La vengeance d'isabeau
étaient prêtes à tout.
Lorsqu’Albérie les rejoignit, Isabeau s’était apaisée et jouait avec la louve, des sillons de larmes sur ses joues.
— Il est temps de dire la vérité à la petite, annonça-t-elle à sa sœur.
Albérie hocha la tête. Elle aussi avait eu peur pour cette nièce qu’elle aimait comme sa fille. Lorsque Constant était accouru, en nage, pour expliquer que Marie avait été prise, elle avait cru défaillir. Jean Latour se trouvait là. Elle l’avait déchargé de sa surveillance pour lui confier une mission auprès des bourgeois. Comme elle l’avait regretté alors ! Sans hésiter, il avait bondi sur les traces de Constant, rassuré de savoir que Ma les guiderait vers elle le moment venu. Jusqu’à ce qu’ils reparaissent tous quatre, pourtant, Albérie s’était rongé les sangs, se refusant à prévenir Isabeau tant qu’elle ne saurait pas l’issue de ce drame. Elle savait aussi ce que cela impliquait.
Ensemble, elles attendirent que Marie s’éveille. Lorsqu’elle parut sur le seuil de sa chambre, le visage commotionné par les coups, elle ne s’étonna pas de leur présence et s’inquiéta seulement de l’absence de Constant.
— Je l’ai envoyé apaiser Bertille et les gueux. Il nous rejoindra. Nous avons à parler, Marie. L’heure est grave et il est temps pour toi de connaître les véritables raisons de notre tourment.
Marie coula un regard curieux d’Albérie à Isabeau puis se laissa glisser sur le tapis et noua ses bras autour du cou de Ma qui passa une langue râpeuse sur sa joue.
— Je sais, commença-t-elle, je n’aurais pas dû. Mais j’ai été bien punie et je vous assure que je ne recommencerai plus.
— Ce n’est pas de cela qu’il s’agit, Marie, annonça à son tour Isabeau en s’agenouillant devant elle. Mais du secret de tes origines.
— Mes origines ? demanda Marie en écarquillant les yeux.
— Te souviens-tu des initiales au dos de ta médaille ? l’interrogea Albérie.
— Oui, non, répondit Marie en haussant les épaules. Je l’ai depuis que je suis toute petite. Je n’ai jamais…
Machinalement, elle avait porté la main à son cou pour ramener la chaînette sur son corsage.
Isabeau et Albérie échangèrent un regard d’inquiétude.
— Ma chaîne… je l’ai perdue, constata Marie en contemplant ses doigts vides.
François de Chazeron laissa son cheval piétiner sur place. Il n’avait aucune envie de salir ses souliers dans l’eau bourbeuse de la rive alors qu’il était attendu au palais.
Le spectacle pourtant l’agaçait. Il reconnaissait ses hommes mortellement touchés. Deux seulement. L’un percé dans l’échine, l’autre la gorge tranchée. Le troisième n’avait pas reparu. Il le supposa tombé à l’eau et emporté par le courant. La patrouille du matin les avait trouvés, attirée par le nombre de badauds qui s’étaient agglutinés autour du triste spectacle des charognards.
François avait tenu à s’assurer lui-même de la scène. Il enrageait. Il aurait mieux fait d’éliminer cette petite peste puisqu’on l’avait secourue. Ces gueux étaient une plaie répugnante à Paris. Il se promit d’y mettre bon ordre.
Comme il s’apprêtait à rebrousser chemin, un des soldats le héla :
— Messire ! Voyez !
Il s’approcha de l’encolure du palefroi qui piaffait d’impatience autant que son maître. Chazeron tendit sa main gantée de noir vers l’objet qu’on lui tendait. Il sourcilla :
— Où avez-vous trouvé ceci ?
— Le sergent Borsia l’avait en main, messire. Comme s’il l’avait arraché avant de mourir.
François de Chazeron fit sauter dans sa main la chaînette et le médaillon. Il connaissait cet objet. Fouillant dans ses souvenirs, il le retourna. Un « À », un « M » et un « C » entrelacés assortis d’une date familière l’assurèrent qu’il ne rêvait pas. Un sentiment pervers de victoire autant que de colère l’envahit. Il fourra le bijou maculé de boue dans sa bourse puis ordonna :
— Retournez Paris en tout sens mais retrouvez-moi cette gueuse, lieutenant. Elle se prénomme Antoinette-Marie et si j’en crois ces indices doit s’acoquiner avec la cour des Miracles. Offrez une récompense, torturez quelques miséreux, mais je veux cette jouvencelle, vous entendez ?
— Bien, messire.
— Une chose encore : touchez un seul de ses cheveux, malmenez-la ou violentez-la et vous connaîtrez le sort
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