  Oui. Et non.
    Isabeau serra les poings. Quelque chose en elle pressentait une évidence qu’elle ne parvenait pas à saisir. Elle se força au calme. Albérie semblait bouleversée. Isabeau s’agenouilla devant elle et lui prit les mains. Elles étaient glacées.
    —  Le danger d’autrefois nous guette, Albérie, affirma-t-elle avec douceur, mais cette fois nous pouvons le combattre. Nous sommes mieux armées que François de Chazeron, nous sommes plus fortes, nous sommes plus unies que jamais. Je dois savoir contre quoi je me bats. François est venu traquer une femme-loup et tout à la fois exterminer les hérétiques. Je crois qu’il est venu chercher Marie et je veux savoir pourquoi.
    Albérie releva la tête. Son regard métallique ne cillait plus.
    Lorsqu’elle eut achevé son récit, elle se leva en silence et sortit de la pièce comme une ombre. Elle avait tout livré, la grossesse de Loraline, Philippus, l’échange des nourrissons, le pacte et Ma. Ma qui depuis quinze ans dissimulait Loraline. Elle aurait voulu rester auprès d’Isabeau mais, d’un geste, sa sœur l’avait chassée. Elle savait que c’était transitoire, Isabeau digérerait cette vérité qui mettait du baume sur ses anciens deuils. Il lui fallait du temps, simplement. Cela ne changeait rien. Cela changeait tout.
    Derrière la porte, face au portrait de son amant défunt, Isabelle de Saint-Chamond pleurait.
    La réunion fut houleuse, mais Isabeau resta maîtresse du grondement qui avait fait suite à sa déclaration. Elle reprit la parole en bout de table. Autour d’elle, assis sur des bancs, une cinquantaine de proches, des hommes pour la plupart, nobles, médecins et marchands confondus dans une même cause, se forcèrent au silence. Sans qu’aucun n’ait pu dire pourquoi, Isabeau en imposait à tous. Peut-être par la présence de cette louve grise, à ses côtés, entre Albérie et Marie qui ne la quittaient pas des yeux.
    —  Croyez-moi, si cet homme aime l’or, il est aussi d’une immense traîtrise. Il acceptera vos offres pour s’enrichir sans vergogne mais, ce faisant, vous dévoilerez vos visages et deviendrez vulnérables. À la moindre incartade, il fera saisir vos biens et vous jettera au Châtelet. Notre ami Clément Marot en sait quelque chose, lui qui sans l’amitié du roi y

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