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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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de vos comparses ici défunts. Qu’elle soit intacte, vous m’avez compris ?
    —  C’est qu’elle a sûrement de quoi se défendre, messire, tempéra le soldat que toutes ces précautions ennuyaient.
    —  Bien plus encore que vous l’imaginez, lieutenant, mais vous me répondrez de sa vie et de sa vertu ou ceci coupera court à vos remords.
    Il pointa sur la gorge vassale une lame promptement sortie du fourreau. L’homme déglutit et acquiesça.
    Chazeron eut un sourire satisfait.
    —  Je vous donne deux jours.
    Rengainant son épée, François de Chazeron fit faire volte-face à son cheval et partit au galop vers le Louvre, obligeant la foule qui grouillait sur le chemin à s’écarter.
    Il était autant enjoué que furieux contre lui-même. Ainsi, ce qu’il avait pressenti depuis toujours était exact. Sa fille était bel et bien vivante ! Quel sot était-il de ne l’avoir pas reconnue ! Il haïssait les gueux mais se força cette fois à leur reconnaître quelque utilité. Sans leur intervention, cette enfant dont il pouvait espérer un beau mariage aurait été déshonorée, et sur son ordre encore ! Il éclata d’un rire démoniaque et jeta dans le vent :
    —  À nous deux, Albérie de la Faye !

6
     
     
    Philippus s’agaça une fois encore de devoir faire halte. Son âne tirait une langue démesurée et refusait d’aller plus avant. Et cependant, plus les lieues défilaient, plus il s’impatientait d’arriver à Paris.
    Il donna une secousse sur la longe mais l’animal ne cilla pas.
    —  Bougre de coquin, veux-tu bien marcher ? L’auberge est à deux pas. Allons !
    Il s’arc-bouta, se laissa dépasser par quelques-uns qui l’apostrophèrent en se moquant :
    —  Les baudets sont comme leur maître, l’ami ! La sottise leur sort par les oreilles et les immobilise !
    —  Riez, riez, marmonna Philippus dans sa barbe, puis à l’animal : Cesse donc de nous ridiculiser, mauvaise bête ! Je te promets une belle avoine au tournant du chemin !
    Comme ragaillardi par la promesse, l’âne consentit quelques pas mais s’écarta de Philippus lorsque celui-ci fit mine de lui grimper sur le dos.
    —  Peste soit de ces baudets, grogna Philippus qui, résolu à la docilité pour poursuivre sa route, enroula la longe autour de sa main et allongea son pas.
    L’âne poussa un braiment de satisfaction et suivit son maître, grommelant et tempêtant, jusqu’à l’auberge où de nombreux marchands l’avaient précédé.
    Avant de confier l’animal au garçonnet qui le mena à l’écurie, il lui claqua la croupe d’une tape rancunière. L’animal brailla et rua dans le vide. Philippus haussa les épaules. On aurait dit que l’âne se gaussait de lui.
    Quand il pénétra dans l’auberge, l’agitation lui éclata aux oreilles. Il s’installa à une table et opta pour la tourte qu’on lui recommandait, assortie d’une omelette et d’un pichet de vin. L’endroit était bruyant, mais cette atmosphère lui était familière et chaleureuse. Elle constituait son univers quotidien depuis toujours.
    Malgré son impatience, il se sentait joyeux. Il avait failli repasser par Vollore après les révélations de Michel de Nostre-Dame, afin de partager avec Huc l’impossible réalité qu’elles supposaient, mais il y avait renoncé. Le temps lui pressait trop de donner un sens à tout cela.
    Il mangea goulûment puis s’appuya contre le mur qui offrait un dosseret au banc de bois sur lequel il s’était laissé choir. Des rires fusaient çà et là, de la musique aussi, en paiement d’un repas. Deux hommes se querellaient à propos d’une partie de dés que le perdant refusait d’honorer.
    Quelques lieues encore. Les routes étaient de plus en plus encombrées, le verbe montait à certains croisements. On sentait à l’empressement des gens l’effervescence de la capitale si proche.
    Philippus s’en réjouit. S’il avait seulement pu brûler les étapes. Courir jusqu’à elles.
    —  Satanée bourrique, grommela-t-il entre ses dents en songeant à son âne.
    —  Eh là ! Sont-ce des façons d’aguicher une dame, rustre ?
    Philippus releva les yeux sur l’imposante matrone qui penchait une poitrine débordante au-dessus de sa table. Il sourit :
    —  Loin de moi cette idée, damoiselle.
    —  En ce cas, tu m’offres à boire car j’ai grand soif ?
    Philippus se retint d’éclater de rire. Il n’avait pas envie d’une catin et moins encore de celle-ci

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