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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Voyez mes fruits comme ils sont blets de trop d’attente !
    Les protestations jalonnèrent la descente de la rue Saint-Antoine puis s’estompèrent dans l’agitation foisonnante de la capitale. Philippus n’aimait pas Paris. Sans un sol, il lui fallait un hébergement pour entreprendre ses recherches et il avait bien assez de recommandations pour être reçu. Il longea le cimetière Saint-Jean, s’engagea rue de l’Hôpital pour arrêter son âne devant l’hospice de l’église Saint-Gervais.
    Quelque temps plus tard, l’animal confié à un novice, il se faisait introduire auprès de Jean Pointet, chirurgien genevois installé à Paris, un confrère auquel il avait envoyé une lettre en quittant Montpellier.
    —  Votre courrier m’est parvenu hier à peine, mon ami, expliqua celui-ci après l’avoir fait patienter plus d’une heure. Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre, vous savez ce que sont les urgences. Bien sûr, elles sont différentes de celles des champs de bataille que vous connaissez, mais il arrive encore bien trop d’accidents à Paris. Pour l’heure, il m’a fallu procéder à l’amputation d’une jambe gangrenée. Je fais prévention, hélas, peu s’interrogent sur la gravité d’une blessure jusqu’à ce que la fièvre les fasse délirer et porter ici. L’homme est jeune, il se remettra, mais une fois encore je n’ai eu d’autre recours que de cautériser au fer rouge.
    Philippus approuva. Son ami Erasme de Rotterdam n’avait pas menti. L’homme était affable, peu prétentieux, et étonnamment bavard.
    —  Ainsi donc vous cherchez un gîte ?
    —  Si fait, messire Jean. Des affaires urgentes et personnelles m’obligent à séjourner à Paris, hélas, comme vous vous en doutez, j’ai bourse vide, mettant mon talent au service de la route et plaisant peu à mes confrères par mes concepts.
    —  Il n’y a pas de honte à s’appliquer à ses idées et à mener le verbe haut. Je fais peu de cas, croyez-le, de cette stupide valeur qu’ont les gens de bien. Il ne suffit pas d’être bien né pour relever la tête, mais plus sûrement d’être loyal, juste et généreux. La fortune est l’apanage des donneurs de courbettes. Vous et moi sommes d’une autre trempe. Vous êtes chez-vous autant qu’il vous plaira.
    Jean rit de bon cœur et Philippus l’en remercia avant de poursuivre :
    —  Érasme m’a souvent parlé de vous, il avait été impressionné par votre jeunesse curieuse. Il m’a répété d’oser vous faire visite si mes pas me guidaient vers Paris.
    —  Il a eu raison. Notre amitié épistolaire s’est nourrie de votre travail, croyez-le. Vous le connaissez depuis longtemps, n’est-ce pas ?
    —  Depuis février 1526. Nous nous sommes croisés chez un ami commun, un éditeur de Bâle : Froben.
    —  Oui, oui, de fait il m’en souvient. Mais vous devez être fatigué et affamé. Moi-même j’opère à tour de bras depuis l’aube. Je vais vous faire conduire jusqu’à votre cellule. Elle est bien modeste, mais garnie de paille fraîche. Comment trouvez-vous Paris, mon cher ? Notre bon roi François veut mettre bon ordre dans cette puanteur. Il prétend que la construction est d’un goût primaire, qu’il faut rénover, donner de l’ampleur, de l’allure. Depuis qu’il a fait de cette ville la capitale de la France, il lui rêve des élégances de jouvencelle. À croire qu’il s’est entiché d’elle comme d’une nouvelle maîtresse…
    Jean éclata d’un rire joyeux, fier de sa comparaison. Sa pétulance rappela à Philippus celle de Michel. Décidément, songea-t-il, cette jeunesse est gaie, entreprenante et fort plaisante !
     
    Il installa sommairement son ballotin dans l’étroite pièce qu’on lui assigna, puis fit un honneur d’autant plus grand aux tourtes et aux pâtés que le repas de la veille était fort loin.
    Même s’il brûlait d’impatience de se mettre en quête de sa fille, il savait que la trouver ne serait pas facile. Il ignorait sous quelle identité elle était élevée, si encore depuis dix années elle demeurait toujours à Paris. Bien que Michel ait été formel à ce sujet, il restait une foule de points si obscurs qu’ils étaient à eux seuls un repoussoir.
    Mais Philippus ne désespérait pas. Il avait pour sa part quelques éléments : Albérie dépendant de la pleine lune devait se loger en lisière de la forêt, à moins de trouver en ville un passage qui lui permette d’aller et

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